La politique a ceci d’insaisissable, d’imprévu et même d’intéressant que les vérités d’hier ne sont pas forcément celles d’aujourd’hui. Ce n’est pas l’ancien Premier ministre Idrissa Seck (novembre 2002-avril 2004) qui dira le contraire. Déclaré définitivement perdu, après la fameuse épisode «Makka-Bakka», le chef de file des Orange se signale, aujourd’hui, comme celui qui va «rafler le plus de recalés». La plupart d’entre eux vont le soutenir au détriment de Ousmane Sonko, Madické Niang et Issa Sall.
«La politique, c’est l’art du réel», aimait dire le très politique feu Djibo Leïty Ka. La profonde recomposition de la scène politique sénégalaise, à moins d’un mois de la présidentielle, vient confirmer ces propos du fondateur de l’Union pour le renouveau démocratique. En effet, au sein de l’opposition, avant le démarrage de la campagne électorale, il se passe une campagne de «recherche de soutien». Les quatre (4) candidats qui restent sont en train de faire des pieds et des mains pour rallier à leur cause les candidats recalés et ceux qui avaient déclaré leur candidature avant de se désister.
IDY, LA RANÇON DE LA PATIENCE
La nature ayant horreur du vide, il fallait quelqu’un qui suscite de l’espoir au sein de cette opposition qui se cherche avec la mise sur pied d’un collectif dit des 25 qui, lui-même, tâtonne encore. Pour le moment, cet espoir semble être trouvé chez l’ancien Premier ministre du Sénégal, Idrissa Seck. Normal diraient certains. En effet, le président de Rewmi, qui se dirige vers sa troisième participation consécutive à l’élection présidentielle, est le candidat le plus expérimenté au sein de l’opposition.
Dans ce jeu de positionnement, le chef de file de Rewmi et candidat de la coalition «Idy 2019» semble prendre un avantage considérable sur les trois autres candidats de l’opposition que sont Ousmane Sonko, le Professeur Issa Sall ou encore Madické Niang. Ainsi, depuis la publication, par le Conseil constitutionnel, de la liste officielle des candidats devant prendre part au scrutin, les tractations vont bon train au sein de l’opposition, en vue de la formation de la plus large coalition possible.
Et si au début on croyait savoir que le leadership au sein de l’opposition se discutait entre le patron de Rewmi et le leader de Pastef, les malheureux candidats à la candidature semblent pencher pour la plupart, pour Idrissa Seck.
IDRISSA SECK, UNE HUMILITÉ SURPRENANTE
Vendredi, Idrissa Seck a rencontré l’avocat et leader du Parti des travailleurs et du peuple (Ptp), Me El Hadji Diouf. Avant Me El Hadji Diouf, Idrissa Seck avait réussi à décrocher le soutien de son ancien compagnon Thierno Bocoum, président du mouvement Agir. Idrissa Seck peut également prétendre au soutien de toutes les autres formations qui ont composé la défunte coalition «Mankoo Taxawu Senegaal». S’il en ainsi, c’est qu’en sa qualité d’ancien Premier ministre, Idrissa Seck a accepté de faire profil bas, laissant ainsi la tête de ladite coalition à Khalifa Sall. Tout porte à croire aussi que Cheikh Hadjibou Soumaré, Pape Diop et beaucoup d’autres leaders pourraient apporter leur soutien à Idrissa Seck. En effet, depuis quelque temps, Idrissa Seck fait preuve d’une humilité qui a surpris plus d’un. Présenté depuis toujours comme quelqu’un d’arrogant, de suffisant, qui toise les gens et qui les écrase, Idrissa Seck adopte désormais une attitude plus calme. Il est d’accord sur tout. Il acquiesce quand on lui donne un conseil, il écoute quand on lui donne un avis ou quand on lui fait une suggestion, il s’arrête quand on l’interpelle, il se met derrière quand il est en groupe. Dernièrement, il s’est même levé pour laisser la place à quelqu’un d’autre. Est-il en train de les endormir pour mieux les ferrer ou est-ce un nouvel Idrissa Seck qui est né ? En tout cas, cette stratégie est en train de lui réussir à merveille.
IDY CHEZ KHALIFA SALL AUJOURD’HUI
Ladite coalition était composée par d’autres grands noms de la scène politique comme Malick Gakou, Cheikh Bamba Dièye, Serigne Mansour Sy Djamil, Hélène Tine, Moussa Tine… Aujourd’hui qu’Idrissa Seck est le seul candidat parmi tout ce beau monde, la logique politique voudrait que les autres lui retournent l’ascenseur en le soutenant lors de ces joutes. Et au regard de la manière dont se déroulent les choses, tout porte à croire qu’on se dirige vers une telle formule. D’ailleurs, dans cette entreprise, nous tenons de sources sûres qu’Idrissa Seck va rendre visite à Khalifa Sall aujourd’hui à la prison de Rebeuss.
À moins d’un mois de la présidentielle du 24 février, que vont-ils pouvoir se dire d’autre, si ce n’est la manière avec laquelle ils vont prendre part à l’élection ? Mais Idrissa Seck n’est pas le seul candidat qui cherche à unir des forces de l’opposition autour de lui. Ousmane Sonko aussi.
CE QUI A PERDU OUSMANE SONKO
Si au tout début de l’aventure, le plus jeune candidat à l’élection présidentielle du 24 février avait la faveur des pronostics, il semble avoir été perdu par son discours va-t’en guerre et ses critiques on ne peut plus sévères envers les «hommes politiques». Il y a quelques années, il ne voulait même pas parler avec certains d’entre eux. En juillet 2016, lors d’une interview accordée à «azactu», Ousmane Sonko révélait que Karim Wade a essayé de le joindre au téléphone, mais qu’il n’avait même pas jugé de prendre son appel. Aujourd’hui qu’il a probablement besoin du soutien de ce dernier, il sera difficile de l’avoir. Ce snobisme politique, il l’a eu avec beaucoup d’autres leaders, même pour constituer des listes lors des Législatives. En effet, Ousmane Sonko a passé son temps à s’attaquer au «système» et aux «hommes politiques», aujourd’hui qu’il a besoin de leur soutien, il ne voit personne. Ou presque.Beaucoup lui ont tourné le dos. Ousmane Sonko, c’est aussi un discours qui frise l’arrogance et le nombrilisme. Ce que beaucoup de leaders ne lui pardonnent pas en privé.
Et last but not least, les dernières accusations qui l’éclaboussent ne sont pas pour arranger les choses. Au lieu d’y répondre, il insulte, il invective, il menace ou il fait dans des généralités.
Madické Niang et Issa Sall «hors course»
Outre Ousmane Sonko, il reste sur la liste le Professeur Issa Sall etMe Madické Niang. Malheureusement pour des raisons personnelles, la plupart des leaders avec qui nous nous sommes entretenus ont «recalé» ces candidats.
Sidy Djimby NDAO et Cheikh Oumar NDAW