Lors d’une conférence dédiée à la médecine traditionnelle chinoise, le Directeur exécutif de l’Institut Confucius, Pr Lamine Ndiaye, a plaidé pour une coopération scientifique plus ambitieuse entre Dakar et Pékin, allant au-delà de l’apprentissage linguistique, afin d’intégrer des formations médicales au sein des universités sénégalaises.
L’Institut Confucius de Dakar ambitionne de franchir un cap dans la relation sino-sénégalaise. À l’occasion d’une conférence animée par l’équipe médicale chinoise présente au Sénégal consacrée à l’acupuncture, aux ventouses, à la moxibustion, au massage thérapeutique et au Baduanjin, son Directeur exécutif, le Pr Lamine Ndiaye, a défendu une coopération élargie, tournée vers les sciences et l’innovation médicale. « La coopération a toujours été limitée à l’apprentissage de la langue et de la culture chinoise. C’est bien de connaître l’autre, mais apprendre de lui tout ce qu’il a de technologie me paraît être le mieux pour le Sénégal », explique-t-il. Pour lui, l’enjeu est clair : offrir aux étudiants sénégalais des opportunités de formation utiles au développement national.
L’Institut travaille ainsi, en collaboration avec son nouveau directeur, à proposer un programme de formation en médecine chinoise. Une initiative qui pourrait être menée avec la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop et, à terme, être ouverte aux autres universités publiques. « Nous verrons dans quelle mesure élargir cette formation-là à l’Université Cheikh Anta Diop et aux autres universités sénégalaises », précise le Pr Ndiaye.
Loin des clichés, il invite à repenser les catégories médicales. « Quand on parle de médecine traditionnelle chinoise, je suis un peu gêné. Je ne suis pas sûr qu’il existe une médecine plus moderne qu’elle », affirme-t-il, rappelant son ancienneté, son efficacité reconnue en Chine et son intégration progressive dans les systèmes de santé occidentaux.
Selon lui, la médecine chinoise a su évoluer en tirant parti des avancées technologiques. Une leçon à méditer pour l’Afrique. « Nous devons valoriser nos médecines traditionnelles en nous inspirant de l’expérience chinoise, moderniser les dosages, les conceptions, la production. » Il souligne d’ailleurs que dans les grandes pharmacies occidentales, les rayons de phytothérapie et de produits bio « sont devenus la médecine des bourgeois, ce qui prouve qu’elle est efficace ».
Pour le Pr Ndiaye, le Sénégal dispose d’un terrain fertile pour une telle collaboration, proximité culturelle, intérêt croissant pour les thérapies naturelles, et excellence universitaire. « Je ne suis pas sûr que la Faculté de médecine de Dakar, l’une des plus grandes d’Afrique, refusera cette coopération ». Si l’enseignement formel n’a pas encore démarré, l’Institut Confucius mise sur la vulgarisation, les formations introductives et l’information du public. Car il compte installer progressivement la confiance et l’adhésion. « La meilleure façon de faire comprendre cette médecine, c’est de la faire découvrir », soutient-il.
Entre diplomatie culturelle, innovation scientifique et enjeux de santé publique, l’Institut Confucius ouvre un nouveau chantier celui d’un dialogue médical sino-sénégalais structuré, durable et utile au plus grand nombre.
Baye Modou SARR













