La loi d’amnistie a peut-être fait des heureux, mais il y en a sûrement qui vont en pâtir, parce qu’ils ne sauront jamais ce qui s’est passé et la justice ne sera jamais rendue au nom de leurs enfants. C’est le cas de la famille de Sidy Diatta et d’autres familles à Ziguinchor dont leurs enfants ont été tués lors des dernières manifestations de juin dernier. Il s’agit de 5 jeunes tués par balles. Après une information judiciaire ouverte par le Procureur de Ziguinchor, depuis août dernier, le dossier est au point mort. L’instruction sera surement plombée par la loi d’amnistie.
Les dédommagements promis par l’Etat feront-ils oublier les douleurs des familles des victimes des manifestations ? La réponse est sûrement négative. A Ziguinchor, cinq jeunes ont perdu la vie lors des derniers évènements de juin dernier. Mais, avec la loi d’amnistie votée tout récemment, le dossier sera sûrement rangé dans les tiroirs. Justice ne sera peut-être jamais rendue par ces jeunes et pendant ce temps, les personnes responsables vont continuer à vaquer tranquillement à leurs occupations. Sidy Diatta, Omar Sarr, Ousmane Badio, Ismaïla Diédhiou et Thierno Dahaba ont tous été tués lors des manifestations de juin 2024. Une enquête a été menée et le Procureur avait ordonné une expertise médicale pour déterminer la cause du décès de chaque victime.
Les conclusions de l’homme de l’art ont été claires, tous ont été tués par balles. L’opportunité avait été ainsi offerte au chef du Parquet de Ziguinchor d’ouvrir une information judiciaire. Le dossier a été confié ainsi au juge d’instruction suite aux réquisitions du Procureur qui vise le meurtre. Mais, depuis le mois d’août dernier, rien n’a bougé. Le dossier est au point mort. Sidy Diatta et les autres victimes sont-ils morts pour rien ? Il est clair que l’Etat n’est pas prêt à trouver les coupables pour leurs appliquer la rigueur de la loi. Surtout qu’une loi d’amnistie vient d’être votée à l’Assemblée nationale, qui inclut les faits de 2021 à 2024, au nom du «pardon et de la réconciliation».
A coup sûr, le juge va ranger le dossier dans ses tiroirs pour passer à autre chose. De quoi raviver le courroux des défenseurs des droits humains qui ont toujours manifesté leur désaccord à cette loi d’amnistie. Ils considèrent que l’Etat est juste fidèle à sa culture d’impunité. Les familles des victimes vont se contenter des dédommagements promis par l’Etat qui n’est plus dans cette dynamique de sanctionner ou de rendre justice. Déjà avec les victimes de 2021, les dossiers ne sont toujours pas élucidés. Après, les informations judiciaires ouvertes un peu partout dans les juridictions du pays, il n’y a eu plus rien, pour la plupart de ces dossiers. Avec cette loi d’amnistie qui entre en vigueur, les espoirs des parents de ces victimes de voir les responsables traduits en justice pour répondre de leurs actes, sont anéantis.
Alassane DRAME