Présidant hier au Centre international de conférence Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, un Conseil interministériel consacré à la préparation de la fête de la Tabaski, le Premier ministre a instruit les différents ministères et services impliqués dans les préparatifs de la grande fête d'œuvrer pour assurer un approvisionnement correct du marché en moutons afin de répondre aux besoins des citoyens. Estimant le besoin en moutons à 810.000 têtes, dont 260.000 pour la région de Dakar, le chef du gouvernement, en plus de s'assurer de leur disponibilité et des conditions optimales d'une bonne fête, a prôné la rupture dans le secteur agrosylvopastoral. Ousmane Sonko a également demandé au gouvernement de travailler sur des mesures structurelles et non-conjoncturelles, face à la cherté de la viande et des produits agricoles.
Comme tous les ans à l'approche de la fête de la Tabaski, un conseil interministériel sur la question se tient pour faire le point de la situation, recueillir les avis des uns et des autres, et enfin préconiser des mesures. Seulement, pour cette année, le Premier ministre, qui remarque que ces mesures sont souvent conjoncturelles pour simplement parer à des urgences, veut aller plus loin. «Le constat est là, on a un besoin de 810.000 têtes, et beaucoup d'acteurs ici ont magnifié les efforts, les progressions qu'on a réalisées ces dernières années et que nous saluons. Et nous nous en félicitons, qui ont permis peut-être de réduire la dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Mais ça c'est uniquement pour la Tabaski. Le constat, c'est qu’en réalité, nous continuons à être extrêmement déficitaires, ce qui se ressent au niveau des marchés», a déclaré Ousmane Sonko. Qui donne des preuves : «le prix du kilogramme de viande de mouton est passé de 2782 francs en 2014 à 4338 francs en 2023. Et le prix du kilogramme de viande de bœuf est passé de 2319 francs en 2014 à 3780 francs en 2023. C'est un constat qui interpelle tous les acteurs, puisque ce qui justifie ces hausses c'est la rareté du bien, c'est l'insuffisance de l'offre par rapport à la demande», a expliqué le Premier ministre.
Sonko trouve cela injuste et anormal. «C'est d'autant plus inacceptable que le potentiel agro-pastoral de ce pays est immense. Ce que nous vivons est la résultante d'un manque de vision politique sur ces questions. Et c'est là où je veux insister pour dire que les choses vont changer. Nous pouvons vous promettre que dans les semaines et mois à venir, une action spécifique sera consacrée à ce volet de notre programme pour que les choses changent réellement et profondément», a noté le Premier ministre. Il a demandé aux ministres de travailler pour que les 810.000 moutons nécessaires à la Tabaski soient disponibles, que la sécurité soit au rendez-vous dans les points de vente et que les demandes de financement soient diligentées.
Les 14 mesures pour une bonne Tabaski
Le ministre secrétaire général du gouvernement, Ahmadou Al Aminou Lo, qui a lu la restitution finale, a annoncé 14 décisions émises par le Premier ministre à l'issue du conseil interministériel.
Au titre de la sécurité et de la facilitation, le chef du gouvernement engage le ministre des Forces armées et le ministre de l’Intérieur à «veiller à l’assouplissement du contrôle des camions et véhicules transportant des moutons à destination du Sénégal, sans préjudice des règles de sécurité routière ; donner les instructions aux Gouverneurs pour la mise en œuvre des plans d’actions régionaux définis lors des réunions des Comités régionaux de développement (Crd), en mettant un accent particulier sur l’identification, l’aménagement et la sécurisation des points de vente avec les commodités requises ; en relation avec le ministre de la Justice, à la stricte application des peines prévue pour le vol de bétail».
Il a aussi recommandé au ministre de l'Elevage d’échanger avec les autorités mauritaniennes et maliennes, pour faciliter l’importation de moutons ainsi qu’avec les autorités gambiennes pour le transit du bétail vers les régions sud du pays. Il a aussi insisté sur les mesures d’exonération des droits et taxes sur les moutons de Tabaski à l’entrée du Sénégal, le long des axes routiers, au niveau des zones d’attente et des points de vente.
Concernant la surenchère qui se fait observer souvent dans le domaine du transport à l’approche de la fête, il a été demandé aux ministres concernés à veiller au respect de la tarification consensuelle pour le convoyage des animaux, issue des concertations entre les transporteurs et les opérateurs de moutons de Tabaski, afin d’éviter ce phénomène.
Au titre de l'aménagement et du fonctionnement des points de vente, le chef du gouvernement a instruit les ministres concernés, avec les maires, à prendre les dispositions nécessaires pour l’aménagement de points de vente autorisés ; la fourniture d’électricité au niveau des points de vente ; la mise à disposition de camions citernes en nombre suffisant ; la mise à disposition de tentes ; l’aménagement de toilettes en nombre suffisant avec l’entretien requis ; le désencombrement des sites et leur nettoyage avant, pendant et après la fête de Tabaski ; le ramassage général des ordures ménagères liées à la célébration de la Tabaski.
Toujours au chapitre des recommandations, il a été demandé au ministre de la Santé de mettre en place « des points sanitaires rapprochés et bien équipés au niveau du foirail et des points de vente de Dakar ; des équipes de préventionnistes et de communicants sur la sécurité sanitaire et environnementale ». Aussi, poursuit-il, les ministres de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, de l’Intérieur et de la Sécurité publique, à faire prendre les dispositions idoines par la Sonaged et la Direction du cadre de vie, en vue de procéder dans les plus brefs délais au désencombrement du parking du stade Léopold Sédar Senghor et au nettoyage du tunnel donnant accès au Foirail des petits ruminants de Sotiba à Dakar.
Au titre du financement, le ministre des Finances et du Budget est chargé de prendre les mesures idoines en vue d’assurer la mise à disposition des ressources destinées à l’achat de l’aliment de bétail subventionné, inscrites au budget du ministère de l’Elevage. Au moment où il a été demandé au ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage à mener les concertations nécessaires avec les parties intéressées, en vue du relèvement substantiel de l’offre de moutons pour la Tabaski 2025.
Aussi, il est recommandé au ministre de l’Elevage «de finaliser dans les plus brefs délais les textes d’application de la loi numéro 2023-19 du 18 décembre 2023 portant Code pastoral ; dans ce cadre, accorder une attention particulière à la répression du vol de bétail. Et ce même ministre, en relation avec le ministre de l’Economie, à réactualiser le recensement du cheptel pastoral».
Sidy Djimby NDAO