Le fair-play est souvent de rigueur lorsque les deux parties font preuve de dépassement. C’est ce qui est arrivé quand Issa Sall et Idrissa Seck. Les deux candidats se sont serré la main quand leurs cortèges se sont rencontrés à Kaffrine. L’inverse s’est produit, samedi, entre les cortèges du président du Pur et celui de la coalition Benno Bokk Yakaar. Ce qui a fait sortir Issa Sall de ses gonds.
En quittant Oussouye pour Kolda, le cortège de Issa Sall est tombé net sur un barrage imposé par les forces de sécurité. Une situation que le leader du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) n'a pas pardonnée aux forces de l'ordre en les traitant d'antirépublicains. «Ce qui est arrivé est déplorable et condamnable. Quand mon cortège a rencontré celui du candidat sortant, les forces publiques m’ont bloqué. Ils devaient quand même être républicains. Et pourtant, ils ont été extrêmement républicains en nous escortant de Oussouye à Vélingara. Mais, c’est au niveau de Kolda que certaines forces de l’ordre, à savoir les Gmi, ont préféré arrêter notre caravane pour laisser passer celle du Président Macky Sall. Ça n’aurait pas été notre sécurité, nous aurions eu des difficultés», s'est indigné Issa Sall.
Macky décrispe la situation et salue de la main Issa Sall
En fait, Issa Sall ne s’est pas laissé faire. Il a tenu à poursuivre sa route, en forçant le barrage. Et c’est parti pour un bras de fer entre gardes du corps et éléments de la gendarmerie. La situation est revenue à la normale tout juste à l’arrivée de Macky Sall. Du haut de son véhicule, il aperçoit le professeur Issa Sall et lève la main gauche pour le saluer. Aussitôt après, les journalistes se dirigent vers lui pour lui soutirer quelques mots, en vain. Ce qui marque la fin de la vive tension entre le sortant et un de ses challengers.
Issa Sall : «Si ce n'était pas notre sécurité, nous aurions eu des difficultés»
Une situation qui pourrait se reproduire, mais Issa Sall ne craint rien, grâce à la force de sa sécurité. «Nous n'avons pas un problème de sécurité. La nôtre est impeccable. Je pense que nous avons la meilleure sécurité. Nous n'avons pas de problème de sécurité à notre niveau. Si ce n'était pas notre sécurité, nous aurions eu des difficultés. Donc, on n'a pas besoin de renforcer notre sécurité. Elle est tout à fait impeccable. Ce sont des professionnels, Je n'ai pas peur parce que je sais que j'ai la meilleure équipe de sécurité. Les gens n'osent pas nous attaquer. Personne ne nous a attaqué jusqu'à présent», informe-t-il.
«Macky a peur»
Avant de forcer le barrage au niveau du rond-point entre Gatapara et Sikilo, Issa Sall avait taxé Macky de peureux. Sur un air de chanson appuyé en chœur par ses militants, Issa Sall criait : «Il a peur. Il a peur. Macky a peur». Si, au début de la campagne, Issa Sall avait prédit un second tour pour Macky Sall; samedi, à Kolda, sous le coup de la colère, il a lâché que Macky Sall sera battu dès le premier tour. Ce qu'il a confirmé lors du point de presse qu'il a tenu, dimanche, avant le départ de sa caravane pour Tamba et Kédougou. «Il y a de fortes chances que si la campagne continue comme cela, il a mille chance de faire partie des candidats qui ne seront pas au second tour», argumente-t-il.
«Je n'étais pas allé rendre visite à Khalifa Sall, c'est lui qui m'attendait à Rebeuss»
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Issa Sall ne s’est pas offusqué du soutien que Khalifa Sall a décidé d’apporter à Idrissa Seck. «C'est une bonne chose pour Idrissa Seck. Mais nous n'avons pas de problème de coalition. Notre coalition, c'est le peuple», justifie-t-il, avant d’ajouter : «le sentiment que nous avons vis-à-vis de Khalifa Sall est intact. Qu'il aille soutenir Idrissa Seck ou quelqu'un d'autre, nous avons déjà notre soutien. Et dès le départ, nous avons dit que notre soutien, c'est le peuple sénégalais. D'ailleurs, je ne suis alé chez personne quémander un soutien», explique Issa Sall. Il n'a pas manqué de préciser que sa visite à Rebeusse lundi dernier n'était pas pour convaincre Khalifa à le soutenir, mais que c'était sur demande de l'ancien maire de Dakar. «Je n'étais pas allé rendre visite à Khalifa Sall, c'est lui qui m'attendait à Rebeuss», révèle-t-il.
Marième NDIAYE (envoyée spéciale dans la caravane)