Originaire du Sénégal et figure populaire des rodéos urbains en Seine-Saint-Denis, Abdoulaye N., alias Doudou Cross Bitume, est aujourd’hui au cœur d’une affaire retentissante : le cambriolage du musée du Louvre. Son profil surprend autant qu’il interroge, entre ascension sur les réseaux et dérive judiciaire.
Il s’était fait un nom dans les rues d’Aubervilliers et sur Tik-tok sous le pseudonyme Doudou Cross Bitume. Âgé de 39 ans, Abdoulaye N., de nationalité sénégalaise, est soupçonné d’avoir participé à l’un des cambriolages les plus spectaculaires de ces dernières années : le vol de plusieurs joyaux de la Couronne française au musée du Louvre.
Derrière cette affaire, un parcours contrasté. Arrivé très jeune en France, Abdoulaye s’était intégré dans le paysage urbain de Seine-Saint-Denis, multipliant les vidéos de rodéos à moto, de musculation de rue et de culture hip-hop. Sur ses réseaux, il se présentait comme un passionné de sport et de performance, souvent filmé dans les quartiers populaires, drapeau sénégalais en arrière-plan.
Mais le 25 octobre dernier, tout bascule. Interpellé par la police judiciaire de Paris, son ADN aurait été retrouvé sur l’une des vitrines fracturées du musée du Louvre, cambriolé quelques jours plus tôt. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir fait partie du groupe qui a dérobé pour près de 88 millions d’euros de bijoux et d’objets précieux.
Selon la procureure de Paris, Laure Beccuau, le profil d’Abdoulaye N. ne correspond pas à celui d’un criminel chevronné : «ces individus ne font pas partie du haut du spectre du grand banditisme», a-t-elle précisé.
Pour la communauté sénégalaise de France, la nouvelle a provoqué incrédulité et malaise. “C’est un garçon qu’on voyait souvent dans les rassemblements sportifs et culturels, toujours souriant. On a du mal à croire qu’il ait pu se retrouver mêlé à ça”, confie un proche du quartier d’Aubervilliers.
Le casier judiciaire d’Abdoulaye comportait déjà plusieurs mentions, notamment pour rodéos urbains, conduite sans permis et dégradations. Il devait comparaître à Bobigny pour une autre affaire mineure avant son arrestation.
Sur les réseaux sociaux, où il comptait plusieurs dizaines de milliers d’abonnés, les réactions oscillent entre moquerie et tristesse. “Doudou, t’as fait quoi des diamants ?” plaisantent certains internautes, tandis que d’autres appellent à “ne pas juger avant la justice”.
L’enquête se poursuit, et les bijoux volés demeurent introuvables.
Le destin d’Abdoulaye N. symbolise la frontière ténue entre notoriété, dérive et désillusion celui d’un Sénégalais de banlieue qui, parti chercher la reconnaissance sur les réseaux, se retrouve aujourd’hui dans la tourmente d’un scandale d’État.
Khadidjatou D.GAYE













