Alors que des voix ne cessent de s’élever pour demander un allègement des conditions d’obtention du visa pour l’espace Schengen, afin d’amoindrir les milliers de départs de migrants dans la clandestinité, un pays européen est en passe de faire tout le contraire. L'Espagne a, en effet, décidé de renforcer les exigences de visa pour les Sénégalais. Selon nos informations, les nombreux départs de jeunes Sénégalais vers le Nicaragua et qui transitent pour la plupart par Madrid seraient à l’origine de cette décision diplomatique des autorités espagnoles.
Nouveau mirage pour les migrants sénégalais en rêve des Etats-Unis d’Amérique, le Nicaragua s’est fait une place dans le vocabulaire populaire au Sénégal. Ce petit pays d’Amérique centrale inconnu, jusqu’à peu de bon nombre de Sénégalais, est devenu célèbre depuis qu’il est considéré comme un tremplin vers les Etats-Unis via le Mexique. Mais pour rallier Managua, les migrants sénégalais transitent quasiment tous par Madrid. Pour se faire de l’argent, l'Espagne a décidé d’instaurer un visa de transit aéroportuaire pour les Sénégalais. «L'Espagne a déclaré mercredi qu'à partir du mois prochain, les ressortissants sénégalais qui souhaitent voyager via un aéroport espagnol devront avoir un visa de transit, alors que l'aéroport de Madrid est aux prises avec une augmentation du nombre de demandeurs d'asile», apprend-on de l'ambassade d'Espagne au Sénégal dans un message publié sur X, anciennement Twitter. La représentation diplomatique à Dakar d’ajouter que «cette mesure entrera en vigueur le 19 février».
Cette mesure intervient après que l'Espagne a commencé samedi à exiger des visas de transit pour les ressortissants kenyans passant par les aéroports espagnols. Selon les autorités espagnoles, l'aéroport de Madrid, le plus fréquenté d'Espagne, connaît depuis août 2023 une «augmentation exponentielle» du nombre de demandeurs d'asile. Cela a laissé les zones d'attente, pour ceux qui recherchent une protection, débordées, selon la Commission espagnole d'aide aux réfugiés. «La surpopulation et les conditions insalubres ont atteint des niveaux critiques, provoquant des épidémies de punaises de lit, une accumulation d'ordures et une pénurie de serviettes pour l'hygiène personnelle», a-t-elle déclaré dans un communiqué. Le groupe s'est également plaint des retards dans le traitement des demandes d'asile. Sur les 390 personnes bloquées dans des conditions «indignes» à l’aéroport, environ 182 d’entre elles n’ont pas pu formaliser leurs réclamations, principalement originaires du Sénégal, du Maroc, de la Somalie, du Venezuela et de la Colombie.
Les syndicats de police se plaignent depuis des semaines du fait que de nombreux détenteurs de passeports sénégalais censés se rendre au Brésil ont demandé l'asile lors d'une escale à Madrid.
Sidy Djimby NDAO