Les différents orateurs à la cérémonie d’ouverture des Assises de la gauche plurielle ont été unanimes sur la nécessité de réunir la gauche, dont l’émiettement, font-ils remarquer, a ouvert la porte aux salafistes et autres terroristes. Cependant, certains leaders sont persuadés que la gauche faiseur de roi doit cette fois-ci prendre ses responsabilités en vue d’essayer ses recettes une fois au pouvoir.
Pas moins de 36 organisations politiques ont pris part aux Assises de la gauche plurielle dont la cérémonie d’ouverture a enregistré la présence du président de l’Afp, Moustapha Niasse, mais aussi du secrétaire général du Parti socialiste, Aminata Mbengue Ndiaye. Une occasion pour l’ancien président de l’Assemblée nationale de revisiter l’histoire de la gauche qui remonte, dit-il, à 1236 avec la Charte du Mandé, avec des valeurs et des acquis qu’il faut récupérer. «La gauche, c’est le progrès, c’est le changement positif. La gauche plurielle, c’est l’ouverture, la tolérance, l’acceptation de l’autre, la volonté de partager avec l’autre des convictions, des programmes objectifs et des choix», enseigne d’emblée Moustapha Niasse. «Nous parlons de la gauche plurielle, notamment celle qui est présente dans Bby, mais sans exclure les autres qui n’y sont pas et avec qui nous devons entamer des discussions pour dégager des perspectives dans le moyen et le long terme. Si nous voulons consolider l’unité de la gauche, nous devons toujours mettre en avant la contradiction principale dans la vie de notre société et taire les contradictions secondaires du moment», ajoute la patronne du Ps, avant de tirer sur l’opposition radicale incarnée par le président de Pastef qu’elle se garde de citer.
Aminata Mbengue Ndiaye : «la contradiction oppose les républicains, les démocrates et les forces qui veulent détruire le pays»
«Notre pays traverse des moments difficiles sur le plan politique, avec l’avènement d’une opposition radicale, adepte de la violence extrême, alors qu’à notre avis, un projet politique requiert une vision pour le développement économique et social d’une nation. Aujourd’hui, la contradiction principale oppose les républicains, les démocrates, les patriotes d’une part et les nouvelles forces qui veulent détruire notre Etat, notre Nation, notre commun vouloir de vivre ensemble», explique Aminata Mbengue Ndiaye, qui estime que la gauche doit prendre ses responsabilités historiques. C’est dans l’unité, dit-elle, que nous sommes plus forts face à nos adversaires et aux ennemis de la République et de l’Etat de droit. «Nous, de la gauche plurielle, avons dirigé ce pays pendant 40 ans, nous avons jeté les bases de la République, de la nation et de la démocratie ; mais nous avons aussi été les seuls opposants pendant 50 ans», embraye Nicolas Ndiaye de la Ld qui se désole de constater l’émiettement de la gauche qui, dit-il, n’a que trop duré. «Nous sommes déterminés à unir toutes les gauches de notre pays, à opérer les transformations sociales pour un pays de progrès, de justice et d’égalité. Dans cet objectif de transformation sociale, le pouvoir ne sera pas une fin en soi, mais un moyen», renchérit le député de Benno.
Cheikh Tidiane Gadio : «Nous avons été trop généreux, nous avons renforcé les autres, il est temps que la gauche prenne ses responsabilités historiques»
Même son de cloche chez le patron de Res Les Verts, Mamadou Berthé. «L’espace que nous avons laissé vide a été occupé par d’autres, qui ont utilisé nos valeurs, nos principes et notre discours pour rendre toxique toute l’atmosphère. Ce qui s’est passé ne nous a pas surpris. Nous savions que la jeunesse attendait un discours que personne ne produisait et le premier qui l’a produit, la jeunesse l’a suivi. Malheureusement, dans le mauvais sens, souligne l’écologiste qui appelle à rectifier le tir et renverser cette tendance. Selon Cheikh Tidiane Gadio, la force de frappe de la gauche est inversement proportionnelle à son affaissement. «Nous avons été trop généreux, nous avons renforcé les autres, il est temps que la gauche sénégalaise prenne ses responsabilités historiques et sache que maintenant, c’est aux autres de nous prouver qu’ils sont capables d’être généreux et d’essayer nos recettes. Alliance, générosité et ouverture, ce sont d’excellents concepts, mais l’Afrique a besoin de nous, le Sénégal a besoin de nous. J’ai l’impression que l’effacement de la gauche a ouvert la porte aux salafistes, aux terroristes», explique l’ancien ministre des Affaires étrangères et président du Mpcl. Diégane Sène s’est inscrit dans cette logique pour affirmer que la gauche, c’est ce qu’il y a de mieux au Sénégal. «Si la gauche retrouve son unité, elle sera une force irrésistible», ajoute le patron du Rnd.
Momar Samb : «créer une vaste organisation capable à terme de conquérir le pouvoir et attentive aux échéances de 2024»
Revenant sur les termes de référence du projet de la gauche, déclinés de manière consensuelle et partagée, Momar Samb révèle qu’il s’agit de «créer une vaste organisation de la gauche plurielle, massive, structurée et durable, capable à terme de conquérir le pouvoir et attentive aux échéances de 2024. Mais nous avons dit que le projet ne s’arrête pas en 2024 et va au-delà pour transformer l’idéal de société que nous avons en nous pour qu’elle devienne une réalité au service exclusif des masses populaires de ce pays», précise le patron du Rta-s, persuadé que l’absence d’une voix forte de la gauche a cédé la place à des forces obscures qui, aujourd’hui, sont de manière certaine, caractérisées comme des forces terroristes.
Le coordonnateur du comité d’initiative des Assises de la gauche plurielle, Pape Demba Sy, d’ajouter : «le Sénégal enregistre l’émergence de nouvelles forces prônant une opposition radicale avec des méthodes peu conventionnelles et usant de violence en exacerbant le rapport de force en vue d’imposer leurs vues et leur agenda. Ce qui constitue une menace grave non seulement sur la démocratie et sur la République qui sont des acquis de la lutte du peuple, mais aussi sur la paix civile, la stabilité du pays et le pacte social sénégalais». L’unité de la gauche est devenue, dit-il, une urgence, un impératif catégorique.
M. CISS
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MOUSTAPHA NIASSE, PRESIDENT DE L’AFP
« Nous sommes dans Benno, nous y restons et nous n’envisageons pas de quitter cette coalition »
S’il y a des leaders politiques au sein de la gauche plurielle qui s’activent pour une candidature de cette force politique, qu’ils ne comptent pas sur les deux grosses pointures que sont l’Afp et le Ps. En effet, au terme de la cérémonie d’ouverture, avant même l’installation des ateliers, Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye ont tenu à assumer leur position au sein de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar. « Nous sommes dans Benno, nous y restons et nous n’envisageons pas de quitter cette coalition. Nous sommes à la recherche d’un candidat de Benno pour qui nous allons voter », tranche le président de l’Afp. Le secrétaire général du Ps a abondé dans le même sens pour rappeler l’ancrage de son parti au sein de la coalition présidentielle. Une manière de se démarquer d’une éventuelle candidature de la gauche plurielle.
M.C
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