Le Conseil national du patronat du Sénégal (Cnp) a tenu hier à Dakar la cérémonie d’ouverture de ses «Assises de l’entreprise» prévues pour les 16 et 17 avril 2019. Une fois n’est pas coutume, cette année, les patrons sénégalais ont été on ne peut plus polis avec l’État. Un état de grâce à l’endroit du Président qui vient d’être réélu et un alignement sur la mode Fast-Track au Sénégal théorisé par le chef de l’État.
Contrairement à ce qu’il a l’habitude de faire, le Conseil national du patronat du Sénégal (Cnp) a été on ne peut plus tendre avec le régime, hier, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de ses «Assises de l’entreprise» prévues les 16 et 17 avril 2019 à Dakar. Une position pas habituelle qui s’explique par sa satisfaction de sa collaboration avec le gouvernement. C’est en tout cas ce que laisse entendre son président Baïdy Agne qui, lors de son speech, dira que cette année, leur organisation a choisi l’écoute à la place de la parole.
«Cette année, le parti de l’entreprise parlera peu, très peu. Il sera surtout à votre écoute. Il veut investir davantage dans ce nouveau quinquennat. La deuxième phase du Plan Sénégal émergent, nous y sommes. Cesser d’avancer, ce serait en effet oublier nos réalisations et ne pas mesurer le chemin qui nous reste à parcourir», a dit le patron des patrons sénégalais.
Le Cnp retient ainsi que sa marche se poursuit. «La bonne parole à même de renforcer notre confiance, l’entreprise l’a entendue lors de la réunion du Groupe consultatif de Paris. Et ce quinquennat en chantier suscite l’espoir de voir aussi l’engagement politique que sa culture de résultats s’appliquera à notre partenariat public-privé», a-t-il ajouté. Avant de saluer le Premier ministre. «Le ‘’parler vrai’’ et votre énergie communicative son connus de tous. Votre volonté de faire bouger par l’action les lignes directrices de notre partenariat public-privé, nous la percevons aussi». Et d’ajouter : «c’est donc avec une oreille attentive que l’entreprise prendra connaissance de l’engagement et de la contractualisation que notre État stratège réserve à sa grande famille d’entrepreneurs».
Il dira ensuite qu’être constructif de part et d’autre est une belle éthique à partager pour faire de ce quinquennat présidentiel une réussite pour le Sénégal. «Dakar Industrie 2019, l’avenir du ‘’Made in Senegal’’ est une première. Le savoir-faire industriel sénégalais y est exposé. Notre Syndicat professionnel des industries du Sénégal et son président Ameth Amar plaident pour un Pse 2 valorisant davantage de capacités industrielles», a-t-il fait savoir, disant qu’il faut rappeler que l’industrie sénégalaise est le secteur d’activité qui crée le plus de valeur ajoutée. «Ce secteur est le plus pourvoyeur d’emplois durables et c’est un contributeur fiscal substantiel au budget de l’État», ajoute-t-il.
Au Premier ministre, venu représenter le président de la République, le président du Cnp dit savoir toute l’importance qu’il accorde au secteur industriel. «L’entreprise n’a pas oublié celui qui a restructuré, réhabilité notre tissu industriel, après les sinistres engendrés par la nouvelle politique industrielle des années 80. L’entreprise a également noté avec grande satisfaction cette plateforme industrielle intégrée de Diamniadio réalisée dans la première phase du Pse», salue-t-il.
À l’aune de la célébration du centenaire de l’Organisation internationale du travail, où partout dans le monde, on s’interroge sur l’avenir du travail, les patrons sénégalais se disent conscients que leur responsabilité d’employeur est de rappeler que mobilité, compétence, professionnalisme, innovation et productivité au travail, ils les veulent pour les ressources humaines du Pse.
« C’est pourquoi le patronat s’est engagé aux côtés des centrales syndicales de travailleurs pour un nouveau contrat social. De nouveaux avantages sociaux, l’entreprise ne les refuse pas. Mais dans la Convention collective nationale interprofessionnelle rénovée, plus flexible, répondant aux exigences de productivité du travail et à un impact financier bien circonscrit. L’entreprise souligne qu’elle écoute aussi les Drh», plaide Baïdy Agne, qui dira plus loin que le déficit de productivité qu’on oppose au travailler plus ne touche pas au code du travail.
«Alors que faire, sinon s’engager à travailler mieux, qui exige l’allégement des procédures et conditions d’accès au 3Fpt par nos centres sectoriels de formation», dit-il.
Pour finir, le président du Conseil national du patronat du Sénégal a tenu à saluer la volonté du chef de l’État d’accélérer les choses pour atteindre le plus rapidement possible les objectifs du Plan Sénégal émergent. «Le Sénégal en mode Fast-Track présidentiel, l’éveil des consciences et des responsabilités est dans cette directive présidentielle dès la prestation de serment du chef de l’État. Pour d’abord combattre l’immobilisme et mettre fin à la réticence de certaines administrations. Ensuite généraliser la dématérialisation source de performance et d’efficience. Ensuite moins d’attente entre la communication d’une loi et l’application des décrets, arrêtés et circulaire. Maintenir la cohésion entre l’État et son secteur privé», invite-t-il. Et de dire que l’entreprise aime ce Fast-Track. «Il est si proche de la réalité du monde des affaires. Nous n’aurons plus de soucis lors de chaque classement du Doing Business. Il ouvre de nouvelles perceptives dans notre concertation public-privé avec un gouvernement qui prend régulièrement l’avis de l’entreprise», dit-il avant d’aborder à tour de rôle d’autres questions telles que le pétrole et le gaz, la Zlecaf, mais également l’appel de dialogue du chef de l’État qui, selon eux, ne saurait être que politique.
Prenant la parole à la suite du président du Cnp, le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne a indiqué que la particularité des Assises de l’entreprise de cette année, c’est qu’elles se tiennent une semaine après la mise en place du nouveau gouvernement. Comme son prédécesseur à la parole, le chef du gouvernement a également laissé entendre la volonté de l’État d’améliorer les relations entre les deux parties. D’autant que, selon lui, il s’agit de «partenaires responsables». Mais déjà, il assure que son gouvernement devra également être à l’écoute. «Monsieur le président, vous avez dit que cette année, l’entreprise parlera peu, restera à l’écoute du gouvernement. Je voudrais que le gouvernement en fasse autant, qu’il parle peut et qu’il soit à l’écoute de l’entreprise».
Poursuivant pour saluer la volonté du patronat de mieux faire pour le Pse, il se demande ce que serait le Pse sans les entreprises. «Le chef de l’État a retenu votre engagement à apporter vos concours, au besoin en conglomérat national ou en convertissant avec vos pairs du secteur privé international. Nous avons la mission de vous accompagner. Le chef de l’État a instruit le gouvernement d’aller encore plus vite et de bien faire dans le respect, bien attendu, des principes de bonne gouvernance et de transparence», dit-il.
Autre annonce du chef du gouvernement : des réformes. Celles-ci seront ainsi engagées en mode Fast-Track, conformément à la volonté du président de la République, pour une croissance plus forte et inclusive, a fait savoir le Premier ministre. «Notre pays, sur la période des cinq ans à venir, devrait avoir une croissance moyenne de 09%. C’est-à-dire que nous devrions aller ensemble vers l’émergence. Votre job, c’est de créer ces 09% et à l’État de créer les conditions pour rendre les choses possibles». Listant quelques chantiers du quinquennat, il indique l’achèvement des réformes sectorielles et structurelles, la finalisation du cadre juridique et institutionnel relatif au partenariat public-privé et enfin la création d’un fonds pour l’attraction des financements privés.
Sidy Djimby NDAO
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