Il s’est passé 5 mois depuis que le Doyen des juges feu Samba Sall est décédé. Jusqu’à présent, personne n’a été nommé à sa place. Le cabinet reste toujours sans juge et les dossiers dorment encore dans les tiroirs, au préjudice des avocats et des détenus. Ce, même si le juge du deuxième cabinet d’instruction assure l’intérim. Pour les avocats, c’est loin d’être suffisant, en tout cas. Les robes noires continuent de se plaindre de cet état de fait, puisqu’elles sont tout le temps harcelées par leurs clients. L’Ordre, pour sa part, a saisi le ministère, mais sans succès, pour le moment.
Une situation inédite.C’est ce qui caractérise l’état de fait qui prévaut actuellement au niveau du Tribunal de Grande Instance de Dakar. En effet, depuis 5 mois que le Doyen des juges d’instruction feu Samba Sall a été rappelé à Dieu, son successeur n’est toujours pas désigné. Ce, au grand préjudice des détenus dont les dossiers sont dans ce cabinet, mais également des avocats qui voient leurs affaires bloquées, tout au moins marcher au ralenti. Car, le juge du deuxième cabinet a été choisi pour assurer l’intérim, mais il ne gère que les affaires courantes, notamment certaines requêtes. Lasses de cette situation qui a assez duré, les robes noires s’en étaient ouvertes à leur bâtonnier. Et à en croire un membre de l’Ordre, ce dernier a saisi le ministère qui avait fait des promesses fermes. Le bâtonnier a parlé au ministre de la Justice par téléphone et par la suite, cela a été discuté en conseil de l’Ordre.
Il faut un homme de confiance pour occuper le poste
Seulement, jusque-là rien n’est fait. Du coup, du côté des détenus tout comme celui des avocats, tout le monde se plaint. «C’est très compliqué pour nous les avocats, parce que parfois, le client ne comprend pas qu’il n’y a pas encore de juge au 1er cabinet. Du coup, il peut considérer que c’est l’avocat qui ne fait pas son boulot. Les avocats se plaignent beaucoup. Le problème est que, comme c’est un poste éminemment politique, ils ne veulent pas y mettre n’importe qui. Il leur faut quelqu’un de confiance», peste un avocat sous le sceau de l’anonymat. Il ajoute sous le ton de l’ironie : «il ne faut pas quelqu’un du genre Souleymane Teliko, ça ne fera pas leur affaire».
Les avocats «harcelés» par leurs clients
A en croire notre interlocuteur, ce sont plus les avocats qui souffrent de cette situation, parce qu’harcelés par les clients, et ils ont aussi envie de voir leurs dossiers bouger. «Il se trouve aussi que les dossiers les plus importants que nous avons en matière pénale sont au niveau du 1er cabinet. Le deuxième essaie de suppléer, mais il est déjà saturé parce qu’il a ses dossiers et tous les autres dossiers ou presque qui devaient être affectés au 1er cabinet sont aujourd’hui envoyés au 2ème cabinet», martèle encore cette robe noire qui conclut : «quand la politique est trop présente dans le système, cela conduit à des résultats comme ça».
Révélations d’un avocat : «Certains magistrats ne veulent pas du poste à cause du dossier Sonko»
Et pourtant, dit-il, le régime ne manque pas de magistrats capables de gérer le 1er cabinet. D’ailleurs, beaucoup de magistrats rêvent d’occuper le fauteuil. Mais un autre avocatdit le contraire. «Les magistrats fuient ce poste. J’en ai discuté avec certains, mais ils m’ont dit clairement qu’ils n’en veulent pas à cause du dossier Ousmane Sonko», soutient cette robe noire. Pour l’avocat, c’est surtout à cause du dossier Sonko que les magistrats refusent ce poste. Résultat de courses, c’est nous et les détenus qui souffrons», regrette-t-il.
Chez les détenus, c’est le désarroi total, car plusieurs d’entre eux attendent que leurs dossiers soient renvoyés en jugement pour espérer une relaxe ou un acquittement et enfin humer l’air de la liberté.
Alassane DRAME













