L’ancien international sénégalais Yatma Diop, qui avait pris part à la Coupe d’Afrique Asmara 1968, se glorifie de cette génération de joueurs sénégalais qui a remporté la Can 2022. L’ancien du Jaraaf de Dakar, par ailleurs superstar sénégalaise à l’époque, estime que l’amateurisme a couté cette Can 1968 à son pays. Pour Yatma Diop, Sadio Mané et ses coéquipiers peuvent aller jusqu’au bout de la Coupe du monde qui se jouera au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022.
Faisant la genèse du football sénégalais depuis sa génération à celle de 2022, en passant par 2002, Yatma Diop a regretté le manque de professionnalisme au temps, contrairement à aujourd'hui. Pour l’ancien buteur sénégalais, dans cet entretien qu’il nous a accordé, le sacre du Sénégal se justifie par le statut de professionnels des Lions. «Je peux témoigner de ce qui s’est passé depuis notre génération jusqu'à celle qui vient de remporter la Coupe d’Afrique. Il faut savoir qu’aucun d’entre nous, dans ma génération, n’a été professionnel. Sauf après Asmara (1968). On a été en Coupe d’Afrique avec nos qualités, mais la remarque fondamentale que je fais, c’est que nous étions des amateurs. Il fallait juste bien jouer même si on perd. Donc notre génération a été pénalisée par cet esprit amateur. Entre l'équipe de 1968 et celle de 2002 aussi, la différence se jouait sur le professionnalisme de ces derniers, même s'ils ont manqué de peu ce premier sacre», raconte le premier joueur international sénégalais. Poursuivant, Yatma Diop confie : «aujourd’hui, nous avons la chance de n’avoir que des professionnels. Toute l'équipe est professionnelle. Ils jouent dans les grands championnats. Ces garçons ont la chance de jouer dans cette période ou le football a beaucoup évolué». Selon Yatma Diop, les champions d'Afrique ont les moyens d’aller décrocher le trophée mondial : « Ce ne sera pas une surprise pour moi si le Sénégal gagne la Coupe du monde avec cette génération».
«Nos joueurs sont au même niveau de compétition que nos futurs adversaires, ceux qui aspirent à gagner la Coupe du monde»
Il argumente ses propos par le fait que les Lions évoluent tous dans les plus grands championnats du monde, mais aussi dans les plus grands clubs. De l’avis de Yatma Diop, «nos joueurs sont au même niveau de compétition que nos futurs adversaires, ceux qui aspirent à gagner la Coupe du monde. Ils jouent ensemble dans les championnats européens, dans les plus grands clubs. Je n’exclus donc rien pour ce Mondial. Le Sénégal a les joueurs pour gagner une Coupe du monde». De plus, «aujourd’hui, le président de la République s’intéresse beaucoup au sport, en particulier au football. Ça c’est capital. Ça change beaucoup de chose. A la limite il est omniprésent du point de vue des moyens et même physiquement. Dans son discours après la Can, il a parlé de la gestion prochaine de l'équipe nationale. Il a donné beaucoup d’instructions. C’est une chance. En plus, le bureau fédéral ne regroupe que des cadres de ce pays», rajoute-t-il.
«Les Sénégalais ratent beaucoup d’occasions de scorer, c’est inconcevable à ce niveau»
Il y a quand même une remarque que le doyen Yatma Diop a faite sur le jeu des Lions. Selon lui, les protégés du coach Cissé doivent être beaucoup plus tueurs devant les buts. «Dans le jeu actuel des Lions, si on arrive à régler certains problèmes, on peut être intenable. Le constat est que le Sénégal, dans ces derniers matchs, a beaucoup d’occasions. Ce qui m’a le plus marqué, c’est qu’ils cherchent toujours à frapper fort devant les buts. Ils le font tous. Que ce soit Sadio Mané, Ismaïla Sarr, Gana Guèye et même le petit Bamba Dieng. Dans la surface, 9 fois sur 10, ils préfèrent les frappes sèches», constate-t-il. Or, selon lui, «marquer un but, c’est faire en sorte que le ballon entre dans les filets. C’est tout. On n’a pas besoin de se prendre la tête. Les Sénégalais ratent beaucoup d'occasions de scorer parce qu'ils ne prêtent pas attention à ça. Rien que pour la finale de la Can, on pouvait mettre 5 buts à l’Égypte dès la première période. C’est inconcevable d’être à ce niveau et de rater certaines occasions. Quand on ne marque pas, on ne gagne pas. Pour moi c’est capital». Il ajoute : «il y a aussi, dans le rôle de Aliou Cissé qui est un sélectionneur, il ne voit pas les joueurs tout le temps. Les joueurs eux-mêmes ne se voient pas. Ils ont leurs habitudes de jeu. Ce qu’il faut faire, c’est que les joueurs doivent beaucoup se parler dès qu’ils sont en regroupement. Ceci pour échanger sur les actions, savoir où et quand faire la passe ainsi que les préférences etc. En tout cas, on a le potentiel pour rivaliser avec les plus grandes écuries du monde».












