Hier encore, la capitale sénégalaises a vibré au rythme des détonations, des jets de pierres et dans l’odeur âcre des grenades lacrymogènes, aux conséquences déplorables sur la mobilité urbaine et occasionnant des blessés graves. Notamment, un élément du Gign dont le bras a été amputé par une grenade. Les leaders politiques présents ont invité le chef de l’Etat à tirer les leçons de cette mobilisation et de reculer dans sa tentative d’éliminer un adversaire politique.
Les manifestants ne décolèrent toujours pas ! C'est le moins que l’on puisse dire au troisième jour de l’interpellation de Ousmane Sonko, en garde-à-vue à la Section de recherches de la Caserne Samba Diéry Diallo de Colobane. D’ailleurs, ce lieu a cristallisé les attentions avec de violents affrontements entre gendarmes et manifestants, notamment dans l’après-midi. En effet, aux premières heures de l’après-midi, la devanture de la Caserne Samba Diéry Diallo sise sur les Allées du Centenaire était noire de monde. Et il était question d’une manifestation pacifique, comme en témoignent les bras croisés des manifestants en signe de paix. Seulement, cette accalmie ne sera que de courte durée, puisqu’elle va déboucher sur une confrontation musclée entre ces deux parties. Un vrai champ de bataille où jonchent en quantité les débris de projectiles des grenades lacrymogènes et les pierres.
Un élément du Gign amputé du bras
Durant cette violente opposition, des blessés ont été enregistrés dans les deux camps. Si du côté des manifestants, deux personnes gravement blessées ont été acheminées à l’hôpital, de l’autre côté, un élément du Gign s’en est tiré avec un bras amputé. Il a été vite exfiltré par les autres pandores pour masquer cette image insoutenable. A la suite de cette blessure grave, les gendarmes ont été repoussés par les manifestants qui étaient à quelques mètres du mur de clôture de la Section de recherches. Ils ont jeté des pierres à l’intérieur de la caserne en scandant le refrain «Libérez Sonko». Pour obliger les gendarmes à se replier, les manifestants ont suivi leur progression en utilisant des tables et autres tôles comme boucliers. Jusqu’à 20 heures, les jeunes ont fait face aux forces de l’ordre.
Babacar Diop : «la place Soweto n’était qu’un prétexte»
Si les manifestations ont commencé depuis le matin, les membres du cadre d’unité d’action qui regroupe les partis politiques, les mouvements citoyens et les organisations de la société civile sont venus grossir les rangs des manifestants dans l’après-midi. En effet, la place Soweto était leur destination finale, mais ils n’ont pu franchir le Rubicon de sécurité dressé par l’armée, la police et la gendarmerie pour bloquer tout accès en centre-ville. Même si le cadre a fortement mobilisé, ses membres ont été contraints de rebrousser chemin à hauteur de Petersen pour rejoindre les Allées du Centenaire. Cependant, de l’avis de Babacar Diop, la place Soweto n’était qu’un prétexte, car persuadés que l’accès serait barricadé.
Déthié Fall :«le recul n’est pas un signe de faiblesse»
Le député de Rewmi, Déthié Fall a invité le chef de l’État à reculer dans cette affaire. «Le recul n’est pas un signe de faiblesse, mais c’est prendre de la hauteur contre l’injustice contre Ousmane Sonko. C’est la paix et la stabilité du pays qui sont en jeu. Libérez Sonko et tous les détenus politiques», ajoute Déthié Fall qui invite dans la foulée le Président Sall a davantage orienter sa politique vers les priorités des Sénégalais pour lesquelles il a été élu. A l’en croire, il est persuadé que ce qui se passe avec la détention de Sonko n’est que l'étincelle qui a mis le feu à la poudrière sociale, économique et sanitaire qui couvait. Le rappeur Nit Dof, très proche du leader de Pastef, en provenance de Petersen pour rejoindre les Allées du Centenaire, a sommé le chef de l’Etat à la démission. «C’est la volonté populaire», dit-il. Poursuivant, il harangue la foule et l’invite à mettre la pression sur Macky Sall jusqu’à ce qu’il parte.
Chaudes échauffourées à la Médina avant la paix des braves
Dans la matinée, au moment où les regards étaient cristallisés sur le palais de Justice de Dakar avec l’audition du président de Pastef par le Dji, l'avenue Cheikh Anta Diop, à hauteur du Poste Médina jusqu’au marché Sandaga, a été le théâtre d’une vive altercation à coups de grenades lacrymogènes et de pierres entre forces de l’ordre et une foule nombreuse constituée d’étudiants et d’habitants des environs. Les manifestants ont brûlé des pneus pour barrer la route. Du coup la circulation a été paralysée sur ce tronçon. Les policiers ont été souvent repoussés par la furie populaire avant qu’ils ne reviennent à la charge. Cependant, après toute une journée au «front» sans répit, les différents protagonistes ont décidé de faire la paix des braves à 18 heures suite à une blessure d’un des leurs. Ils ont demandé un cessez-le-feu pour que les éléments de la croix rouge prennent soin du blessé. Ce qui a été à l’origine de l’accalmie. Manifestants et policiers ont dansé et chanté ensemble. Non loin, à la Rts, un important dispositif sécuritaire a été observé avec la police et l’armée. Peu après 15 heures, une foule déferlante a traversé la Rts sous le refrain «libérezSonko» avant de rejoindre Dakar Plateau pour s’attaquer à la mairie.
La Tfm attaquée, un véhicule incendié
Au moment où les forces de l’ordre étaient déployées en centre-ville, certains quartiers de Dakar étaient à la merci des manifestants. C’est le cas à Ngor et aux Almadies. Les manifestations parties du rond-point Ngor ont pris fin dans les locaux de Tfm. A l’entrée, la foule a brûlé un véhicule avant d’accéder à l’intérieur pour attaquer les locaux de cette télévision, avant de prendre la fuite. Un acte de vandalisme qui survient au lendemain d’une interruption à l’immeuble Elimane Ndour qui abrite la Rfm pour mettre le feu à trois véhicules.
Moussa CISS
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