Depuis son arrivée à la tête de la Senelec, Makhtar Cissé ne cesse d’être un mauvais élève pour l’Armp et pour cause. Au moins pour la troisième fois, les services de Saër Niang ont cassé des marchés lancés par la société d’électricité. Cela a encore été le cas à propos d’un marché relatif aux travaux de construction de bureaux commerciaux à Gossas, Koungheul, Passy, Fimla et Kidira, pour plus de 100 millions. Pour des «erreurs de calculs» et une marge réservée à quelques soumissionnaires, l’Armp a simplement ordonné la reprise de l’évaluation des offres et la restitution des consignations.
A ce rythme, le Directeur Général de la Senelec risque de gagner la palme des reprises de procédure. Souvent épinglée dans ses procédures de passation des marchés publics, la Senelec l’a été une nouvelle fois. En effet, la société d’électricité a obtenu, dans le cadre de son budget d’investissement 2017, des fonds pour entreprendre divers travaux, dont celui intitulé «Construction de bureaux commerciaux à Gossas, Koungheul, Passy, Fimla et Kidira». A cet effet, elle a lancé un appel d’offres ouvert réparti en trois lots (construction de bureaux commerciaux et de guérites à Gossas et à Koungheul pour le lot 1 ; à Passy et à Fimla pour le lot 2 et à Kidira pour le lot 3). A l’ouverture des plis, 22 offres ont été reçues par la commission des marchés, dont celles des requérantes E3SKR et Baol construction.
Une marge de 15% réservée à certaines soumissionnaires au détriment des autres
Au terme de l’évaluation, la commission a attribué provisoirement les trois lots du marchés comme suit : le lot 1 à PMS pour 69.770.155 F ; le lot 2 à MECC pour 67 millions alors que l’offre initiale de ladite société était de 75 millions et le lot 3 à Sereq pour 39 millions sachant que leur offre initiale était de 40 millions. Après avoir été informées par mail de l’attribution provisoire du marché, E3SKR et Baol Construction ont chacune saisi l’autorité contractante pour contester les conditions d’attribution des lots 1 et 2, avant de s’en ouvrir au Comité de règlement des différends (CRD). La société E3SKR explique que pour le lot 1 du marché, la commission a procédé au classement des offres financières sans tenir compte de la marge de préférence de 15% inscrite dans les données particulières de la demande d’appel d’offres au profit des soumissionnaires éligibles qui en feraient la demande. En d’autres termes, pour ladite société, cela constitue une violation de l’article 50 du Code des marchés publics. Ce qui est scandaleux, c’est que la société E3SKR a saisi le Crd pour contester l’attribution provisoire du lot 1 à l’entreprise PMS pour un montant de 69.770.155 F Cfa, alors que l’offre financière de son entreprise, d’un montant initial de 78.904.830 F Cfa, devrait, en application de la marge de préférence de 15%, être évaluée à 67.069.105 F Cfa, donc moins-disante.
Les services de Makhtar Cissé se perdent dans l’arithmétique
Quant à la société Baol Construction, elle conteste l’attribution provisoire, pour un montant de 67.629.104 F Cfa, du lot 2 à l’entreprise MECC dont l’offre financière était de 75.491.208 F Cfa contre 66.187.380 F Cfa de Baol Construction. En guise de réponse, la Senelec a soutenu que la commission avait décelé des erreurs de calcul, aussi bien dans la proposition financière de l’entreprise MECC (+ 7.862.104 F Cfa) que dans la sienne (- 8.447.030 F Cfa). Les agents de Makhtar Cissé soutiennent avoir effectué les ajustements correspondants.
L’Armp ordonne la reprise de l’évaluation des offres et la restitution des consignations
A l’examen du litige, l’Armp rappelle que le point 32 des Instructions aux soumissionnaires (IC), reprenant l’article 50 du Code des marchés publics, stipule qu’une marge de préférence de 15% doit être accordée aux offres provenant, entre autres, des groupements d’ouvriers et artisans individuels, à condition que le soumissionnaire en fasse une demande expresse documentée. Une précision que la Senelec n’a jamais mentionnée. En plus, l’Armp se penchant sur les explications de la commission qui soutient avoir corrigé les offres financières respectives du requérant et de l’attributaire provisoire, soutient que, hormis les montants des erreurs et omissions alléguées, le rapport d’évaluation des offres ne contient aucune autre indication permettant de les situer et de les authentifier. Sur ce, l’Armp soutient en conséquence que la commission n’a pas justifié sa décision de modifier les propositions financières des soumissionnaires. Fort de ces motifs, l’Armp ordonne la reprise de l’évaluation des offres et la restitution des consignations.
Samba THIAM












