Le ministre du Développement communautaire, Samba Ndiobène Ka, n'a pas du tout apprécié les remarques ethnicistes et autres commentaires des députés de l’opposition sur l’exercice du pouvoir. Qualifiant ces propos «d’écarts» de langage, il révèle que les auteurs de tels propos ne sont guidés que par l’inconscience de leurs responsabilités.
Le député de Touba Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly, dans son intervention, avait indiqué que le ministre avait commencé à faire du bon travail à la tête du département de l’Élevage, mais à un certain moment, il a rompu d’avec cette belle trajectoire. «Vous avez rompu le contact avec nous. Vous n'associez plus les députés à vos programmes. Vous avez aussi fait des promesses au Khalife de Touba que vous n’avez pas respectées. Ce n'est pas normal», dit-il, avant de révéler que ce comportement est le propre des Peulhs (jiko Pël la). Ce qui a provoqué des éclats de rires dans l'hémicycle. Un recours à l'humour dans le cadre du cousinage à plaisanterie – même dans l'enceinte de l’institution parlementaire – un écart de langage ou une attaque voilée pour solder des comptes ? En tout cas, le président du groupe parlementaire des libéraux Cheikh Mbacké Bara Dolly a volé au secours de son cadet pour tenter de dédramatiser une situation déjà envenimée par certains députés de la majorité qui ont tiré à boulets rouges sur le député de Bokk Gis-Gis.
Après avoir entamé ses propos en pulaar, il est revenu sur les relations entre les terroirs de Mbacké et du Djoloff en révélant que Mame Marame Mbacké a été accueilli au Djoloff par ses parents pulaar et y a été enterré. «Donc, on ne peut pas nous dissocier des Pulaar. Ce qui est important, c’est un Sénégal pour tous et non un Sénégal avec des clivages ethniques. Le Sénégal est notre patrie commune et nous devons tous œuvrer pour son rayonnement. C’est la seule voie du salut», plaide le principal pourfendeur du régime. Cependant, cette dynamique d’apaisement n’a nullement adouci l’ire du destinataire de cette remarque inopportune, en l’occurrence le ministre Samba Ndiobène Ka. Et il n’a pas manqué de porter la réplique à ces attaques personnelles et, dans la foulée, à tous les détracteurs du régime. «Je voudrais me réjouir de la qualité des débats malgré les quelques écarts venant d'honorables députés qui, à mon humble avis, ne sont guidés que par l’inconscience de leurs responsabilités et l'insouciance des priorités des Sénégalais qui ont voulu les mettre à cette place», s'indigne le ministre avant d’ajouter : «certains députés, malgré leur éloquence verbale, méconnaissent royalement l’étendue de leur ignorance quant aux véritables préoccupations du peuple sénégalais», martèle Samba Ndiobène Ka.
Avant le ministre, des députés de la majorité avaient rué dans les brancards pour dénoncer cette stigmatisation. Seulement, la réplique du député de Guédiawaye, Lika Ba a été tout aussi répréhensible. «Nous sommes fiers d'être Pulaar», dit-il, avant de juger «inacceptable» ces propos du député de Touba. «On aurait compris si c’était ce pauvre Sérère (Seereer bu bonn bi) Ami Sène qui avait asséné une telle remarque, mais venant de Abdou Bara Mbacké, c’est grave», fait remarquer Lika Ba.
M. CISS












