3 mois de prison assortis du sursis, c'est ce que la prostituée Halima Diallo et la proxénète Anna Ndiaye ont écopé avant-hier, lundi, devant le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar. Pour sa part, le maître coranique Ibrahima Diallo, relaxé, alors qu’il leur avait loué cette pièce qu'elles avaient transformée en chambre de passe. Ils étaient poursuivis pour des faits de prostitution, complicité de proxénétisme et diffusion d'images contraires aux bonnes mœurs.
Le maître coranique Ibrahima Diallo et ses co-prévenus Anna Ndiaye et Halima Diallo ont été finalement jugés avant-hier, lundi, devant la barre des flagrants délits de Dakar. Si le premier nommé est poursuivi pour des faits de proxénétisme, les deux dernières nommées sont respectivement incriminées pour complicité de proxénétisme, prostitution et diffusion d'images contraires aux bonnes mœurs. Le prévenu Ibrahima Diallo avait loué sa chambre sise à la Médina à la proxénète Anna Ndiaye et à la prostituée Halima Diallo. En effet, selon les poursuites, les éléments de la brigade des mœurs, après avoir constaté que cette maison qui abrite cette chambre faisait l'objet de nombreuses allées et venues, ont fait une descente pour voir ce qui se passait puisqu'ils soupçonnaient des activités illicites. Finalement, leurs craintes ont été confirmées, car ils ont trouvé une chambre de passe avec 45 paquets de préservatifs et du lubrifiant et où se trouvaient Anna Ndiaye et Halima Diallo. Toutes les deux arrêtées, Anna Ndiaye a révélé aux enquêteurs que c'est le maître coranique Ibrahima Diallo qui lui a loué la chambre pour un montant de 10.000 F Cfa par jour. Celui-ci, cueilli, a nié les faits de proxénétisme pour lesquels il a été inculpé et dont il répondait, hier, devant le juge. Selon lui, il a loué cette pièce à Anna Ndiaye et il ignorait tout des activités qu'elle menait là-bas.
Anna Ndiaye disculpe le maître coranique
Interrogée, Anna Ndiaye a tout d’abord disculpé le maître coranique qui, dit-elle, ne savait pas ce qu'elle faisait là-bas comme activité. Chaque jour, poursuit-elle, il venait récupérer le loyer. Parlant de sa coinculpée Halima Diallo, Anna Ndiaye a soutenu que celle-ci n'a passé qu'une nuit là-bas et c'est le lendemain que la police a fait une descente et les a interpellées. Elle a ainsi déclaré qu'elle ne lui a jamais remis de l'argent provenant de son activité de prostitution. Sur interpellation du procureur à propos de la saisie des 45 paquets de préservatifs et du lubrifiant dans ladite pièce, elle ajoute : «on m'a offert ces préservatifs ainsi que le lubrifiant et c'est moi qui les utilisais», a-t-elle indiqué.
Halima Diallo avoue tout
Pour sa part, Halima Diallo, 23 ans, a tout avoué. «J'ai quitté la Casamance avant de venir auprès d'Anna. Je devais lui reverser 5000 F Cfa par jour pour la chambre. J'ai fait deux nuits dans cette chambre. On m'a interpellée alors que je devais aller chercher un carnet sanitaire le lendemain. C'est Anna Ndiaye qui me donnait des préservatifs et je lui payais», a-t-elle relaté.
Et sur les raisons qui l’ont poussée à faire le trottoir, elle a révélé une prétendue maladie dont souffrirait sa mère avant de sangloter devant la barre. «Ma mère est gravement malade et c'est la raison qui m'a poussée à me prostituer. Et si elle arrivait à guérir, je n'allais pas continuer à faire le trottoir. Je ne veux pas la voir souffrir. Je ne savais pas que c'était interdit par la loi et je regrette», narre-t-elle avant que le procureur Malick Dia ne requière l'application de la loi pénale contre eux.
Avocat de Ibrahima Diallo, Me Adnane Yahya a fait savoir au tribunal que son client ignorait les activités que ces dames menaient dans cette chambre. D'après lui, il enseigne le Coran à la mosquée de l'avenue El Malick Sy où il dirige la prière. «Pour lui, cette dame avait loué cette chambre pour quelques jours. Renvoyez-le des fins de la poursuite sans peine, ni dépens. Renvoyez-le à sa mosquée d'El Malick Sy», a plaidé la robe noire.
Pour Me Khadim Kébé, les deux dames ont été honnêtes et elles n'ont pas cherché à cacher les faits. «Une faute avouée est à moitié pardonnée. Halima était dans l'intention d'aller chercher ce carnet qui faisait défaut», a-t-il fait savoir en demandant une application bienveillante de la loi pénale. Au terme des débats, Ibrahima Diallo a été purement et simplement relaxé tandis qu'Anna Ndiaye et Halima Diallo ont été condamnées à 3 mois de prison assortis du sursis.
Fatou D. DIONE












