Dans le cadre du programme 100.000 logements, l’Etat, en décidant de redynamiser l’offre, a activé un certain nombre de leviers dont la mise à disposition d’un foncier gratuit, ainsi qu’une dérogation sur la fiscalité et les droits de douane. Une politique qui dispense l’acquéreur des frais de foncier aménagé (3,4 millions) et des impôts (3,5 millions), soit 6,9 millions. Ainsi, pour un logement F3 dont le prix réel est de 18 millions sur 15 ans, l’acquéreur ne débourse que 11,1 millions francs. D’où une demande qui a explosé. La preuve : le nombre d’inscrits à Dakar, 171.037, dépasse de loin le programme dans son ensemble.
Il ressort des statistiques du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique rendues publiques, lors du Conseil présidentiel sur le logement, jeudi dernier, qu’en 2013, le stock des demandeurs de logements était de 300.000. Et depuis lors, arrivent chaque année sur le marché 15.000 nouveaux demandeurs de logements, alors que l’offre disponible n’est que de 5000. Ainsi, devant cette très forte demande des Sénégalais à accéder à un logement décent, le Président Macky Sall, au lendemain de sa réélection, avait annoncé un vaste programme de 100.000 logements sur cinq ans, afin de permettre aux Sénégalais d’accéder à un toit, à un coût accessible. Un programme qui contribue également à faire du Sénégal un pays avec zéro bidonville à travers le réaménagement et l’amélioration de l’habitat dans les bidonvilles, de l’accélération de la production de logements et de la promotion d’une nouvelle urbanisation.
67 sites ciblés à travers le pays pour accueillir ces logements, dont 15 sur l’axe Dakar-Thiès-Mbour
Ainsi revenant sur l’offre qui est de loin inférieure à la demande, le programme 100.000 logements a décidé de redynamiser l’offre à travers un premier levier, celui de la mise à disposition d’un foncier gratuit et la participation aux frais d’aménagement. Dans cette logique, un fort potentiel foncier a été mobilisé dans le cadre dudit projet. En tout, 67 sites ont été ciblés à travers le territoire national pour accueillir ces logements, dont 15 sur l’axe Dakar-Thiès-Mbour sur près de 3153 ha. Les 52 autres sites se trouvent dans les régions sur 3573 ha. En plus de 27 pôles urbains sur près de 20.000 ha soit au total 26.726 ha mobilisables.
L’Etat dispense l’acquéreur de 6,9 millions sur le prix du logement
Toujours dans cette dynamique de redynamiser l’offre, l’Etat a décidé d’activer un second levier concernant la fiscalité et les droits de Douane. Il s’agit de la défiscalisation du financement promoteur, de l’exonération de la Tva et des droits de douane, de la réduction de l’impôt sur les sociétés, ainsi que la réduction des droits d’enregistrement. Deux leviers qui ont considérablement impacté, selon le rapport final du ministère de l’Urbanisme, sur la réduction du prix de vente du logement. En guise d’exemple, le prix de vente réel d’une villa de type F3 de 150 m2 et 70 m2 de surface bâtie et des aménagements aux normes revient à 18 millions francs Cfa. Or le même type de logement (F3), dans le cadre du programme 100.000 logements, revient à 11.100.000 francs Cfa. Tout simplement parce que l’Etat a mis gratuitement le foncier en plus de faire une dérogation sur la fiscalité. Ainsi, l’acquéreur est exempté à débourser 3,4 millions francs pour le foncier aménagé et 3,5 millions francs Cfa, le coût des impôts et taxes, soit un allègement de 6,9 millions par rapport au prix de réel du logement.
S’y ajoute également un troisième levier pour redynamiser l’offre : la promotion de production des matériaux locaux. Ainsi, pour un Sénégalais qui a un revenu mensuel de 250.000 francs, qui veut acquérir un logement F3 à 18 millions francs Cfa par prêt bancaire sur une durée de 15 ans, sera délesté de 175.000 par mois, soit 70% de son salaire. Il ne va lui rester que 75.000 francs pour toutes ses autres dépenses. Or, dans le cadre des 100.000 logements, la même personne, pour un logement F3, va bénéficier d’un prêt garanti par la Bhs sur 15 ans et sera débité de 100.000 francs par mois, soit 40% de son salaire. Ce qui veut dire qu’il va lui rester 60% de son salaire soit 150.000 francs pour assurer ses autres dépenses.
Rien qu’à Dakar, il y a 171.037 inscrits
En tout cas, avec tous ces avantages énumérés, la demande reste encore de loin supérieure à l’offre comme en témoigne ces 236.658 Sénégalais inscrits sur la plateforme de préinscription. Cependant, parmi ce nombre 213.744 sont éligibles. Seuls 22.914 inscrits ne le sont pas. Parmi les inscrits au programme, les 224.827 sont inscrits au niveau national, alors que 11.831 constituent les Sénégalais inscrits de la diaspora, à travers 123 pays.
Des demandes jusqu’au Groenland
Parmi les Sénégalais à la recherche d’un toit, la France arrive en tête avec 3778 inscrits, suivie de l’Italie avec 1655 inscrits, de l’Espagne 884, du Gabon 776, des États-Unis 666, le Japon 40, la Suède 28… et le Groenland ferme la marche, loin derrière, avec un seul inscrit. Au niveau national, c’est la région de Dakar qui concentre le plus grand nombre d’inscrits avec 171.037 demandeurs, soit plus que le nombre prévu dans le cadre des 100.000 logements. La région de Thiès arrive loin derrière avec 35.666 inscrits suivie de Ziguinchor 7737 inscrits. Saint-Louis 6925, les régions de Matam et Kédougou arrivent loin derrière avec respectivement 551 inscrits et 458 inscrits.
Moussa CISS












