Dans son prêche de la Tabaski, l’imam Mouhamed Guèye de la grande mosquée de Pikine Texaco est revenu sur les meurtres notés depuis 2021 dans notre pays. Des morts qu’il déplore non sans se pencher sur les causes de ces évènements. A cet effet, il a invité le président de la République à agir conformément à ses engagements et de sortir par la grande porte. Ses propos d’hier, dit-il, doivent être conformes à sa posture actuelle.
Lors de la prière de la Tabaski, l’imam de la grande mosquée de Pikine Texaco, Mouhamed Papa Guèye, a axé son prêche sur le «crime de tuer». Un thème d’actualité suite aux violences notées ces derniers jours avec son lot de morts. Au Sénégal, beaucoup de personnes ont été tuées et ceux qui tuent, tout comme ceux qui sont tués ne savent même pas pourquoi ils tuent, ni pourquoi ils ont été tués. Devant ce phénomène devenu récurrent, il rappelle que le châtiment d’un homicide volontaire, c’est le séjour éternel en enfer. Mieux, il révèle que le meurtrier n’est plus considéré comme un musulman, à moins qu’il fasse preuve d’un repentir sincère. «En 2021 au Sénégal, 14 personnes ont été tuées. Depuis lors, combien de vies ont été perdues ? On parle de 16 personnes tuées en début juin. A quand la fin de ces meurtres ? L’être humain est la plus précieuse créature du Tout-Puissant et nous n’avons pas le droit d’attenter à sa vie. Malheureusement, au Sénégal, le fait de tuer est devenu banal. Pire, on préfère se lamenter sur la destruction de biens matériels que sur une perte en vie humaine», fait remarquer l’imam qui en veut pour preuve le discours des politiques sur les dégradations constatées. «Il ne peut y avoir de comparaison possible entre le bien matériel et la vie humaine. On doit certes déplorer ces saccages, mais il faut savoir que c’est l’homme qui crée la richesse et les biens. L’argent ne peut créer la vie», ajoute l’imam.
Poursuivant, il invite à revoir nos comportements et à s’interroger sur les causes profondes de cette crise et non sur ses conséquences. «Une analyse de ces récents évènements permet de constater que ce sont les étudiants qui ont saccagé l’Université et la Faculté des sciences juridiques et politiques, le Cesti, etc. C’est une forme de remise en cause des enseignements et leur pratique dans la vie. On doit repenser notre système éducatif qui doit reposer sur la base de nos réalités socio-culturelles. Arrêtons de copier ce qui se fait ailleurs. Engageons les états généraux de l’éducation, faisons des réformes de l’enseignement, sinon ce qui s’est passé risque de se reproduire dans quelques années ». En outre, il a demandé au chef de l’Etat, qu’il considère comme le «Khalife général du Sénégal» d’agir conformément à ses engagements antérieurs. Ce qui lui permettra, dit-il, de sortir par la grande porte. «Nous demandons solennellement au président de la République d’agir conformément à ses engagements. Ses paroles et ses actes d’aujourd’hui doivent refléter ses propos d’hier. S’il varie dans sa position, il perd l’estime que le peuple lui porte. Il doit éviter cela. Un président de la République ne doit pas prêter le flanc et faire l’objet de critiques et autres railleries. Ce n’est pas normal. Nous lui souhaitons de terminer en paix et de sortir par la grande porte. Qu’il organise des élections libres et transparentes dans la paix et permette à tous ceux qui veulent participer de le faire librement et le peuple choisira en dernier ressort», recommande l’imam Guèye. Il a par ailleurs invité les chefs religieux à sortir de leur mutisme et à prendre la parole sur la situation politique du pays. Il a mal, dit-il, lorsqu’il entend les prêches de Mame Abdou Aziz Sy alors que des voix autorisées sont là pour perpétuer ce legs. Non sans inviter les acteurs politiques à la préservation de la paix.
M. CISS












