Yassine Fall, ministre de la Justice, a eu la validation de l’Assemblée nationale pour son budget de l’année 2026. Mais les députés ont auparavant égrené un chapelet de doléances, dont la justice pour les martyrs des événements politiques de 2021 à 2024 ; la réforme de la justice qui devra leur permettre d’élucider ces dossiers, selon eux. Parmi les cas évoqués hier, lors du passage du ministre de la Justice, Yassine Fall devant les députés, la situation catastrophique des gardes pénitentiaires.
Les députés ont voté hier à la majorité le budget du ministère de la Justice qui s’élève cette année à 81.354.555.099 F Cfa en autorisations d’engagement (Ae) et à 81.006.199.801 F Cfa en crédits de paiement (Cp). Les députés ont plaidé entre autres pour une revalorisation de la situation des gardes pénitentiaires, mais surtout la justice pour les martyrs. Opposition et non-inscrits, quant à eux, ont mis le curseur sur les manquements de la justice sous le régime Diomaye.
Plaidoyers pour que justice soit rendue aux martyrs
Amy Dia rappelle qu’elle a passé près de 20 mois en prison pour des raisons politiques. «Nous demandons la vérité sur les morts, les blessés et les disparus (…) nous ne cherchons ni vengeance ni revanche, nous voulons la vérité, notre souffrance ne doit pas être vaine».
Pour sa part, Rokhy Ndiaye invite le ministre de la Justice à régler le problème de l’injustice envers le Premier ministre. «Quand on insulte Ousmane Sonko, on n’est pas du tout inquiété, mais tous ceux qui le défendent se voient automatiquement convoqués ; nous voulons que cette injustice cesse», dit-elle.
Ansoumana Sarr d’indiquer : «nous savons que le temps de la justice n’est pas le temps des populations, mais vous ne pouvez imaginer l’amertume qui nous habite actuellement quand on pense que 2 ans après, rien n’est fait pour élucider ces affaires.».
Ndèye Awa Dieng lui emboîte le pas et demande à l’Etat d’honorer la mémoire de ces martyrs en leur rendant justice.
Ababacar Tambédou s’insurge contre les attaques contre les martyrs et demande à ses collègues de la majorité parlementaire de préparer une proposition de loi pour ériger les martyrs en héros nationaux dont personne ne pourra insulter la mémoire sous peine de tomber sous le coude de la justice.
Pour sa part, Ismaïla Diallo demande à Diomaye Faye de ne jamais oublier d’où ils viennent : «tôt ou tard, le pouvoir finira, mais l’attitude que vous aurez face aux Sénégalais qui vous ont élu, restera gravée dans les mémoires».
Fatou Diop Cissé, elle, demande au ministre de la Justice, la position de l’Etat du Sénégal face au refus d’extrader Madiambal Diagne.
Abdou Mbow : «si la justice fait correctement son travail, beaucoup d’entre vous vont tomber»
Abdou Mbow, après s’être indigné de la situation des députés Farba Ngom et Moustapha Diop, lâche : «nous aussi, nous réclamons justice, puisque ce sont des Sénégalais qui ont été tués. Des gens sont traités d’assassins, de voyous, mais il faut aller jusqu’au fond du dossier, détecter le principal commanditaire pour le convoquer. Un de vos ministres a reconnu publiquement qu’il faisait partie de ceux qui incendiaient. Si la justice fait correctement son travail, beaucoup d’entre vous vont tomber», assure Abdou Mbow, qui se fait menacer automatiquement par un de ses collègues : «vous allez bientôt rejoindre Farba Ngom puisqu’il faudra que vous nous édifiez sur l’origine de la voiture que vous conduisez», déclare El Hadji Ousmane Fall, qui demande au ministre de la Justice des procès publics pour tous les délinquants financiers.
Ce dernier s’interroge aussi sur la main qui protège Bougar Diouf. «Il passe son temps à insulter et accuser Ousmane Sonko, mais il n’est guère inquiété, alors que des gens qui en ont dit moins sont condamnés ». Ramatoulaye Bodian l’appuie et explique à Yassine Fall pourquoi il est dangereux de laisser les dérives de Bougar Diouf impunies.
Pour Thierno Alassane Sall, l’image et la réputation de la justice sont devenues plus écornées ces deux dernières années. Evoquant le dossier Lat Diop contre Mouhamed Dieng, Thierno Alassane Sall dit ne pas comprendre le deux poids deux mesures : «quand il y a un corrompu, il y a toujours un corrupteur ; alors pourquoi emprisonner le corrompu et laisser l’autre vaquer tranquillement à ses occupations ? Même au Gondwana, une telle situation n’est pas imaginable ».
Barane Fofana : «ceux qui insultaient Macky sont ceux qui insultent aujourd’hui Diomaye»
Barane Fofana fait noter à ses collègues députés de Pastef que ceux qui insultaient le Président Macky Sall et brulaient ses photos sont ceux-là qui insultent aujourd’hui le Président Diomaye Faye et déchirent ses photos.
Anta Babacar Ngom s’attaque au surpeuplement carcéral. Pour elle, ce n’est plus un dysfonctionnement, mais une faillite de la puissance publique, une atteinte à la dignité humaine.
Aïssata Tall Sall : «la magistrature est indépendante, les juges sont indépendants»
Aïssata Tall Sall assure qu’au Sénégal, les juges s’acquittent de leur devoir et ils exercent correctement leur métier : «que personne ne s’y trompe, au Sénégal, la magistrature est indépendante, les juges sont indépendants. Ils ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi et de leur conscience. Au Sénégal, aucune puissance, ni d’argent, ni d’intérêt politique ou administrative n’a une autorité sur le juge», souligne l’ancien ministre de la Justice sous Macky Sall.
La présidente du groupe Takku-Wallu dit refuser le procès en sorcellerie que veulent leur imposer certains de leurs collègues, «parce qu’il n’est fondé sur rien que des accusations gratuites qui vont tomber dès que le vent de la justice et de la vérité va se lever».
Nd. Kh. D. F












