Si le tribunal suit le parquet dans ses réquisitions tout en le déclarant coupable de destruction de biens appartenant à l'Etat du Sénégal, l'ancien ministre de l'Intérieur sous Macky Sall, Mbaye Ndiaye, va payer une amende de 1 million de F Cfa. Il a été jugé hier, jeudi 11 décembre 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar où la Sogepa lui réclame 43 millions de F Cfa à titre de réparation.
L'ancien ministre de l’Intérieur et ex-ministre d'Etat sous Macky Sall, Mbaye Ndiaye, a finalement comparu hier, jeudi 11 décembre 2025, devant le correctionnel de Dakar sous la prévention de destruction de biens appartenant à l'Etat du Sénégal, dans le cadre d'un logement de fonction qu'il occupait il y a de cela 10 ans. C'est la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (Sogepa), qui a initié ces poursuites contre lui. Cette dernière a allégué un préjudice de 43 millions à l'issue d'un constat d'huissier.
À la barre du tribunal, le ministre a nié ces faits. "Je ne reconnais pas les faits Mme le président. Je suis un musulman, un homme d'honneur. Un homme qui a refusé durant toute sa vie de mentir et de trahir", a-t-il dit d'emblée avant que le juge ne lui demande de répondre sur les faits. En réponse, Mbaye Ndiaye est revenu sur les travaux qu'il aurait faits dans ce logement d'Etat : "ce logement m'a été affectée en 2012 et je l'ai occupé avec ma famille jusqu'en août 2024. C'est un R+1 qui était composé de 4 pièces. J'ai agrandi la maison en y construisant 15 autres chambres. Ce ne sont pas des destructions mais des absences".
Malgré ces dénégations, l'homme politique a fini par endosser la responsabilité concernant la dégradation dudit logement de fonction : "C'est le jour où je devais quitter les lieux qu'on m'a dit qu'il y avait des destructions. On m'a informé qu'il y avait les portes et fenêtres des 3 chambres qui manquaient. S'ils le disent peut-être c'est vrai. Mais qui en est l'auteur ? Tout était repris, le carrelage, le sanitaire, le plafond etc. J'ai tout repris dans cette maison. Et si on me colle ça, j'assume puisque je suis le chef de famille et M. Le procureur je suis totalement à vous". Il poursuit toujours sur interpellation du procureur : « s'il vous plaît ne me dites pas que j'ai emporté des choses en quittant. J'étais malade et hospitalisé. C'est à ma sortie que j'ai noté ces manquements, mais je n'étais pas là au moment du déménagement. Il n'y a jamais eu de dégradation. Juste une fenêtre et une porte au niveau de ces trois chambres. C'est ce que j'ai constaté avec les éléments de la Section de recherches. Mais rien ne manquait au niveau des 15 chambres que j'avais eu à construire".
La Sogepa réclame 43 millions
Malgré ces contestations, le juge lui a confié que les dégradations des lieux ont été constatées par un huissier requis par la société Sogepa, partie civile dans cette affaire.
Cette dernière, par le biais de son avocat, Me Ndoumbé Wane, a réclamé le montant de 43 millions à titre de réparation. "En quittant, je cite l'huissier : à part la porte principale de la maison, tout a été enlevé. Portes, fenêtres, grilles et même les contacts des lampes. C'est un devis de 43 millions que Sogepa a déposé. Elle n'est pas là pour battre monnaie. Elle demande tout simplement le montant du devis pour entamer les travaux", a fait noter Me Wane, qui dit être mal à l'aise du fait qu'à la barre, on a un ancien ministre.
Me Oumar Youm parle de légèreté du dossier, Me Amadou Sall exprime sa honte
Le procureur, dans ces réquisitions a indiqué que Mbaye Ndiaye a fait des "déclarations fallacieuses qui ne peuvent pas prospérer". D'après toujours le parquet, il a "fauté et a très mal agi". Soulignant ainsi qu'une personnalité de son rang devait agir autrement, il a requis sa culpabilité et une amende de 1 million de F Cfa. Pour la défense de Mbaye Ndiaye, Me Antoine Mbengue a fustigé l'expertise qui a été faite dans cette affaire, en soutenant que la Sogepa a fait un devis unilatéral concernant ce manquement. «On veut faire mal en vérité. Aucun élément de ce dossier ne dit qu'il a enlevé", a détaillé Me Mbengue qui a demandé que son client soit renvoyé des fins de la poursuite, après avoir demandé au tribunal de débouter la partie civile qui. Pour Me Omar Youm, on ne peut pas faire comparaître Mbaye Ndiaye devant une juridiction pénale. L'avocat a contesté la constitution de partie civile de la Sogepa dans ce dossier, tout en précisant que la plainte initiée par elle est irrecevable. "La Sogepa n'est pas partie civile. C'est l'Agent judiciaire de l'Etat qui doit engager les actions de l'Etat. Où est-il ? On va plaider contre qui ? La Sogepa ou l'Etat ? La troisième chose dans cette affaire, c'est l'imputabilité des faits. Dans cette affaire, l'action est très mal engagée. Il y a beaucoup de légèretés dans ce dossier", a-t-il ajouté, avant qu'il ne soit suivi par Me Amadou Sall qui a dit : "c’est une honte pour la République de traiter ses responsables comme ça".
Délibéré le 8 janvier 2026.
Fatou D. DIONE













