Devant les députés, Moussa Balla Fofana a défendu ce lundi un budget placé sous le signe de la refondation foncière, de la territorialisation des politiques publiques et d’une restructuration profonde de l’accès au logement. Il a présenté un ensemble de chantiers destinés à résorber le déficit chronique de logements, réformer la gouvernance locale, moderniser l’état-civil et relancer l’aménagement du territoire.
Un déficit de 500.000 logements et un besoin colossal de 10.000 milliards sur 15 ans
Face aux députés, Moussa Balla Fofana n’a pas voulu édulcorer la situation. «Nous avons trouvé un déficit chronique de 500.000 unités. C’est cela qui a fait exploser les prix du logement», a-t-il rappelé d’entrée. Selon le ministre, la stratégie nationale du logement nécessite un investissement massif estimé à 10.000 milliards F Cfa sur 15 ans. La hausse continue des prix du loyer, a-t-il expliqué, est directement liée à cette carence. «Si le loyer est revu à la baisse, les Sénégalais pourront économiser davantage. Mais cela dépend d’abord de notre capacité à rééquilibrer l’offre et la demande», a-t-il argumenté. «Pour résorber le déficit, nous devons attirer l’investissement. Mais les logements seront rachetés par des Sénégalais», a insisté Moussa Balla Fofana.
30 missions déjà lancées, 100 prévues dans l’audit massif des collectivités territoriales
Le ministre a également mis en avant la gouvernance locale. «Rien qu’en 2025, 30 missions de vérification ont été menées sur la base de rapports de la Cour des comptes ou de dénonciations citoyennes. En 2026, l’objectif est d’atteindre 100 missions de contrôle», dit-il. Concernant les tensions sociales dans les collectivités, il a rappelé la médiation menée aux côtés du Premier ministre. «Ces employés sont recrutés par les mairies, mais l’État ne peut pas rester inactif. Nous avons réglé un problème resté irrésolu sous 14 ministres», a-t-il souligné. Il précise que, «les audits ont révélé 1000 agents que les municipalités pouvaient payer, et 6000 salariés supplémentaires dont la situation a été clarifiée grâce à des contrôles physiques. La future fonction publique locale, en cours de finalisation, devrait stabiliser durablement le système», précise-t-il.
Moussa Balla Fofana a défendu la stratégie de modernisation de l’état-civil, rappelant que l’audit et la digitalisation se mènent simultanément. «Sur les 30 millions d’actes, 20 millions sont déjà numérisés et intégrés dans le système», a-t-il précisé.
L’acte 4 s’oriente vers des municipalités capables de produire des services
Moussa Balla Fofana a confirmé l’arrivée prochaine de l’Acte 4 de la décentralisation, actuellement en finalisation. Quinze points techniques ont déjà été débattus avec les élus et un premier draft sera publié entre décembre et janvier. «L’objectif est simple, créer des municipalités qui offrent des services, avec une viabilité interne et une réelle capacité de répondre aux besoins des populations», a expliqué le ministre.
Inondations, urbanisation sauvage et ingénierie locale : un diagnostic sans concession
Revenant sur les inondations, il a pointé une double responsabilité. «Le cycle naturel de l’eau, mais aussi l’urbanisation anarchique. Beaucoup de communes ne disposent pas de bureaux techniques ni d’ingénieurs capables d’effectuer les travaux liés au génie civil». Le ministère finalise par ailleurs «un schéma d’aménagement intégré Dakar–Thiès, tout en prévoyant de retourner à Mbour 4 pour évaluer les évolutions après les dernières intempéries».
Baye Modou SARR













