Placés depuis 5 ans en détention préventive, le commerçant Diafara Niane, son épouse Fatima Lakh ainsi que le chauffeur Mouhamed Niakh risquent 20 ans de travaux forcés, si le juge de la Chambre criminelle de Dakar suit le procureur. Ils comparaissaient, hier, pour association de malfaiteurs, trafic de drogue, blanchiment de capitaux et détention d'armes sans autorisation administrative. Ces accusés qui ont nié les faits lors des débats seront fixés sur leur sort le 30 avril prochain.
Suite à une dénonciation anonyme faisant état d'un vaste réseau de trafic de drogue entretenu par Mouhamed Niakh, les éléments de l'Ocrtis se sont lancés à ses trousses. Pris en filature, ce dernier a été interpellé avec 19 kilogrammes de chanvre indien, au moment où il s'apprêtait à faire une livraison. Interrogé, il reconnait sans ambages s'activer dans le trafic de drogue. Décidant de collaborer, le sieur Niakh a dénoncé Diafara Niane comme son fournisseur à qui il a attribué la paternité de la drogue. Pour épingler ce dernier, Mouhamed Niakh, sur instruction des agents, a passé un coup de fil à Diafara pour commander 2 kilogrammes du produit prohibé.
300 kg de chanvre indien, 5 millions, un coupe-coupe, une arme à feu avec 29 cartouches, 4 couteaux trouvés…
C'est ainsi que ce dernier s'est présenté avec ladite drogue avant d’être alpagué à son tour, avec la somme de 20.000 F et 2 tablettes de comprimés barbituriques qui étaient selon lui destinées à sa consommation personnelle. Une descente effectuée chez Diafara a permis aux agents de saisir 300 kilogrammes de chanvre indien, dans une pièce de son appartement à Yoff Apecsy, dont sa femme Fatima Lakh détenait les clés. Dans le domicile, les agents ont retrouvé 5 millions, un coupe-coupe, une arme à feu avec 29 cartouches,140 blocs de chanvre indien de 2kg chacun, 750 grammes en vrac ainsi que 4 couteaux.
Inculpé, Diafara Niane reconnait le trafic de drogue en soutenant avoir importé celle-ci du Mali, auprès de son fournisseur nommé Ousmane Fofana. Et selon toujours ses déclarations, il n'était pas à son coup d'essai. Ayant reconnu la détention illégale d'armes sans autorisation administrative, il révèle avoir acheté un terrain à Niakhirath avec l'argent provenant de son activité illicite.
Quant à son épouse Fatima Lakh, elle a avoué que la drogue trouvée dans leur domicile appartenait à son mari. Par ailleurs, l'enquête révélait que la femme dame blanchissait les sommes issues de la vente de drogue dans l'immobilier. Après 5 ans de détention préventive, les accusés ont comparu tous, hier, devant la Chambre criminelle de Dakar, où ils ont réfuté avec ferveur toutes les accusations.
Né en 1973, Diafara Niane a un lourd passé pénal qui ne plaide pas en sa faveur, pour avoir été condamné à 10 de prison ferme en 2001 pour trafic de drogue en Cour d'assises. Sans oublier, les peines de 2 ans et 6 mois qui lui ont été infligées pour d'autres infractions. Mais, pour lui, les enquêteurs ont trouvé des ordinateurs et des coupons de bazin riche et non de la drogue dans sa maison. Sur le montant saisi, il souligne qu'il s'agissait de 36 millions non 5 millions.
Son épouse Fatima Lakh a elle aussi contesté. Née en 1982, elle a confié que les agents qui ont taxé son mari de trafiquant de drogue notoire ne lui ont pas montré ce produit prohibé qu'ils ont supposé avoir découvert dans leur appartement. Elle a démenti le fait que son époux vend de la drogue. Sur ses activités, elle dit qu’elle vend des bazins riches et qu'il lui arrivait même d'aller en Casamance chercher de la marchandise. Ce qui lui a permis, dit-elle, d'avoir un bénéfice de 10 millions, entre 1997 et 2010. Elle a même affirmé que les enquêteurs ont emporté une valeur de 16 millions en marchandises qu'elle venait d'acheter.
Pour sa part, le chauffeur Mouhamed Niakh a aussi contesté toutes les accusations portées contre lui.
Le procureur, dans ses réquisitions, a enfoncé tout le monde et requis 20 ans de travaux forcés contre tous les accusés. Pour la défense de Fatima Lakh, Me Bamba Cissé a pris le contre-pied du représentant de la société : «je suis choqué et indigné des 20 ans qui ont été requis contre elle. Je ne demande pas l'acquittement au bénéfice du doute, mais le renvoi des fins de la poursuite sans peine, ni dépens», plaide-t-il. Me Ndao a fait le même souhait pour l'accusé Mouhamed Niakh, arguant que les 3 éléments de l'article 96 du code des drogues n'ont pas été pas articulés à son encontre pour une condamnation aussi lourde. A sa suite, Me Charasade Ilal a déploré le fait que le parquet ait pris pour argent comptant le PV d'enquête de police pour demander la condamnation de Diafara Niane. Aussi, il a plaidé pour lui l'acquittement. Délibéré le 30 avril 2019.
Fatou D. DIONE
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