Pour recouvrer 10 mois de salaire de chauffeur pour un montant total de 800.000 francs, Thierno Tafsir Amadou Barro Fall a préféré menacer son patron, le colonel El Hadji Amadou Sall, afin qu’il lui paie. Attrait hier devant la barre des flagrants délits de Dakar pour publication d’images à caractère personnel et tentative d’extorsion de fonds, il est condamné à 2 ans de prison avec sursis.
Thierno Tafsir Amadou Barro Fall, né en 1990, a quitté la salle d’audience en pleurant à chaudes larmes, en présence de sa mère. Il a en effet été reconnu coupable de publication d’images à caractère personnel et tentative d’extorsion de fonds et condamné à 2 ans de prison assortis du sursis par le juge du tribunal de grande instance de Dakar, hier.Il a résulté des débats tenus hier que le colonel El Hadji Amadou Sall, la partie civile, a engagé Thierno Tafsir Amadou Barro Fall comme boy. Ce dernier cuisinait, faisait le ménage et le linge et transportait les enfants de son patron dans différentes courses. Et mieux encore, depuis février 2016, date de leur rencontre, Tafsir servait quelques fois de chauffeur au colonel Amadou Sall.
Seulement, le colonel est un mauvais payeur. En effet, durant 10 mois, il n’a pas donné à Thierno Tafsir Amadou Barro Fall son salaire. Alors qu’ils avaient convenu d’un salaire de 80.000 francs Cfa, le colonel restait devoir à son employé 800.000 francs.
Le mis en cause n’a cessé de réclamer son argent à la partie civile, en vain.
Le colonel dit être harcelé par le prévenu
Et pour se faire entendre, Thierno Tafsir a auparavant déposé plainte devant le procureur sans obtenir gain de cause. Il a utilisé des menaces comme arme de défense pour faire réagir le colonel. Pour une première fois, il a publié sur sa page facebook les photos des enfants du colonel qui ne sont âgés que de 12 à 15 ans. Puis, il a aussi mis le cliché de la partie civile sur le profil de sa couverture WhatsApp. N’ayant rien obtenu, il n’a cessé de harceler Amadou Sall, l’appelant au téléphone et le menaçant de faire des révélations fracassantes contre lui. Pis encore, il se rendait régulièrement au bureau de l’épouse de ce dernier, Awa Coulibaly, pour l’intimider, alors que cette dernière souffre de problème cardiaque.
Exaspéré, Amadou Sall a fini de porter l’affaire devant la justice.
Interpellé, l’inculpé Tafsir a contesté les faits à l’enquête et a déclaré que la partie civile qui était son patron lui doit de l’argent. Ce qu’a réfuté Amadou, qui a dit que le prévenu qui n’a jamais été son employé s’est présenté chez lui et qu’il l’a gardé pour des commissions. Il a aussi souligné qu’il lui a réclamé 800.000 F en échange de son silence. Entendue à son tour, Awa Coulibaly, la femme du colonel, a attesté n’avoir jamais été au courant du contrat de travail qui liait son mari à Tafsir.
Le jeune Tafsir enfonce le colonel Amadou Sall
Venu comparaitre en liberté, Tafsir a réitéré les mêmes allégations. «Ce sont les photos de ses enfants que j’ai publié sur ma page facebook. Et il était présent quand je les ai prises et diffusées. De plus, je travaillais chez lui et il m’a dit de les considérer comme des frères et sœurs. Il me doit 800.000. Dès que je lui ai réclamé mon argent, les problèmes m’ont commencé. C’est le fruit de mon travail durant 10 mois en tant que son chauffeur. Il ne m’a envoyé que 200.000 francs. Je ne l’ai pas menacé, ni harcelé ; par contre, c’est lui qui a sorti un pistolet pour me faire peur», a affirmé le prévenu, qui a fondu en larmes, en l’absence du plaignant.
Son avocat parle de détournement de procédure abusif du colonel et réclame 50 millions
Convaincu de la contrainte morale qu’a exercée le prévenu sur le plaignant, le parquet a requis 6 mois ferme. Très fâché, Me El Hadji Gningue de la défense a soutenu : «Ce qui est établi dans ce dossier, c’est le détournement de procédure abusif commis par Amadou Sall. Et lorsque le prévenu est relaxé dans ces conditions, le tribunal a le droit de condamner la fausse partie civile. Je demande la relaxe pure et simple sur l’ensemble des préventions. Et la somme de 50 millions pour dommages et intérêts».
Au délibéré, Tafsir est condamné à 2 ans assortis du sursis. Et la demande formulée par son avocat a été déclarée irrecevable par la Cour.
Fatou D. DIONE (Stagiaire)
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