Présidente de l’association Ladies Turn, présidente de la commission du Football féminin de la Fédération sénégalaise de football et ancienne capitaine de l’équipe nationale du Sénégal, Seyni nous revient sur ses ambitions et l’évolution du football féminin au Sénégal. Invitée de la plateforme WhatsApp Foot Local, l’actuelle patronne du football féminin dit miser sur la formation dans la petite catégorie pour le développement de cette discipline.
Seyni Ndir Seck patronne du football féminin
Ce qui m’a poussée à être responsable du football féminin est né du fait que j’ai été joueuse et capitaine de l’équipe nationale du Sénégal. Je sais que pour notre génération, on a eu une très belle équipe ; seulement, il y a eu des manquements de part et d’autre, ce qui fait qu’on n’est pas allé plus loin que ça. Ce n’est pas que ça m’a révoltée, mais juste que ça m’a motivée à me fixer des objectifs. Je me suis dit que si on a une bonne organisation, on peut réussir à faire de grandes choses. Juste après ma carrière, je me suis lancée dans la formation jusqu’à arriver à être responsable du football féminin sénégalais. Je veux aider à développer le football féminin sénégalais et l’amener à la plus haute marche possible.
Promotion du football féminin
On est en train de faire pas mal de travail. C’est vrai qu’on ne voit pas encore le résultat au niveau local, mais il ne faut pas oublier que quand on est arrivé, on a trouvé une situation. On avait 3 poules de 3, ce qui fait 6 matchs à l’aller comme au retour et pour moi, ce n’est pas un championnat. L’idéal pour moi, c’est d’avoir plus d’équipe pour jouer plus de matchs. On a essayé d’innover en regroupant les poules. Au niveau de la 2e division, on a 2 poules de 6 équipes et depuis, le championnat se porte mieux. Mais cette année, beaucoup d’équipes n’ont pas joué, parce que la plupart de vos joueuses ont rejoint Dakar. Aujourd’hui, il faut le dire, on voit des joueuses qui compétissent toute l’année et ne reçoivent même pas 1000 F de leurs équipes. Je trouve ça dommage. Des équipes championnes reçoivent de l’argent et ne donnent pas de primes à leurs joueuses. Ce sont des situations qu’on doit revoir et trouver des solutions. Maintenant, par rapport au projet «Foot à l’école», il faut savoir qu’on n’a pas seulement choisi Dakar et Ziguinchor de manière arbitraire. Dakar à plus d’équipes que les autres régions, suivie de Ziguinchor. Mais le projet ne se limite pas qu’à ces deux régions. On est en phase test et on ne peut pas impliquer tout le monde ; et après évaluation, on essaie d’élargir vers les autres régions. Pour booster le football féminin, il faut accentuer la formation à tous les niveaux, les coachs, les clubs, la petite catégorie. C’est bien d’avoir une équipe, mais aussi la relève doit être assurée. Le Sénégal fait partie des rares pays de l’Afrique de l’Ouest à avoir un championnat régulier.
Vos ambitions pour le football féminin
Mon ambition, c’est d’amener le football féminin sénégalais au plus haut niveau du football africain et mondial. Déjà, l’objectif premier, c’était que le championnat soit régulier et qu’on joue partout au Sénégal. Il faut avouer que toutes les régions n’ont pas d’équipe, mais partout où il y a une équipe, les gens jouent. C’était très important. Maintenant que c’est fait, on peut se permettre d’aspirer à d’autres exploits. Au niveau de l’équipe nationale A, on ne s’est qualifié qu’à une seule Can depuis la création de l’équipe. Mon rêve, c’est que l’équipe nationale féminine du Sénégal se qualifie une seconde fois à la Can, pourquoi pas y aller régulièrement et aller le plus loin possible. On a commencé le travail, malheureusement, avec le Corona, tout est à l’arrêt. Mais rien que le tournoi Ufoa qu’on a remporté cette année pour une première fois est un grand exploit. Le travail continue, les ambitions sont là ainsi que les projets pour le développement du football féminin au Sénégal.
Premier trophée du Sénégal au tournoi Ufoa
J’ai eu un sentiment de satisfaction, vu le travail qu’on a accompli pour gagner ce trophée. Après, on reste sur notre faim, parce que notre objectif cette année, c’était de se qualifié à la Can. Le tournoi était pour nous une façon de se préparer, nous l’avons réussi ; maintenant, reste à se qualifier à la Can. On va attendre que les choses reprennent pour continuer le travail.
L’arrêt des tournois Ladies Turn
On n’a pas arrêté les tournois en fait, c’est que le concept c’était «Le foot féminin au cœur des quartiers». Au niveau de Dakar, on a tellement fait de tournois, du coup on n’avait plus de joueuses débutantes, c’est un travail colossal et il faut savoir que les clubs nous orientaient concernant les lieux. Alors, depuis 2 ans, on a changé de stratégie. Maintenant, on est dans la région de Thiès et on travaille avec 20 établissements. On fait le festival de foot de Grassroot et on va finir ce projet. L’idée, c’est de camper dans une région et essayer de toucher le maximum de personnes avant d’aller dans une autre région. Si on avait les moyens on allait décentraliser, mais on fait avec les moyens du bord.
Petites catégories
Avec la Direction technique nationale, on a commencé à travailler, avec le projet «Foot à l’école», à mettre sur pied un championnat U15. Le manque d’écoles de football, comme à Dakar qui n’en a que 2, aux Parcelles Assainies et à Grand-Yoff, ne nous permet pas encore d’organiser un championnat de petites catégories. C’est pour ça qu’on a opté à aller vers les écoles et après les écoles de football pourront prendre ces jeunes-là pour mettre en place des équipes et organiser plus aisément une compétition de petites catégories. On a aidé les filles qui ont réussi à mettre sur pied des écoles de football. Ce sont d’anciennes footballeuses et on les a formées et accompagnées de notre mieux. On va continuer à les appuyer. Avec mon association, on a formé 36 filles pour les aider à s’insérer dans le football. C’est mon combat de faire en sorte que la formation dès le bas âge soit une priorité dans le football féminin.
Organisation Can féminine au Sénégal
On y pense, aujourd’hui, avec les programmes de réhabilitation des stades. On n’est pas encore dans les dispositions d’organiser une Can parce qu’on n’a pas de terrains. Au moment opportun, nous présenterons notre candidature. On essaie de médiatiser le football féminin local, mais tout ne dépend pas de nous. Tout le monde doit s’y mettre et il reste encore des choses à faire.
Une ligue de football féminin
On est encore une commission. L’idéal serait que dans le futur on arrive à mettre en place une ligue féminine. Le football féminin a quand même du chemin à faire. Il ne faut pas se précipiter. Faisons les choses étape par étape et on va y arriver.
Retrait As Médiour
Ils ont arrêté, il y a deux ans. Je me suis approchée des dirigeants pour savoir le pourquoi de cet arrêt. Ils m’ont répondu que c’est parce que la plupart de leurs joueuses étaient parties et qu’ils avaient du mal à mettre sur pied une équipe compétitive. Franchement, en tant que responsable du football féminin, je ne peux pas aller chercher des joueuses pour un club. Donc chaque club se construit. Maintenant, Médiour garçons et filles a été désaffilié et je ne pense pas que c’est mon rôle de les réintégrer. Il y a des voies et moyens pour y arriver et ils peuvent le faire.