Wade est dans son droit absolu de se préoccuper du devenir de son fils. C’est l’avis de Thierno Lô, qui n’est pas non plus contre une amnistie pour Karim Wade, du moment qu’il est contre la Crei qui l’a condamné. Dans cet entretien, le tout nouveau Pca du Ter ne rate pas l’opposition, qu’il accuse d’avoir la «critique facile» et de penser que le pays se limite à Dakar et aux réseaux sociaux. Convaincu que Bby, dans le contexte actuel, «mérite d’être revue», l’allié du Président Sall trouve que c’est un patrimoine à préserver, pour l’histoire et la mémoire de Dansokho et Tanor. Sur la communication gouvernementale et de la majorité en général, il pense qu’il y a «un problème d’hommes» capables de porter le bilan du chef de l’Etat. Aussi, pour lui, il est important de «vite faire taire ceux qui ont un lourd passif ou sont saturés», pour désigner des communicants qui ont «une bonne image aux yeux de l’opinion, qui sont crédibles et savent de quoi ils parlent».
Les Echos : Macky s’est retrouvé avec Wade qui lui a même rendu visite. Quelle lecture faite-vous de ce rapprochement ?
Thierno Lô : Notre lecture, nous de la coalition «Adiana», est que c’est une suite logique de l’esprit de dialogue lancé par le président de la République depuis plusieurs années. Cette réception fut un haut moment de courtoisie et de convivialité.
A votre avis, en quoi ces retrouvailles entre Wade et Macky peuvent être bénéfiques au pays ?
Toute action de nature à faire du pays une zone de paix est à saluer, car sans la paix, il n’y a pas de développement. Un regard sur la sous-région avec les tensions qui s’annoncent au niveau de certains pays qui doivent organiser des élections et d’autres attaqués par les djihadistes, doit nous pousser à renforcer notre cohésion et notre solidarité. En plus, l’intérêt que représente le Sénégal à cause des importantes ressources annoncées doit nous pousser à la vigilance, pour éviter qu’on nous divise pour mieux les piller. Je ne crois pas à la malédiction du pétrole, mais à celle des hommes qui le gèrent d’une certaine façon.
On reproche au Président Wade de vouloir sauver la tête de son fils Karim, et qu’il y aurait, après les retrouvailles, un probable deal pour l’amnistier. Qu’en pensez-vous ?
C’est tout à fait légitime que le Président Abdoulaye Wade pense au devenir de son fils, mais, comme je n’étais pas à la table d’audience, je ne peux que faire confiance au Président Macky Sall, qui doit jouir de ses prérogatives constitutionnelles. Il est le maitre du jeu.
Etes-vous pour une amnistie de Karim Wade ?
Je suis dans une logique ; je ne peux pas être contre la Crei et valider ce qui vient d’elle. D’ailleurs, je m’étonne de voir certaines personnes fustiger la Crei et refuser l’amnistie à Karim Wade; et c’est la même chose pour Khalifa Sall. On notera encore la complexité des positions de nos compatriotes qui sont très versatiles. Quant aux partisans de Karim Wade et de Khalifa Sall, qui disent ne pas être demandeurs de grâce ou d’amnistie, c’est le jeu des politiciens. Quand je ne suis pas content d’une situation, elle ne me fait pas danser. Comme je disais lors de la Coupe d’Afrique, je ne fête pas une défaite.
Le dialogue national est entamé depuis longtemps. Est-ce que l’arrivée annoncée du Pds ne va pas remettre en cause les discussions et ententes déjà faites sur certaines questions ?
Je pense que les gens gagneraient à savoir qu’il n’y a pas de confusion dans la tête du président de la République qui, au-delà de son ouverture, ne fait l’objet d’aucune fragilité ou contrainte de nature à le perturber. Le Président Macky Sall ne tâtonne pas. il déroule un agenda tellement maitrisé, qui fait que depuis 2012, il n’a jamais perdu d’élections. Rien ne peut le perturber.
A votre avis, en quoi ce dialogue national est nécessaire, si l’on sait que le pouvoir a souvent fait cavalier seul pour les grandes décisions ?
Le dialogue est toujours nécessaire, car à défaut d’atteindre des consensus, il permet de savoir ce que les autres pensent et à d’autres de fertiliser ce que vous faites. Toujours est-il que c’est le Président qui procède à la mise en œuvre et à la validation de toutes les décisions.
Aujourd’hui, il est beaucoup question de la communication gouvernementale et de la mouvance présidentielle en général. Quelles sont les forces et faiblesses de cette communication ? Qu’est-ce qui manque ? Que faut-il améliorer ?
La communication pour un parti au pouvoir est très difficile, mais pour notre majorité, c’est un problème d’hommes capables de porter le bilan du Président Macky Sall. Il est bon dans tous les secteurs, bien qu’il reste des choses à parfaire ou à corriger, car aucune œuvre humaine n’est parfaite, et nous sommes aussi dans un pays ou tout est à faire et il y a plusieurs manques. Le séminaire organisé récemment au King Fahd nous a permis de faire le point et apporter les correctifs pour mieux porter le programme ambitieux du Président Macky Sall. Je retiens de ce séminaire que les ressources humaines sont disponibles, on n’a donc pas besoin de faire de l’importation. Il nous suffit de s’entendre sur deux aspects le QUI et le COMMENT.
Dans le QUI, il est important de designer les personnes qui ont une bonne image aux yeux de l’opinion, bien vues, qui sont crédibles et savent de quoi elles parlent. Il faut vite faire taire ceux qui ont un lourd passif ou sont saturés.
Le COMMENT communiquer, c’est la maitrise de nos émotions : ne pas se laisser emporter et savoir que quand on fait de la politique, il faut s’attendre à être attaqué ; d’où la nécessité de savoir répliquer et séduire l’opinion. Il faut se concentrer sur le bilan et agir avec respect et élégance, pour mieux parler aux populations, qui sont notre cible et non le journaliste ou notre co-débatteur. Le Président, en clôturant, a bien indiqué des axes de réflexion qui vont forcément renforcer le travail des différentes structures de communication.
Vous êtes nommé Pca du Ter et il y a eu beaucoup de critiques, même du côté de certains membres de l’Apr. Pourquoi avez-vous accepté ce poste ?
Bonne question ! Nous avons signé notre alliance avec le Président Macky Sall en 2014, année du Pse ; donc, une alliance basée sur un programme dans lequel il y a parmi les objectifs la mise en place d’infrastructures de dernière génération pour le soutien à la production et l’amélioration des affaires. Le problème de la majorité est qu’elle se laisse enfermer dans le débat des coûts, alors que la réponse se trouve dans l’utilité. Oui, l’investissement est lourd, mais très rentable ; il vous suffit de faire le calcul économique du nombre de personnes transportées depuis la banlieue, les nombreuses gares créées qui sont des zones économiques, sans oublier la gestion de l’environnement et des embouteillages dans la ville. Il faut attendre les premiers bilans pour se faire une idée. Les gens parlaient du Grand Théâtre et de l’avion présidentiel, aujourd’hui, ils nous servent à merveille. Vous m’avez pris au dépourvu, mais je vais revenir sur ce point avec un article qui va vous parler de l’utilité du Ter.
Oui, elle le joue bien, car toujours la critique facile, des comportements de citadins. Pour eux, le Sénégal, c’est Dakar. Pour certains, tout se gagne à travers les réseaux sociaux. Les Sénégalais connaissent et vivent le bilan. Ils rêvent du programme alléchant de Macky Sall et n’ont aucune proposition alternative.
Comment jugez-vous l’évolution de la mouvance présidentielle ? Doit-elle être restructurée ?
Par rapport au nouveau contexte, elle mérite d’être revue, mais ce qu’il y a d’important à retenir, c’est que Bby est le socle sur lequel s’est adossé le Président Macky Sall pour gagner toutes les élections. C’est un patrimoine qu’il faut conserver et consolider pour l’histoire et pour la mémoire de Dansokho et de Tanor, car ce dernier disait tout le temps que Benno devait continuer à gérer le pays.
Entretien réalisé par Mbaye THIANDOUM
Les Echos : Macky s’est retrouvé avec Wade qui lui a même rendu visite. Quelle lecture faite-vous de ce rapprochement ?
Thierno Lô : Notre lecture, nous de la coalition «Adiana», est que c’est une suite logique de l’esprit de dialogue lancé par le président de la République depuis plusieurs années. Cette réception fut un haut moment de courtoisie et de convivialité.
A votre avis, en quoi ces retrouvailles entre Wade et Macky peuvent être bénéfiques au pays ?
Toute action de nature à faire du pays une zone de paix est à saluer, car sans la paix, il n’y a pas de développement. Un regard sur la sous-région avec les tensions qui s’annoncent au niveau de certains pays qui doivent organiser des élections et d’autres attaqués par les djihadistes, doit nous pousser à renforcer notre cohésion et notre solidarité. En plus, l’intérêt que représente le Sénégal à cause des importantes ressources annoncées doit nous pousser à la vigilance, pour éviter qu’on nous divise pour mieux les piller. Je ne crois pas à la malédiction du pétrole, mais à celle des hommes qui le gèrent d’une certaine façon.
On reproche au Président Wade de vouloir sauver la tête de son fils Karim, et qu’il y aurait, après les retrouvailles, un probable deal pour l’amnistier. Qu’en pensez-vous ?
C’est tout à fait légitime que le Président Abdoulaye Wade pense au devenir de son fils, mais, comme je n’étais pas à la table d’audience, je ne peux que faire confiance au Président Macky Sall, qui doit jouir de ses prérogatives constitutionnelles. Il est le maitre du jeu.
Etes-vous pour une amnistie de Karim Wade ?
Je suis dans une logique ; je ne peux pas être contre la Crei et valider ce qui vient d’elle. D’ailleurs, je m’étonne de voir certaines personnes fustiger la Crei et refuser l’amnistie à Karim Wade; et c’est la même chose pour Khalifa Sall. On notera encore la complexité des positions de nos compatriotes qui sont très versatiles. Quant aux partisans de Karim Wade et de Khalifa Sall, qui disent ne pas être demandeurs de grâce ou d’amnistie, c’est le jeu des politiciens. Quand je ne suis pas content d’une situation, elle ne me fait pas danser. Comme je disais lors de la Coupe d’Afrique, je ne fête pas une défaite.
Le dialogue national est entamé depuis longtemps. Est-ce que l’arrivée annoncée du Pds ne va pas remettre en cause les discussions et ententes déjà faites sur certaines questions ?
Je pense que les gens gagneraient à savoir qu’il n’y a pas de confusion dans la tête du président de la République qui, au-delà de son ouverture, ne fait l’objet d’aucune fragilité ou contrainte de nature à le perturber. Le Président Macky Sall ne tâtonne pas. il déroule un agenda tellement maitrisé, qui fait que depuis 2012, il n’a jamais perdu d’élections. Rien ne peut le perturber.
A votre avis, en quoi ce dialogue national est nécessaire, si l’on sait que le pouvoir a souvent fait cavalier seul pour les grandes décisions ?
Le dialogue est toujours nécessaire, car à défaut d’atteindre des consensus, il permet de savoir ce que les autres pensent et à d’autres de fertiliser ce que vous faites. Toujours est-il que c’est le Président qui procède à la mise en œuvre et à la validation de toutes les décisions.
Aujourd’hui, il est beaucoup question de la communication gouvernementale et de la mouvance présidentielle en général. Quelles sont les forces et faiblesses de cette communication ? Qu’est-ce qui manque ? Que faut-il améliorer ?
La communication pour un parti au pouvoir est très difficile, mais pour notre majorité, c’est un problème d’hommes capables de porter le bilan du Président Macky Sall. Il est bon dans tous les secteurs, bien qu’il reste des choses à parfaire ou à corriger, car aucune œuvre humaine n’est parfaite, et nous sommes aussi dans un pays ou tout est à faire et il y a plusieurs manques. Le séminaire organisé récemment au King Fahd nous a permis de faire le point et apporter les correctifs pour mieux porter le programme ambitieux du Président Macky Sall. Je retiens de ce séminaire que les ressources humaines sont disponibles, on n’a donc pas besoin de faire de l’importation. Il nous suffit de s’entendre sur deux aspects le QUI et le COMMENT.
Dans le QUI, il est important de designer les personnes qui ont une bonne image aux yeux de l’opinion, bien vues, qui sont crédibles et savent de quoi elles parlent. Il faut vite faire taire ceux qui ont un lourd passif ou sont saturés.
Le COMMENT communiquer, c’est la maitrise de nos émotions : ne pas se laisser emporter et savoir que quand on fait de la politique, il faut s’attendre à être attaqué ; d’où la nécessité de savoir répliquer et séduire l’opinion. Il faut se concentrer sur le bilan et agir avec respect et élégance, pour mieux parler aux populations, qui sont notre cible et non le journaliste ou notre co-débatteur. Le Président, en clôturant, a bien indiqué des axes de réflexion qui vont forcément renforcer le travail des différentes structures de communication.
Vous êtes nommé Pca du Ter et il y a eu beaucoup de critiques, même du côté de certains membres de l’Apr. Pourquoi avez-vous accepté ce poste ?
Bonne question ! Nous avons signé notre alliance avec le Président Macky Sall en 2014, année du Pse ; donc, une alliance basée sur un programme dans lequel il y a parmi les objectifs la mise en place d’infrastructures de dernière génération pour le soutien à la production et l’amélioration des affaires. Le problème de la majorité est qu’elle se laisse enfermer dans le débat des coûts, alors que la réponse se trouve dans l’utilité. Oui, l’investissement est lourd, mais très rentable ; il vous suffit de faire le calcul économique du nombre de personnes transportées depuis la banlieue, les nombreuses gares créées qui sont des zones économiques, sans oublier la gestion de l’environnement et des embouteillages dans la ville. Il faut attendre les premiers bilans pour se faire une idée. Les gens parlaient du Grand Théâtre et de l’avion présidentiel, aujourd’hui, ils nous servent à merveille. Vous m’avez pris au dépourvu, mais je vais revenir sur ce point avec un article qui va vous parler de l’utilité du Ter.
Oui, elle le joue bien, car toujours la critique facile, des comportements de citadins. Pour eux, le Sénégal, c’est Dakar. Pour certains, tout se gagne à travers les réseaux sociaux. Les Sénégalais connaissent et vivent le bilan. Ils rêvent du programme alléchant de Macky Sall et n’ont aucune proposition alternative.
Comment jugez-vous l’évolution de la mouvance présidentielle ? Doit-elle être restructurée ?
Par rapport au nouveau contexte, elle mérite d’être revue, mais ce qu’il y a d’important à retenir, c’est que Bby est le socle sur lequel s’est adossé le Président Macky Sall pour gagner toutes les élections. C’est un patrimoine qu’il faut conserver et consolider pour l’histoire et pour la mémoire de Dansokho et de Tanor, car ce dernier disait tout le temps que Benno devait continuer à gérer le pays.
Entretien réalisé par Mbaye THIANDOUM
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