PROCES IMAM NDAO ET CIE: le délibéré est fixé au 19 juillet prochain

 
Les plaidoiries terminées, la parole a été donnée hier à l’ensemble des accusés pour qu’ils puissent dire leur dernier mot avant la clôture des débats. Si certains se sont exprimés, d’autres n’ont pipé mot. Ceci, avant que le juge Samba Kane ne fixe le délibéré pour le 19 juillet prochain dans une salle en sanglots.
 
Hier, les débats du procès des présumés djihadistes ont été clôturés dans une ambiance émaillée d’émotion. Avant que le juge ne fixe le délibéré pour le 19 juillet prochain, des cris et des pleurs se sont fait entendre dans toute la salle. Mais auparavant, le juge Samba Sall avait donné la parole aux accusés afin qu’ils disent leur dernier mot. Invité le premier devant le prétoire, Mouhamed Ndiaye a commencé à rendre grâce au bon Dieu. L’accusé, qui est revenu sur son voyage au Nigeria, a expliqué n’avoir jamais commis un délit en Mauritanie où il a séjourné 10 ans durant. Mais, dit-il, ce sont les autorités sénégalaises qui lui reprochaient quelque chose. Confirmant qu’il a été au Nigeria, Ibrahima Diallo a récité face à la Chambre quelques versets du Coran dans lesquels Dieu disait à Daouda «De juger les gens dans la vérité et non le contraire sinon cela le conduira à un châtiment».
 
Coumba Niang «ne peut pas parler», Saliou Ndiaye ne «sait pas jusqu’à présent ce qui lui est reproché», Latyr Niang nie
 
Pour sa part, Coumba Niang a déclaré devant la barre qu’elle ne pouvait pas parler. Retournant à son siège, l’épouse de second rang de Diokhané a failli trébucher et tomber. Elle a été accueillie par des «Allakhou Akbar» de la part des accusés et de l’assistance. A sa suite, Saliou Ndiaye a soutenu que leur mission était de protéger les gens, comme le souhaite le procureur. Tout de même, il a expliqué qu’il ne savait pas jusqu’à présent ce qu’on lui reproche.
 
 
Abdou Aziz Dia : «Les enquêteurs n’ont trouvé que 500 F chez moi. Je vis avec mes parents qui sont vieux et qui ont besoin de moi»
 
 
Sur ce, a-t-il ajouté, il n’a ni envoyé de message à imam, ni financé  le terrorisme. Latyr Niang a martelé n’avoir jamais adhéré à ces faits qu’on lui reproche. «Je réitère ce que j’avais dit. Je n’ai jamais dit que les compagnons avaient reçu de l’argent pour aller se battre. De plus, je n’ai jamais dit que j’ai participé à des combats au Nigeria. Les enquêteurs n’ont trouvé que 500 F chez moi lors de leurs perquisitions. Je vis avec mes parents qui sont vieux et qui ont besoin de moi. C’est tout ce que j’avais à dire», affirme pour sa part Abdou Aziz Dia.
 
Ibrahima Hanne : «Ma famille et ma femme ont besoin de moi. J’ai aussi de petits enfants qui ont besoin de moi»
 
Remerciant la sérénité de la Chambre sur la manière dont l’audience a été menée, Ibrahima Hanne de préciser que certes les agents sont là pour veiller sur notre sécurité, mais, poursuit-il, lorsqu’ils arrêtent des personnes, il faut qu’ils le fassent avec des preuves à l’appui. Alioune Badara Sall d’indiquer pour sa part : «je crois bien que le Bon Dieu a voulu que je passe par cette épreuve. Je n’ai rien fait. Mes parents m’ont inculqué des valeurs. Ma famille et ma femme ont besoin de moi et j’ai aussi de petits enfants qui ont besoin de moi».
 
Boubacar Décol Ndiaye : «ma mère est malade, je veux m’occuper d’elle parce que mon père est décédé»
 
 
Boubacar Décol Ndiaye, lui, souhaite continuer à s’acquitter des devoirs envers sa mère malade, parce que son père est décédé. Omar Yaffa a martelé que les propos qu’il a tenus face à la Chambre sont ceux-là qu’elle devrait prendre en compte. «J’étais au Nigeria pour apprendre le Coran et non pour faire des entrainements comme l’ont dit les agents. Je pensais qu’en arrivant au Sénégal, ma souffrance allait s’estomper, mais elle perdure jusqu’à présent», s’est indigné Ibrahima Mballo, qui a ajouté n’avoir jamais eu l’intention d’installer un projet djihadiste au Sénégal.
 
Mor Mbaye Dème : «c’est très facile de toquer à la porte des gens et de les taxer de terroriste»
 
Mor Mbaye Dème a, lui, dit que c’est très facile de venir toquer à votre porte en vous taxant de terroriste. Même les Européens n’arrêtent pas les gens ainsi, a-t-il poursuivi en demandant qu’on le laisse rentrer chez lui pour continuer ses activités. Remerciant toute sa famille, plus particulièrement son épouse Oumou Kalsoum, Mouhamadou Moustapha Mbaye a dit que ceci était pour lui une épreuve d’Allah. Il poursuit en expliquant que ceci ne les a pas tués pas mais les rend plus forts. Aussi, il a souligné qu’il espère être fort pour sa famille et son père qui l’attendaient. Selon lui, on l’a arrêté comme un terroriste, puis mis sa photo en le diabolisant, avant qu’on ne vienne leur dire qu’ils n’ont rien fait. Soutenant que ces accusations lui ont fait mal jusqu’au plus profond de soi, Ibrahima Ndiaye de préciser qu’il aimerait que Dieu le tue, si jamais il  devait assister à la commission de ces actes terroristes au Sénégal. «Je vais commencer à dire que je ne suis pas un terroriste. Je n’appartiens pas à une association de ce genre. Je suis musulman et un musulman ne peut pas être un terroriste. Je demande à la Chambre que ma liberté me soit rendue pour que je puisse continuer les études», a sollicité Pape Kibily Coulibaly.
 
 
Moustapha Diatta : «Même ma mère est presque paralytique…»
 
El Hadji Mama Ba a affirmé qu’il ne connaissait que la mosquée et la maison. Jusqu’à présent, dit-il, il ne sait pas ce qu’il fait à la barre. Tout de même, il a demandé la restitution de son ordinateur, ses 2500 et sa clé USB qui ont été saisis. «Je suis victime et je demande de l’aide, parce que nous qui sommes en prison, nous n’avons pas la parole. Les médias écrivent que Moustapha Diatta est terroriste. Même ma mère est presque paralytique à cause de ces choses qu’elle a vues et entendues. Lorsque le procureur a requis 20 ans à mon encontre, c’était comme si j’étais acquitté dans mon cœur, parce que je suis convaincu que je n’ai rien fait», s’est convaincu Moustapha Diatta. «Je remercie la Chambre, les avocats et le public. Je ne vais pas dire que cela me fait mal. Toute chose a été décrétée par Allah. Et c’est lui qui a inscrit ceci dans mon destin. Cela ne me fait pas mal, mais c’est l’honneur de ma famille et de ma mère qui a été atteint. J’espère que justice sera rendue et le droit sera dit», a-t-il pesté.
A sa suite, Cheikh Ibrahima Ba de dire: «Je n’ai jamais vécu une telle épreuve depuis ma naissance. Je rends grâce à Dieu du fait que je n’ai pas tué, ni volé personne. C’est la charia qui m’a poussé à aller au Nigeria parce qu’on m’a dit qu’elle est appliquée là-bas».
Les accusés Abdou Akim Mbacké Bao, Marième Sow, Amy Sall, Daouda Dieng, Mouhamadou Lamine Mballo, Omar Keita, Lamine Coulibaly et Abou Diallo n’ont pas voulu parler lorsque la parole leur été donnée.
 
 
Fatou D. DIONE