Le Comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football a statué hier, sur les modalités de démarrage de la saison 2020-2021. Parmi les décisions figure celle de renvoyer le démarrage du championnat national au 2 janvier 2021. Un renvoi qui fait grogner les acteurs.
Le 8 juillet dernier, le Comité exécutif avait pris les décisions de mettre un terme définitif aux différentes compétitions de la saison 2019-2020 suspendues à mi-parcours à cause de la pandémie du Covid-19 ; de ne pas décerner de titres et de geler les promotions et relégations à tous les échelons pour ladite saison, compte tenu du ratio insuffisant de matchs disputés ; de désigner les équipes de Ligue 1 les mieux classées à la dernière journée de la phase aller du championnat professionnel pour représenter le Sénégal, respectivement à la Ligue des Champions et à la Coupe Caf, mais aussi de fixer le démarrage de la nouvelle saison 2020-2021 au 31 octobre 2020.
Hier, le Comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football, statuant sur les modalités de démarrage de la saison, a pris les décisions suivantes : ouverture de la saison avec les formalités administratives le 31 octobre 2020, début des compétitions nationales le 2 janvier 2021. Les périodes d'enregistrement pour la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) s’étendent pour la première période du 1er novembre 2020 au 15 janvier 2021 et pour la deuxième du 1er au 29 avril 2021. Pour la Ligue de football amateur (Lfa), elle sera pour la première période du 16 décembre 2020 au 15 février 2021 et du 2 mai 2021 au 30 mai 2021 pour la deuxième période. Des décisions qui ne font pas l’unanimité chez les acteurs du football local.
Youssouph Dabo coach Teungueth FC : «je tombe des nues, Il faut penser aux acteurs, aux coachs, mais surtout aux joueurs»
«Honnêtement, je ne sais même pas quoi dire. Je tombe des nues en fait. Là je suis dépassé, je ne comprends pas du tout pourquoi on a déplacé le début du championnat au 2 janvier. Il faut penser aux acteurs, aux coachs, mais surtout aux joueurs, parce que moralement, ils seront abattus. Ils sont privés de travail depuis mars, même si on sait que la maladie est là ; mais quand je vois les pays d’Afrique qui jouent, notamment le Mali qui est juste à côté, je me demande c’est quoi réellement le problème. Je suis sans voix quand on nous parle de janvier 2021. C’est très difficile. J’ai l’impression qu’on ne pense pas à eux, c’est vraiment dommage, parce que ça ne nous avance pas. Qu’ils donnent 3 ou 6 mois de préparation, après être resté 10 mois sans jouer, c’est énorme, c’est trop. Ça ne change rien du tout, ces 3 mois de préparation. Le problème n’est pas que physique, il faut prendre le joueur, l’humain et le mettre au centre du débat. Comment doit être la personne qui est privée de travail pendant 10 mois mentalement ? C’est ça le problème d’abord. Les rassemblements, ce n’est pas qu’ici que c’est interdit. Les autres ont trouvé des solutions pour pouvoir démarrer leurs championnats. Si on ne cherche pas de solution, on ne peut pas en trouver.»
Abatalib Fall, coach Glosports Académie : «ce sera un énorme problème pour réathlétiser les joueurs»
«Ce sera très dur pour les joueurs et les entraineurs. On reste presque un an sans jouer. Ça fait quand même 10 mois sans exercer. Pour l’année de la Coupe du monde, on a joué 6 mois et là, pour la saison 2019-2020, on n’a joué que 3 mois. Donc sur 24 mois, on n’a joué que les 9. Sur le plan physique, on ne pourra même pas évaluer le désastre. Ce sera un énorme problème pour réathlétiser les joueurs. Quand on parle de football professionnel, on doit prendre en compte le mécanisme de précision, comme on le dit dans le jargon footballistique. Un sportif qui reste 3 mois sans s’entrainer comme il faut, perd de sa valeur. 10 mois quand même, c’est beaucoup trop. D’ici novembre, on va revoir les protocoles sanitaires, parce qu’à ce rythme-là les conditions de reprise doivent être revues. Sur le plan financier aussi, il faut le dire, beaucoup de présidents de club doivent de l’argent aux coachs et aux joueurs.»
Assane Mbodj, joueur de Jaraaf : «cette décision est une honte pour le football sénégalais»
«Je n’ai pas compris pourquoi les dirigeants ont fait ce changement de décision. Cette décision est une honte pour le football sénégalais, c’est vraiment honteux. On a attendu pendant tout ce temps sans compétir. Ça ne nous arrange pas de rester autant de temps sans jouer. On a une carrière à promouvoir et on ne peut pas le faire dans ces conditions-là. On perd trop de temps, mais aussi beaucoup d’opportunités à faire valoir nos talents. C’est vraiment dommage pour nous joueurs du championnat local. Sur le plan individuel, on est mentalement affaiblie par ces décisions. Ça doit être revu. Maintenant, comment on va faire ? On interdit les terrains de foot et les plages, comment faire pour maintenir notre forme ; je suis désolé, mais c’est la pire des décisions».
Momo Cissé, défenseur AS Douane : «les dirigeants sénégalais ne nous respectent pas nous les joueurs du championnat local»
«Cette décision me surprend. Je suis désolé de le dire, mais les dirigeants sénégalais ne nous respectent pas, nous les joueurs du championnat local. Après 7 mois de vacances forcées, on nous oblige encore à rester plus de 4 mois sans jouer. Comment une nation qui se dit de football peut rester 10 mois sans jouer au football ? On ne peut pas être premier en Afrique et ne pas jouer notre championnat pendant autant de temps. C’est inimaginable. Pourquoi n’avoir pas fait comme en Europe ou même dans certains pays africains qui ont déjà repris les chemins des terrains ?»
Cheikh Oumar Aïdara, consultant en football : «il faut que la Fédération décline un plan d'orientation stratégique de soutien aux clubs afin qu'ils puissent rattraper une partie du temps perdu»
«Cette décision ne m'a pas trop surpris ; n'oublions pas que l'Etat a délégué un pouvoir à la Fédération. Cette dernière, étant investie d'une mission de service public, agit au nom de l'Etat ; du coup, les termes de référence de la lutte contre la pandémie sont à prendre en compte dans les décisions du Comité exécutif fédéral. C'est ce qui justifie cette décision. Au regard des incertitudes sur l'évolution de la pandémie, il fallait que la Fédération vise une date raisonnable pour le redémarrage du championnat, soit une date à court terme avec la prise de toutes les mesures sanitaires idoines, ou bien une date à long terme avec moins de risques. Ils ont choisi la deuxième option. Toutefois, il faut reconnaître que le mois de janvier n'arrangerait pas les acteurs, notamment les footballeurs qui sont quand même restés depuis le mois de mars dernier sans jouer et sans oublier aussi le fait qu'ils avaient tardivement démarré la saison dernière faute de moyens de la part de la Ligue pro. Le ratio de matchs joués par les joueurs ne plaide pas en leur faveur dans le marché des transferts. Si l'on sait que normalement un joueur doit avoir 37 matchs dans la saison pour être au top et espérer un transfert international. Au-delà de ça, les équipes fanions sénégalaise en Afrique risquent d'être très courtes dans les phases de compétition Ligue des champions et Coupe Caf ; d'autant plus que certains pays se sont quand même organisés pour vite reprendre leurs championnats. D'ailleurs, le Mali a déjà démarré. La décision est tombée, mais il faut que la Fédération décline un plan d'orientation stratégique de soutien aux clubs afin qu'ils puissent rattraper une partie du temps perdu avant le mois de janvier ; sinon, il faudra attendre au moins entre 3 à 4 ans pour revoir le championnat revenir à une forme idéale sur tous les plans.»
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