Le parti Farlu hausse le ton. Alors que l’ancien ministre, maire et député Moustapha Diop demeure en détention depuis plusieurs mois, sa formation politique dénonce vigoureusement une « situation arbitraire » qu’elle attribue à l’« attitude incompréhensible » du Premier président de la Cour d’appel de Dakar, Abdoulaye Bâ, par ailleurs président de la Haute Cour de Justice. Dans un communiqué rendu public, le parti parle de « règlements de comptes politiques » et accuse frontalement le magistrat d’être le principal obstacle à la libération de leur leader.
Selon Farlu, la dernière réunion de la Commission de la Haute Cour de justice, chargée de statuer sur la demande de liberté provisoire, illustre parfaitement cet « acharnement ». Composée de cinq magistrats et présidée par Abdoulaye Bâ, la commission aurait, d’après le parti, unanimement penché pour la libération du député — à l’exception d’un seul membre : Abdoulaye Bâ lui-même. Un vote isolé que la formation politique qualifie de « refus personnel », révélateur d’un parti pris qui, selon elle, « n’a plus rien de judiciaire ».
Farlu s’inquiète par ailleurs de la configuration actuelle de la Haute Cour de justice, présentée comme une institution « livrée à la seule discrétion » de son président, avec des décisions sans voie de recours et sans délai légal. Une situation jugée « gravissime dans un État de droit », qui confère au magistrat un pouvoir quasiment absolu sur le sort du mis en cause.
Le dossier financier au cœur des accusations contre Moustapha Diop est également qualifié d’incohérent. Les montants évoqués auraient varié de manière inexplicable : 2,5 milliards de francs Cfa, puis 938 millions, ensuite 12 millions, pour finalement tomber à zéro franc. Le parti rappelle que les deux fournisseurs mis en cause, Ibrahima Macodou Fall et Mariata Basse, ont confirmé que toutes les prestations avaient été exécutées et intégralement payées. Selon Farlu, cet élément suffit à démontrer que « le dossier est vide » et que l’ancien ministre n’a jamais été épinglé par aucun rapport, ni de la Cour des comptes ni d’un autre organisme de contrôle.
Face à ce qu’il considère comme un « traitement injuste », le parti appelle Abdoulaye Bâ à « faire preuve de responsabilité » et à cesser un acharnement jugé contraire aux principes fondamentaux de la justice sénégalaise. Farlu convoque la mémoire de magistrats respectés tels que Kéba Mbaye, présentés comme des modèles d’intégrité dont l’exemple devrait, selon eux, guider l’actuelle hiérarchie judiciaire.
Les militants de Moustapha Diop, au Sénégal comme dans la diaspora, affirment avoir jusque-là privilégié une démarche républicaine. Mais ils n’excluent plus de « passer à la vitesse supérieure » si la situation perdure, estimant que les droits fondamentaux de leur leader « ont été gravement bafoués ».
Enfin, le parti appelle la société civile, les forces vives de la Nation et les organisations de défense des droits humains à se mobiliser pour dénoncer ce qu’il présente comme un « acharnement » et à exiger le respect strict de l’État de droit. Pour Farlu, l’affaire Moustapha Diop dépasse désormais le cas d’un homme : elle interroge le fonctionnement même de la justice sénégalaise.
Sidy Djimby NDAO












