Les 12 jeunes qui ont été interpellés le 2 février dernier aux abords de la maison de Ousmane Sonko, à la cité Keur Gorgui, ont comparu hier devant le tribunal d'instance de Dakar pour manifestation non déclarée. Le procureur a requis 6 mois de prison ferme contre 5 d’entre eux et pour le reste de la bande, il s'est rapporté à la sagesse du tribunal.
Les jeunes qui ont été arrêtés le 2 février dernier à la cité Keur Gorgui et aux alentours de la maison de Ousmane Sonko ont été finalement jugés, hier, devant le tribunal d'instance de Dakar. Ils sont au nombre de 12. Il s'agit ainsi de Boubacar Baldé, Ibrahima Pouye, Fakeba Cissé, Alpha Moussa Sow, Djiby Faye, Cheikh Dièye, El Hadji Malick Gaye, Matar Cissé, Lamine Ndom, Abdou Daouda Kébé, El Hadji Badji et Mouhamed Touré. Tous sont poursuivis pour le délit de manifestation non déclarée. Selon la représentante du procureur, c'est le 2 février 2023, date à laquelle l'opposant Ousmane Sonko devait répondre à la plainte pour diffamation initiée par le ministre Mame Mbaye Niang, que les faits ont eu lieu. D'après elle, comme le leader de Pastef avait dit sur les réseaux sociaux qu'il n'allait pas déférer à la convocation du juge, ces prévenus se sont présentés au palais de justice de Dakar où il n'y avait aucune manifestation. N'ayant constaté une manifestation en ville, précise-t-elle, elles se sont rendus chez Sonko.
À la barre du tribunal, ils ont tous nié les faits. Mais, les dénégations du tailleur Alpha Moussa Sow, du plâtrier Hadji Badji ne vont pas pour autant les disculper à la barre. Car, lorsqu'ils ont été auditionnés à la police, ils ont soutenu s'être rendus à la cité Keur Gorgui lorsqu'ils ont constaté qu'il n'y avait pas de manifestation en ville où ils se trouvaient. Cependant, ils ont nié avoir tenu de telles déclarations face aux enquêteurs. Parmi les personnes alpaguées lors de ses manifestations figure le journaliste du site d'information «Sénégal 221», Matar Cissé. Domicilié à Sacré cœur 3, il a révélé que le jour des faits, il s'est rendu à la cité Keur Gorgui. L'homme qui se réclame journaliste n'a pourtant pas brandi sa carte professionnelle pour prouver cela face aux agents interpellateurs. En plus, ce qui a le plus fait douter la procureure, c'est qu'il avait dit qu'il était ouvrier.
Maître-coranique de son état, Abdou Daouda Kébé a indiqué qu'il dispensait des cours non loin de la manifestation. «J’ai été malmené par les gendarmes. J’ai même perdu connaissance au moment de mon interpellation», dit-il. Ce qui est constant, selon le ministère public, c'est qu'ils ont tous été pris aux alentours de la maison de Ousmane Sonko. Ainsi, elle a requis 6 mois de prison ferme contre Lamine Ndom, Djiby Faye, El Hadji Badji, Cheikh Dièye et Alpha Moussa Sow. Par rapport aux autres mis en cause, elle s'est rapportée à la sagesse du tribunal pour leur peine. Le pool des avocats de la défense a demandé le renvoi des fins de la poursuite de leurs clients.
Fustigeant le procès-verbal d'enquête qui a été dressé par les gendarmes, Me Moussa Sarr de marteler : «dans cette affaire, il y a un acharnement qui se concrétise de jour en jour. C'est une déclaration politique que la gendarmerie a faite sur le résumé des faits. C'est choquant en disant qu'ils sont tous de Pastef». Se joignant à lui, Me Khoureichi Ba de renchérir : «au Sénégal, Sonko est le chef de l'opposition, qu'on le veuille ou non. On lui doit du respect. Sonko est une bénédiction pour le Sénégal. Pourquoi ces prévenus n'ont pas le même traitement que les gosses qui suivent le convoi de Macky Sall ? Pourquoi cette discrimination ? C'est ce qui doit vous interpeller Mme le Président. On parle de Sonko alors qu'il est resté chez lui. Ce Pv est écrit par des gendarmes égarés. J'ai tellement honte». Après sa plaidoirie, le tribunal a rejeté la demande de mise en liberté provisoire qu'ils ont formulée avant de fixer le délibéré pour après-demain 16 février prochain.
Fatou D. DIONE