Devant la Chambre criminelle de Dakar, où il comparaissait, mardi dernier, le berger résidant à Diamniadio, Amady Dia, qui a passé 5 ans en détention préventive, encourt 15 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs, tentative de vol avec violences et détention d'arme sans autorisation administrative. Courant 2014, avec d'autres complices, il s’était introduit dans la maison des Goudiaby pour voler des moutons. Il sera fixé sur son sort le 25 juin prochain.
Le berger Amady Dia, même s'il dit avoir un troupeau, a été accusé par la famille Goudiaby de Diamniadio d’avoir tenté de voler ses moutons. Né en 1982 à Sébikotane, Amady Dia domicilié à Diamniadio a été placé sous mandat de dépôt, le 20 février 2014. Sur les faits qui lui sont reprochés, il a résulté des débats que, dans la nuit du 10 au 11 février 2014, vers les coups de 2h du matin, les éléments de Diamniadio ont été informés que des individus armés de coupe-coupe, machettes et armes à feu tentaient de cambrioler la maison des Goudiaby. Mais, ayant senti qu'ils ont été découverts, les malfrats ont pris la tangente. Malheureusement pour Amady Dia, il a eu la malchance d'être arrêté. Ainsi, il a été ligoté, puis si violemment battu qu'il s’est réveillé à l'hôpital.
L’accusé essaie de se laver
Après 5 ans de détention préventive, l'accusé a comparu mardi dernier devant la Chambre criminelle de Dakar, où il a encore tout nié. Il a juré qu’il ne faisait pas partie de ceux qui voulaient voler les moutons au domicile de la famille Goudiaby. Il a expliqué que ce jour-là, il était parti voir son troupeau et que c'est en cours de route qu'il a rencontré les plaignants qui poursuivaient les voleurs. «Je les ai rencontrés fortuitement cette nuit-là, au moment où je me rendais à l’enclos de mon troupeau. C'est là que l'un d'entre eux m'a surpris par derrière en m'assenant un coup. Après, ils m’ont transporté chez eux pour ensuite dire qu'ils ont attrapé un voleur. Ce qu'ils ont dit n'est pas vrai. Ils étaient 7 personnes à me bastonner», s'est défendu Amady Dia, qui a précisé au parquetier qu'il n'a jamais été entendu à la police, mais qu'il a été présenté au procureur après sa sortie de l'hôpital.
Des déclarations démenties par la partie civile Aliou Goudiaby, qui explique : «ils étaient 4 personnes qui sont entrées à l'improviste dans la maison. Ils sont directement allés vers l'enclos des moutons. L'un d'eux commençait à couper les grilles avec un rase-clou. Les trois ont fui; on a réussi à prendre Amady Dia dans la maison et il détenait un coupe-coupe et un rase clou. Ses acolytes tiraient des coups de feu sur la maison pour le libérer. Avec un coupe-coupe, il a tranché la main de mon frère Oumar Goudiaby», déclare cette partie civile qui n'a pas réclamé d'intérêts civils. Son frère, Oumar Goudiaby, entendu en qualité de témoin à la barre, a affirmé que contrairement à ces déclarations, Amady Dia a été maîtrisé dans la maison et détenait un coupe-coupe et un rase-clou. Il ajoute qu'il y avait d'autres personnes qui jetaient des pierres sur la maison.
Le procureur charge Amady Dia et demande 15 ans de travaux forcés
Interrogé, Lamine Sané a aussi indiqué que l'accusé n'a pas été ligoté, contrairement à ce qu’il le prétend. Le procureur, qui n'a pas cru un mot de ce qu'a dit Amady Dia, a souligné que ce ne sont que des mensonges, s'il dit avoir été interpellé en cours de route, conduit dans ce domicile, avant d’y être attaché et bastonné. Sur ce, le parquetier a confirmé que ses co-acolytes qui étaient armés tiraient des coups de feu pour libérer Amady Dia, alors détenu dans la demeure des Goudiaby. «L'association de malfaiteurs ne souffre d'aucune contestation. La détention d'arme sans autorisation administrative aussi existe parce qu'il a été retrouvé dans la maison avec un coupe-coupe avec lequel il a blessé l'un des frères Goudiaby. Je sollicite 15 ans de travaux forcés à son encontre», lâche le procureur.
La défense démonte les accusations
Prenant ainsi son contrepied, l'avocate de la défense a décrié les conditions dans lesquelles son client Amady Dia a été interpellé. «Les gendarmes l'ont trouvé dans un piteux état avant qu'il ne soit admis en réanimation à l'hôpital Principal. Il n'a pas été entendu par les enquêteurs parce qu'après sa sortie de l'hôpital, il a atterri devant le procureur. De plus, les agents vous ont dit avoir trouvé un individu attaché et battu à mort dans la maison des Goudiaby. Ces derniers ne sont pas capables de vous dire dans quelles circonstances il a été interpellé», s'offusque la robe noire, qui poursuit : «les déclarations des témoins sur le nombre de malfaiteurs diffèrent. Cette version qu'ils ont servie ne peut pas vous permettre d'entrer en voie de condamnation contre lui ou bien lui imputer les faits. Il n’a pas été entendu à la gendarmerie pour se prononcer sur les faits, mais il a été conduit devant le procureur après son réveil de l'hôpital. Pour l'association de malfaiteurs, il n'est pas prouvé que Amady Dia connaisse ou ait des relations avec les supposés malfaiteurs. Pour parler de tentative de vol, il faudrait que cela soit prouvé, alors que les agents n'ont pas fait état de moutons dans cette affaire», conclut l'avocate, qui a demandé à la Chambre d'acquitter son client au bénéfice du doute. Il sera fixé sur son sort le 25 juin 2019.
Fatou D. DIONE
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