Enfin, le Dg d’Air Sénégal rompt le silence. Ibrahima Kane, qui a rencontré hier des responsables de rédaction, a fait avec eux le tour de l’actualité de la compagnie nationale, avec les «irrégularités» connues récemment, sa politique de développement, ses ambitions…
Air Sénégal trace petit à petit son sillon. Avec 400.000 passagers transportés en 2019, la compagnie nationale vise la barre des 700.000 passagers cette année. Et c’est un objectif réaliste, si l’on se réfère à la politique de la compagnie, qui privilégie les destinations où elle est quasiment certaine de gagner en clientèle. «Notre part de marché sur nos destinations nous place systématiquement premier ou second. Et ça c’est une performance notable», a fait savoir le Directeur général Ibrahima Kane. Qui se félicite de l’apport des nationaux. «Hier (jeudi), notre vol sur Paris était rempli à presque 100%, parce que les gens sont fiers de voyager par Air Sénégal. Quand les gens sont à bord d’Air Sénégal, ils sont fiers, parce que c’est leur compagnie. Tout ça pour nous c’est positif», dit-il. Aussi, le patron du pavillon Sénégal note que dans son positionnement, la compagnie a fait preuve de beaucoup d’opportunisme. Par exemple, sur la ligne Dakar-Marseille, elle a profité du fait qu’Aigle Azur n’assure plus la desserte. Idem pour la ligne Dakar-New-York, qui est délaissée par South Africa Airlines.
«Nous, notre politique, c’est d’accompagner toujours nos passagers jusqu’à la fin»
Pour les irrégularités notées dernièrement dans les services de la compagnie, Ibrahima Kane les regrette, car causant des désagréments aux clients, mais explique que c’est des choses assez fréquentes dans le secteur et qui n’épargnent même pas les plus grandes compagnies, dont l’une d’elles, dont il n’a pas voulu citer le nom, a annulé plus de 1000 vols l’an dernier. «Chez nous, les gens n’ont pas l’habitude de prendre l'avion. Ils ne comprennent pas que ce sont des choses qui arrivent. (…). A tous les niveaux, on communique. Mais, pour le passager, c’est très frustrant. Vous pouvez tout lui expliquer, mais c’est comme si vous n’avez rien dit, parce qu’il n’a pas eu ce qu’il voulait. Et ça, nous le comprenons», dit-il. Et d’ajouter que malgré toutes ces situations, Air Sénégal n’abandonne pas ses clients. «En cas de retard ou d’annulation de vol, il y a une réglementation à suivre. Nous, notre politique, c’est d’accompagner toujours nos passagers jusqu’à la fin. D’autres compagnies remboursent, d’autres trouvent des places dans d’autres compagnies…Mais Air Sénégal va jusqu’à affréter des vols spéciaux. Et je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de compagnies qui font ça, parce que c’est notre politique commerciale». En outre, reconnaissant les limites de leur stratégie de communication, Ibrahima Kane promet la mise en place d’une «communication pédagogique» et surtout une «communication en dehors des crises», pour amener les usagers à mieux comprendre certaines choses dont la méconnaissance conduit souvent à certaines réactions en cas d’irrégularité.
«Il y a une pression concurrentielle forte sur le sous-régional… Planification en cours pour desservir l’Italie»
Après Paris, Marseille, Barcelone, Air Sénégal sera très prochainement à Londres et Genève, en attendant New-York. L’Italie, où la forte communauté sénégalaise n’a jamais compris pourquoi la compagnie nationale n’y va pas, est aussi dans les plans de l’équipe d’Ibrahima Kane. Qui avait sur cette route une contrainte de compétitivité qui est maintenant levée. «L’Italie en nombre de passagers est très bien placée (2ème). Cependant, la compétition sur ce trajet avec Air Italie était quasiment une concurrence de dumping», soutient le Dg. Qui ajoute que «cette compétition aujourd’hui n’est plus là». Dès lors, note-il, ses services sont «en train de planifier» comment aller en Italie. «C’est déjà étudié. On a déjà tous les chiffres et tout ce qu’il faut». Seulement, «avec ce qui se passe au niveau santé, avant de faire quoi que ça soit, il faut recueillir l’avis des autorités sanitaires». Et cela pourrait remettre en question ce qui a été déjà planifié. Si Air Sénégal met le paquet sur l’intercontinental, c’est parce que le développement est beaucoup plus compliqué sur le sous-régional. «Le segment sous-régional est difficile parce que c’est structurel. On a les grandes compagnies, mais aussi toutes les compagnies qui opèrent dans le sous-régional. Il y a une pression concurrentielle forte sur le sous-régional. C’est pourquoi il est très difficile de construire un modèle rentable, dans la sous-région», explique-t-il.
«Très avantageux» d’exploiter des A220 dont une commande de 8 appareils a été faite
Et c’est pour être plus compétitif que la compagnie nationale a jeté son dévolu sur les A220, dont elle a commandé 8. En effet, explique le Dg, c’est un appareil qui consomme 15 à 20% moins de carburant que les autres appareils. Et il a des matériaux plus légers, moins coûteux en termes d’entretien. En plus, ces avions moyens peuvent aller aussi bien sur le long courrier (intercontinental) que sur le sous-régional. «C’est un avion capable d’aller à Londres la nuit et le jour aller à Abidjan. En termes de taux d’utilisation de l’appareil, c’est très avantageux», ajoute M. Kane. En définitive, pour le patron du pavillon Sénégal, la compagnie gagnerait à mettre le turbo comme il le fait actuellement. Et pour cause, il affirme : «les gens oublient que nous n’avons que 18 mois d’existence. Si l’atteinte de la taille critique est lente, on perd beaucoup d’argent. Nous avons donc intérêt à aller vite». D’ailleurs Ibrahima Kane a annoncé que «l’actionnariat sera ouvert en fin 2020-début 2021». Jusqu’à présent l’Etat du Sénégal est propriétaire de la compagnie, à travers la Caisse des dépôt et consignations (Cdc).
Mbaye THIANDOUM
Air Sénégal trace petit à petit son sillon. Avec 400.000 passagers transportés en 2019, la compagnie nationale vise la barre des 700.000 passagers cette année. Et c’est un objectif réaliste, si l’on se réfère à la politique de la compagnie, qui privilégie les destinations où elle est quasiment certaine de gagner en clientèle. «Notre part de marché sur nos destinations nous place systématiquement premier ou second. Et ça c’est une performance notable», a fait savoir le Directeur général Ibrahima Kane. Qui se félicite de l’apport des nationaux. «Hier (jeudi), notre vol sur Paris était rempli à presque 100%, parce que les gens sont fiers de voyager par Air Sénégal. Quand les gens sont à bord d’Air Sénégal, ils sont fiers, parce que c’est leur compagnie. Tout ça pour nous c’est positif», dit-il. Aussi, le patron du pavillon Sénégal note que dans son positionnement, la compagnie a fait preuve de beaucoup d’opportunisme. Par exemple, sur la ligne Dakar-Marseille, elle a profité du fait qu’Aigle Azur n’assure plus la desserte. Idem pour la ligne Dakar-New-York, qui est délaissée par South Africa Airlines.
«Nous, notre politique, c’est d’accompagner toujours nos passagers jusqu’à la fin»
Pour les irrégularités notées dernièrement dans les services de la compagnie, Ibrahima Kane les regrette, car causant des désagréments aux clients, mais explique que c’est des choses assez fréquentes dans le secteur et qui n’épargnent même pas les plus grandes compagnies, dont l’une d’elles, dont il n’a pas voulu citer le nom, a annulé plus de 1000 vols l’an dernier. «Chez nous, les gens n’ont pas l’habitude de prendre l'avion. Ils ne comprennent pas que ce sont des choses qui arrivent. (…). A tous les niveaux, on communique. Mais, pour le passager, c’est très frustrant. Vous pouvez tout lui expliquer, mais c’est comme si vous n’avez rien dit, parce qu’il n’a pas eu ce qu’il voulait. Et ça, nous le comprenons», dit-il. Et d’ajouter que malgré toutes ces situations, Air Sénégal n’abandonne pas ses clients. «En cas de retard ou d’annulation de vol, il y a une réglementation à suivre. Nous, notre politique, c’est d’accompagner toujours nos passagers jusqu’à la fin. D’autres compagnies remboursent, d’autres trouvent des places dans d’autres compagnies…Mais Air Sénégal va jusqu’à affréter des vols spéciaux. Et je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de compagnies qui font ça, parce que c’est notre politique commerciale». En outre, reconnaissant les limites de leur stratégie de communication, Ibrahima Kane promet la mise en place d’une «communication pédagogique» et surtout une «communication en dehors des crises», pour amener les usagers à mieux comprendre certaines choses dont la méconnaissance conduit souvent à certaines réactions en cas d’irrégularité.
«Il y a une pression concurrentielle forte sur le sous-régional… Planification en cours pour desservir l’Italie»
Après Paris, Marseille, Barcelone, Air Sénégal sera très prochainement à Londres et Genève, en attendant New-York. L’Italie, où la forte communauté sénégalaise n’a jamais compris pourquoi la compagnie nationale n’y va pas, est aussi dans les plans de l’équipe d’Ibrahima Kane. Qui avait sur cette route une contrainte de compétitivité qui est maintenant levée. «L’Italie en nombre de passagers est très bien placée (2ème). Cependant, la compétition sur ce trajet avec Air Italie était quasiment une concurrence de dumping», soutient le Dg. Qui ajoute que «cette compétition aujourd’hui n’est plus là». Dès lors, note-il, ses services sont «en train de planifier» comment aller en Italie. «C’est déjà étudié. On a déjà tous les chiffres et tout ce qu’il faut». Seulement, «avec ce qui se passe au niveau santé, avant de faire quoi que ça soit, il faut recueillir l’avis des autorités sanitaires». Et cela pourrait remettre en question ce qui a été déjà planifié. Si Air Sénégal met le paquet sur l’intercontinental, c’est parce que le développement est beaucoup plus compliqué sur le sous-régional. «Le segment sous-régional est difficile parce que c’est structurel. On a les grandes compagnies, mais aussi toutes les compagnies qui opèrent dans le sous-régional. Il y a une pression concurrentielle forte sur le sous-régional. C’est pourquoi il est très difficile de construire un modèle rentable, dans la sous-région», explique-t-il.
«Très avantageux» d’exploiter des A220 dont une commande de 8 appareils a été faite
Et c’est pour être plus compétitif que la compagnie nationale a jeté son dévolu sur les A220, dont elle a commandé 8. En effet, explique le Dg, c’est un appareil qui consomme 15 à 20% moins de carburant que les autres appareils. Et il a des matériaux plus légers, moins coûteux en termes d’entretien. En plus, ces avions moyens peuvent aller aussi bien sur le long courrier (intercontinental) que sur le sous-régional. «C’est un avion capable d’aller à Londres la nuit et le jour aller à Abidjan. En termes de taux d’utilisation de l’appareil, c’est très avantageux», ajoute M. Kane. En définitive, pour le patron du pavillon Sénégal, la compagnie gagnerait à mettre le turbo comme il le fait actuellement. Et pour cause, il affirme : «les gens oublient que nous n’avons que 18 mois d’existence. Si l’atteinte de la taille critique est lente, on perd beaucoup d’argent. Nous avons donc intérêt à aller vite». D’ailleurs Ibrahima Kane a annoncé que «l’actionnariat sera ouvert en fin 2020-début 2021». Jusqu’à présent l’Etat du Sénégal est propriétaire de la compagnie, à travers la Caisse des dépôt et consignations (Cdc).
Mbaye THIANDOUM
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