Ibrahima Dione alias Gris Bordeaux a été entendu, samedi matin, par la commission de discipline du Cng. Une audition qui a duré plus de deux heures. A sa sortie, le troisième Tigre de Fass, qui n’a pas sa langue dans sa poche, martèle qu’il va continuer à parler tant qu’il y aura de l’injustice dans l’arène.
Costume sombre, lunette de soleil couvrant le visage, la mine joyeuse, Gris Bordeaux, à sa sortie du bureau du Cng, a commencé ses propos par des remerciements envers son écurie, ses amis et surtout le Collectif des lutteurs venu le soutenir. «Je vous remercie pour tout», a indiqué le troisième Tigre très posé. Pas pour longtemps, car le lutteur fassois, entouré de ses proches et fans, change de ton dès qu’il s’agit d’aborder son face-à-face de deux tours d’horloge avec Babacar Diouf, président de la commission discipline du Cng. «Ils m’ont interrogé sur mes propos de la saison dernière et j’ai répondu simplement», lance-t-il, sans rentrer dans les détails.
«Le Cng ne veut pas la paix. J’ai du mal à comprendre qu’il puisse revenir sur des propos tenus l’année dernière»
Toutefois, selon Gris Bordeaux, ce qui lui a le plus surpris dans cette affaire, c’est que le Cng attende dix mois après sa sortie contre Alioune Sarr et ses hommes pour remettre sur la table des paroles qu’il avait tenues dans un contexte diffèrent. «Cela peut engendrer une nouvelle tension dans l’arène. Comme de l’animosité et même de la haine entre le Cng et les lutteurs», assure le tombeur de Tyson. Qui poursuit : «le Cng ne veut pas la paix. J’ai du mal à comprendre qu’il puisse revenir sur une affaire déjà passée». Evoquant son audition, Gris Bordeaux souligne avoir rappelé la nécessité entre le Cng et les lutteurs de s’entendre et d’éviter de créer des tensions qui peuvent être source de blocage de cette discipline. «Les membres du Cng sont nos supérieurs, mais ils doivent en retour prôner le respect afin que ce soit réciproque, pour le bien de la lutte. Mais cela me pose problème de les voir revenir sur cette affaire. Je me demande si je ne suis pas la cible favorite du Cng ou s’il ne s’agit pas d’un problème personnel avec eux», se demande-t-il.
«Je me demande si Thierno Kâ n’est pas derrière cette convocation»
Le troisième Tigre de Fass soupçonne d’ailleurs Thierno Kâ d’être derrière cette convocation. Selon ses dires, Kâ, qu’il a croisé au stade, lors combat Balla Gaye-Modou Lô, a tenu des propos irrespectueux envers lui, qu’il a répétés sans sourciller devant la presse : «sans me saluer, il m’a dit : ‘’est-ce que c’est nous que tu traites de voleurs ?’’. Je lui ai répondu : ‘’avec tout le respect que je vous dois, tu dois me traiter avec respect’’». Le ton est monté d’un cran, et il a fallu l’intervention des personnes présentes pour les séparer. «Des gens nous ont séparés, car ça pouvait dégénérer», révèle-t-il. Croyant ce chapitre clos, le troisième Tigre, à sa grande surprise, reçoit une convocation du Cng la semaine dernière. Suffisant pour qu’il accuse le premier vice-président du Cng d’être l’auteur de sa comparution. «Je dois en déduire quoi ?», lance-t-il aux journalistes. Lorsque Gris Bordeaux a posé ce débat sur la table de la commission de discipline, Babacar Diouf l’a balayé d’un revers de main, soulignant : «Thierno Kâ n’est pas membre de la commission de discipline». L’enfant de Tchiky reste convaincu qu’il est un lutteur qui dérange. Il parle même d’acharnement sur sa personne.
«Si Balla Gaye 2 et Modou Lô n’ont pas écopé de lourdes sanctions, c’est grâce au collectif»
En outre, cette convocation tombe très mal selon le lutteur fassois. Le Collectif des lutteurs ne s’attendait pas à être convoqué dans de telles conditions. «Le Cng devait nous recevoir pour discuter de la bonne marche de la structure, évoquer le cahier de charges qui est un mystère pour nous tous, mais pas ça. C’est quelque chose que je déplore. Le Cng veut instaurer un climat délétère», explique-t-il. Gris Bordeaux de faire la leçon au Cng. «Il faut aller de l’avant et non pas retourner en arrière pour des choses qui n’ont aucune utilité», dit-il.
Louant le gros travail que le Collectif des lutteurs a effectué pour le bien de la lutte, avant le démarrage de la saison, le troisième Tigre de Fass souligne que les protagonistes du dernier combat, en l’occurrence Modou Lô et Balla Gaye 2, doivent remercier le collectif. A l’en croire, s’ils n’ont pas écopé de lourdes sanctions financières, c’est grâce en partie au combat acharné qu’a mené le collectif des lutteurs pour le changement. «Si ce n’est pas à cause des lutteurs et du collectif, Balla Gaye 2 et Modou Lô auraient perdu chacun 7 ou 6 millions», explique-t-il.
«Je ne suis pas un lutteur égoïste, tant qu’il y a de l’injustice, je vais la dénoncer»
Gris Bordeaux est formel. Il déteste l’injustice et va la combattre sans répit. «Même si je ne suis plus lutteur, je défendrai toujours les causes des lutteurs. Nous avons des frères, des neveux qui tapent à la porte et ce combat c’est pour eux», assure-t-il. Comme pour tacler ses ainés qui, depuis leur retraite, n’ont rien fait pour leurs petits-frères, il assène : «je ne suis pas un lutteur égoïste. Ce n’est pas parce qu’on a quitté l’arène qu’on ne doit plus rien faire pour la défendre. Non. Je ne suis pas dans cette dynamique et tant que je verrai des choses anormales, je vais en parler et je poserai des actes pour les combattre».
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