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FRAUDES AU BACCALAUREAT DE 2017: Révélations renversantes sur une mafia entre élèves et profs



FRAUDES AU BACCALAUREAT DE 2017: Révélations renversantes sur une mafia entre élèves et profs
 
 
 
 
 
Le procès des fraudes qui ont terriblement entaché les épreuves du Bac de l’année dernière a enfin eu lieu hier. 39 prévenus dont des professeurs, des élèves venant de Kaolack et Dakar étaient devant la Chambre correctionnelle de Dakar pour les délits d’association de malfaiteurs, fraude aux examens et concours, obtention frauduleuse d’avantages matériels indus, blanchiment de capitaux et complicité desdits délits et d’escroquerie. Si les uns sont passés à table en reconnaissant les faits, les autres se sont mis à s’accuser. Le procureur a requis à leur encontre des peines sévères, allant de 1 an de prison à 5 ans ferme avec des amendes très salées.
 
 
 
 
Enfin la lumière sur la fraude qui a entaché le premier diplôme universitaire du Sénégal l’année dernière. Au total, 39 prévenus ont comparu hier devant la Chambre correctionnelle de Dakar pour répondre des délits d’association de malfaiteurs, fraude aux examens et concours, obtention frauduleuse d’avantages matériels indus, blanchiment  de capitaux et complicité des dits délits et d’escroquerie. Pour faciliter les choses, le président du Tribunal a scindé en deux groupes les prévenus : ceux à qui on reproche le délit de fraude aux examens et concours et une obtention de matériels indus et ceux qui sont poursuivis pour escroquerie et association de malfaiteurs.
 
 
 
Comment les épreuves ont transité de main en main
 
 
 
Premier à être interpellé, l’élève Omar Dieng a reconnu les faits sans ambages. Il a révélé que c’est son cousin Paul Baba Mouhamed Tall qui lui a envoyé les épreuves via WhatsApp. Il précise tout de même qu’il ne lui a rien donné en contrepartie. Interrogé, Paul Baba Mouhamed Tall a confirmé les déclarations d’Omar Dieng et déclaré avoir reçu lesdites épreuves de son condisciple Abdou Ndour. A la barre, ce dernier a révélé que c’est auprès de Mame Ibrahima Ndiaye qu’il a eu les sujets d’Histoire, de Géographie et de Français sans aucune rémunération.
De son côté, Mame Ibrahima Ndiaye, styliste et commerçant au marché Gambie de Colobane, a soutenu avoir reçu les épreuves de son ami Moussa Mbaye Ndiaye. Celui-ci a affirmé avoir obtenu les sujets d’Anglais, d’Histoire et de Géographie de Bintou Ndiaye. Mais, il souligne n’avoir donné, ni reçu d’argent en guise de rémunération. Quant à Bintou, elle a dit les avoir reçus de sa camarade de classe Lamine Sow, la veille des examens. Ce, sans contrepartie financière.
Interrogé, Lamine Sow a révélé que c’est Serigne Mbacké Niass qui les lui a transférés la veille des examens. Selon les propos de Serigne Mbacké Niass, les épreuves lui sont parvenues de Djim Momar Cissé qui ne lui a pas réclamé d’argent. Pour sa part, Djim Momar Cissé dit les avoir eues via WhatsApp par son ami Macodou Ndiaye qui, selon lui, ne lui a rien demandé. A son tour, Macodou Ndiaye de soutenir les avoir reçues de Pape Gora Seck, avec qui il habite à Hlm Las Palmas. Dans ses explications, Pape Gora Seck a expliqué au tribunal les avoir acquises sans paiement d’Amadou Djamil Niang, son voisin de quartier.
 
 
 
Baye Talla Diallo a demandé 50.000 F à Khady Ndiaye pour lui remettre les épreuves
 
 
 
Auditionné à la barre, Djamil Niang dit avoir reçu les épreuves par l’intermédiaire de son amie de Kaolack Khady Ndiaye. Cette dernière, à la barre, indique qu’elle les a obtenues du professeur Baye Talla Diallo, qui lui a été présenté par Djamil Niang. Khady Ndiaye révèle tout de même que le professeur Baye Talla Diallo lui a demandé en contrepartie 50.000 F parce qu’il lui avait confié qu’il ne pouvait pas les lui remettre gratuitement. Poursuivant, elle a déclaré avoir contacté ses amies, dont Anta Wagué, qui ont cotisé avant qu’elle ne lui remette finalement le montant de 45.000 F.
 
Le Prof Mohamed Djibril Ndiaye demande ç Fatou Bakhoum 30.000 F en échange des sujets d’Anglais, de Français, d’Histoire et de Géographie
 
Ayant eu le Bac en 2010 à Kaolack, Baye Talla Diallo a demandé la permission du tribunal pour s’exprimer en wolof. A l’entame de sa prise de parole, il a réfuté les aveux de Khady Ndiaye, à qui elle donnait des cours, parce que, selon lui, elle avait pitié d’elle du fait de ses échecs au Bac. C’est par la suite que Fatou Bakhoum l’a approché pour lui faire savoir qu’elle avait en sa possession le sujet de philosophie qu’elle monnayait à 50.000 F. C’est ainsi qu’il en a parlé à Khady Ndiaye. En compagnie de son nourrisson à l’audience, la mariée Fatou Bakhoum, candidate malheureuse au baccalauréat de 2014 et 2015 à Kaolack, a expliqué avoir changé d’école pour pouvoir réussir cet examen. De son avis, il était plus facile de l’obtenir à Kahone, vu que les gens disaient que les élèves s’entraidaient. C’est ainsi, dit-elle, qu’en 2016, elle a fait la connaissance du professeur Mohamed Djibril Ndiaye au lycée de Kahone. Ce dernier lui a demandé 30.000 F en échange des sujets d’Anglais, de Français, d’Histoire et de Géographie. Elle en a alors parlé à son amie Ndew Badiane, avec qui elle s’est cotisée pour lui remettre ladite somme et elles ont réussi toutes les deux en 2016.
L’année suivante, en 2017, Mohamed Djibril Ndiaye lui a encore donné des épreuves par support en papier dans une enveloppe au garage de Nioro, en échange de 50.000 F et c’était pour aider sa cousine qui est à Tambacounda. Elle dit en avoir profité pour les transmettre à Omar Moussa.
 
 
 
Le professeur Mouhamed Djibril Ndiaye mouille l’agent de l’Office du Bac Mamadou Thiam
 
 
 
Interpellé sur les faits, le professeur Mouhamed Djibril Ndiaye a d’emblée soutenu qu’il en reconnaissait une partie. Tout de même, il a réfuté les montants avancés par Fatou Bakhoum. Le professeur Mouhamed Djibril Ndiaye de révéler que c’est son collègue de travail de l’Office du Bac Mamadou Thiam, qui réceptionnait les dossiers des candidats, qui lui a expliqué comment rentabiliser le taux de réussite des candidats. Au début, il pensait qu’il s’agissait de fascicules et non de sujets. C’est ainsi qu’il lui a envoyé les sujets du Bac de 2016, en échange de 30.000 F.
Sur les sommes, il a souligné avoir reçu des mains de Fatou Bakhoum 100.000 F qu’il a envoyés à Mamadou Thiam par Orange Money en 2017. Et pourtant, a-t-il ajouté, Thiam réclamait 50.000 F par sujet et que c’est grâce à son intervention qu’il a fait le rabais.
Tout ceci, prétexte-t-il, c’était dans le but d’aider les élèves, même s’il n’a pas d’explication rationnelle à son implication dans cette affaire, vu qu’il est au crépuscule de sa carrière. Il indique qu’il était juste animé par une volonté d’aider une personne vulnérable, pauvre et malheureuse. Mais, il n’a montré aucune preuve en ce qui concerne les prétendus envois d’argent à Mamadou Thiam et les e-mails. Sur ce, Mamadou Thiam a été relaxé après que la délégation judiciaire qui a été envoyée a pu découvrir, après réquisitions, qu’il n’a pas été mêlé à cette histoire.
Ndew Badiane, qui a réussi le Bac de 2016 et qui dit n’avoir rien à voir avec les fuites de 2017, a confié qu’elle ne savait pas qu’il y avait des fuites. Selon elle, c’est Fatou Bakhoum qui lui a dit qu’elle détenait les sujets du Bac qui allaient sortir. Ainsi, elle lui a réclamé 15.000 F pour qu’elle les lui donne. N’ayant pas l’intégralité de l’argent, elle s’en est ouverte à son amie Diatou Diakhaté qui lui a remis 10.000 F. c’est ainsi qu’elle a donné à son tour 15.000 F à Fatou Bakhoum. Interrogée, Diatou Diakhaté a dit avoir reçu les épreuves d’Anglais des mains de Ndew Badiane, moyennant 10.000 F.
 
 
Les révélations du professeur Saliou Sarr
 
 
Le professeur d’Anglais Saliou Sarr a dit avoir eu le libellé du sujet de Français de son collègue prof de français Pape Omar Mboup. Avant qu’il ne les envoie à son ancienne élève Aminata Seck. De plus, soutient-il, les sujets du Bac de 2017 étaient connus de tous parce qu’à la veille des examens, beaucoup d’élèves sont venus le solliciter afin qu’il leur explique les épreuves. Les épreuves se vendaient comme des cacahuètes à Kaolack, souligne-t-il, avant de dire qu’il était une victime d’un système qui a failli et aussi le maillon le plus faible de la chaine.
Soutenant les avoir transférés à Babacar Diatta, via le portable de son ami Moussa Kane, il a ajouté les avoir reçues de Baye Talla Diallo, avant qu’il ne lui offre 10.000 F. Confirmant les déclarations de Moussa, Baye Talla Diallo a précisé ne lui avoir jamais demandé l’argent qu’il lui a offert. Mais, dit-il, c’est Khady Ndiaye qui lui a remis 45.000 F. Djibril Kébé de soutenir qu’un ami l’a appelé en lui demandant le numéro de Monsieur Ndour qui vendait le Bac. Marie Angèle Diatta a expliqué que Bocoum l’a mise en rapport avec M. Mboup qui enseigne à Machalla, qui les lui a monnayées à 200.000 F. Mariétou Sakhir Ndoye, Guiro ainsi que Dame Ndour ont contesté. Le prof Abdoulaye Ndour a nié avoir reçu des sujets ou de l’argent par Mansour. Mouhamadou Guèye a dit les avoir eues d’Amadou Seydou Diallo avant de les transférer à Abdoulaye Sène. Ce dernier les a données à Ma Ndao Kassé. Pour Amadou Seydi Diallo qui les a reçues de Mouhamed Ka, c’est Aminata Lo qui les lui a données.
Quant à Khéwé Guissé, il les a eues par le canal de Bintou Ndiaye avant qu’elle ne les remette à Marième Sakhir Ndoye. Le logisticien Pape Moussa Ndiaye les a envoyées à sa copine Mariétou Sakhir Ndoye après les avoir reçues de Bintou Ndiaye. Et enfin, elles ont transité entre les mains de Mame Diarra Niang par Djamil Niang. Ce dernier de rétorquer qu’elle lui avait promis de le récompenser après qu’elle aura réussi.
 
L’Etat demande le franc symbolique
 
L’agent judicaire de l’Etat, Cheikhna Hann, a demandé le franc symbolique à titre de dommages et intérêts, après avoir sollicité que tous soient retenus dans les liens de la prévention. Le procureur Ismaila Diallo a requis des peines sévères à leur encontre. Selon le ministère public, qui les a scindés en 4 groupes, les premiers sont au nombre de 22. Ce sont ces Sénégalais qui aiment la facilité. Il s’agit de Oumar Dieng, Mouhamed Ka, Djibril Kébé, Marie Angèle Diatta, Bintou Ndiaye, Mouhamed Ka… qu’il considère comme des délinquants primaires avant de requérir à leur encontre eux 2 ans avec sursis. De condamner Djibril Kébé à 6 mois ferme pour l’escroquerie avec une amende de 200.000 F. Avant de passer, il a requis que tous les 39 tombent pour ce qui est de l’association de malfaiteurs. Le  second groupe, ce sont des entremetteurs qui sont les parents des élèves qui devaient les mettre dans des dispositions pour qu’ils réussissent et qui ne l’ont pas fait. Il s’agit, dit-il, de Paul Baba Khamad Tall, Malick Mamadou Diop, Djamil Niang, Abdou Ndour, Mamadou Diop. Pour la troisième catégorie le parquetier a demandé 2 ans ferme, avec une amende d’un million. Il s’agit de 9 personnes, dont Pape Omar Mboup, Ndew Badiane, Saliou Sarr, Mame Diarra Niang, Baye Talla Diallo, Fatou Bakhoum, Mohamed Benn Abdallah Mbaye, Diatta Diakhaté, Mamadou Djibril Dia etc. Il a aussi souhaité la requalification de la fraude en complicité. Quant à Abdel Guiro et Abdoulaye Ndour, il a requis de les retenir dans les liens de la prévention pour escroquerie, blanchiment de capitaux, et de les relaxer pour fraude et obtention frauduleuse d’avantage, a sollicité le procureur. Enfin, pour la quatrième catégorie, dont Abdoulaye Ndour, il a demandé 2 ans de détention ferme avec 2 millions d’amende. Pour Abdel Ciré Guiro et Dame Lo, il a sollicité 1 an ferme et 100.000 F d’amende. Pour les enseignants, il a sollicité qu’il soit prononcé à leur encontre une interdiction de leurs droits pour une durée de 10 ans, 5 ans ferme avec une amende de 5 millions.
Délibéré le 12 juillet prochain.
Fatou D. DIONE


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