Cheikh Diankha a reconnu avoir tué à plusieurs coups de couteau l’apprenti-maçon, Malick Bèye, 27 ans. Le vendeur de fourneaux déclare avoir regretté son acte criminel et accuse une puissante force maléfique communément appelée «rapp» d’être à l’origine du drame.
L’assassinat horrible à coups de couteau du jeune apprenti-maçon Malick Bèye, survenu durant le défilé du 4 avril 2018, à la cité Technopole de Pikine de la banlieue dakaroise (voir édition du vendredi dernier), a été planifié, orchestré par une puissante force démoniaque appelée «rapp», qui s’est servi cependant du vendeur de fourneaux, Cheikh Diankha, comme bras armé aux fins d’exécuter la sale besogne. L’explication été donnée par le sieur Diankha, lors de son audition sur procès-verbal (Pv) par les limiers enquêteurs du commissariat de l’arrondissement de Pikine.
Ce jour-là, Diankha semblait pourtant être bien dans sa peau et ne développait aucun signe anormal ou plutôt un geste suspect susceptible de redouter le pire ou le retour de ses crises habituelles d’hystérie. En effet, après le petit-déjeuner, il engage une brève discussion dans une ambiance bon enfant avec sa famille et se retire dans sa chambre pour observer une courte période de farniente. A l’intérieur de la pièce, il trouve un de ses parents presque endormi, aménage un espace sur le lit et s’allonge. Mais, après un moment de silence plat, il sursaute, pique une crise de vertiges démoniaques et affirme que sa tête tourne à vive allure. Il devient subitement colérique, crie à se rompre les cordes vocales et injurie toute sa famille, notamment sa mère. Le voisin de chambre du vendeur de fourneaux se réveille en sursaut, à son tour, craint pour sa vie et court à toutes jambes se réfugier dans les toilettes de la maison, où il s’enferme à double tour et attend que l’orage passe. Les autres membres de la famille sonnent l’alerte, quittent les lieux et se terrent dans les maisons voisines.
«Le ‘’rapp’’ m’a ordonné d’aller chercher un couteau et de poignarder quelqu’un, je ne peux pas dire comment il était. Il me parlait, mais je ne le voyais pas»
Ce fut alors la débandade dans tout le quartier. Mais, après avoir commis le meurtre du jeune Bèye, Diankha tente de se dédouaner et lâche : «sous l’influence d’une force maléfique (rapp), j’injuriais tout le monde et leur disais de sortir immédiatement de la maison. Quand je suis sorti, à mon tour, j’ai commencé à m’attaquer aux passants. Mais, lorsque des gens sont intervenus pour essayer de me calmer, le ‘’rapp’’ m’a ordonné d’aller chercher un couteau pour poignarder quelqu’un. Je ne peux pas dire comment il était. Il me parlait, mais je ne le voyais pas. Ainsi, je suis retourné à l’intérieur de la maison pour prendre une arme blanche. Au dehors, j’ai croisé l’apprenti-maçon nommé Malick Bèye avant de le poignarder plusieurs fois dans la région du cœur», a confié le présumé meurtrier à nos informateurs. Et de poursuivre : «j’étais possédé au moment des faits. Je ne savais pas exactement ce que je faisais. Je n’ai jamais tué, ni eu l’intention de le faire dans le passé». Cheikh Diankha a été déféré au parquet pour homicide volontaire avec usage d’arme blanche.
Vieux Père NDIAYE
DECES DE L’APPRENTI-MACON MALICK BEYE A PIKINE
L’autopsie parle de mort due à une hémorragie externe et interne
Les conclusions du certificat de genre de mort sur l’apprenti-maçon Malick Bèye ont été rendues par le médecin légiste de l’Hôpital général de Grand-Yoff ex Cto. Le rapport de l’autopsie parle de «décès dû à une hémorragie externe et interne provoquée par une arme blanche pointue antérieure gauche avec une plaie du tronc de l’artère pulmonaire à la base du cœur».
V. P. NDIAYE
LE MEDECIN-TRAITANT CONFIRME LA DEMENCE DU PRESUME MEURTRIER
«Il souffre d’une pathologie neuropsychiatrique dont la complexité nécessite une expertise légale»
Comme nous l’avions écrit dans ces colonnes, vendredi dernier, Cheikh Diankha suit un traitement au Centre hospitalier psychiatrique de Thiaroye, situé dans les parages de la Société africaine de raffinage (Sar) de Sicap Mbao. Ce que la maman du présumé meurtrier de l’apprenti-maçon nous avait confié lors de notre passage dans la maison, avec l’appui ou comme pièces à conviction une pile d’ordonnances médicales et rendez-vous de son fils dépressif. Le médecin-traitant psychiatrique du sieur Diankha a embouché la même trompette et affirme que ce dernier «souffre d’une pathologie neuropsychiatrique dont la complexité nécessite une expertise légale».
V. P. NDIAYE
VICTIME DE L’AGRESSION PHYSIQUE DU MIS EN CAUSE
Ameth dit avoir échappé de justesse à la crise d’hystérie meurtrière
Accroché à son lieu de travail, le mécanicien Mouhamed Ndao, dit Ameth, a confirmé la version relatée plus haut et affirme avoir frôlé de justesse la mort. D’autant qu’il dit avoir été en premier victime de l’agression du mis en cause, qu’il déclare avoir tout le temps assisté et offert de la ferraille pour fabriquer des fourneaux à vendre. «Il venait tout le temps ici pour me solliciter. Je suis le chef de garage. Je lui offrais parfois de l’argent, sur sa demande. C’est lui-même qui nous a vendu le fourneau avec lequel on fait présentement du thé. J’ai été ébahi et stupéfait de son attitude contre moi. J’ignorais son état de déficience mentale passagère. On se connaissait. Il fréquentait souvent mon garage. Je ne me suis pas battu avec lui. Il m’a plutôt agressé, alors que je courais pour retourner à mon lieu de travail, où un client m’attendait pour réparer la panne de son véhicule. Je suis passé devant lui, et il s’est jeté sur moi», a soutenu le mécano. Il se dit que la famille du défunt est domiciliée à la cité Sotiba de Pikine, où le jeune garçon quittait pour aller chercher du travail de manœuvre dans la maçonnerie dans les chantiers des localités environnantes.
V. P. NDIAYE
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