Se faire du cash ou réduire sa dette ! C’est ce qui pousse les opérateurs de téléphonie à céder leurs tours aux gestionnaires de tours télécoms. Dans quel cas se trouve Free en cédant ses 1200 tours à 105 milliards F Cfa à Helios Towers ? En tout cas, le consortium franco-africain acquéreur de Tigo avait annoncé un projet d’investissement de 70 milliards francs Cfa pour renforcer la qualité et la couverture de son réseau. Même si les propriétaires sont jusqu’ici restés muets par rapport au montant de l’acquisition, avec cette opération, ils réalisent un bénéfice de 35 milliards.
Si le montant de l’acquisition de l’opérateur Tigo devenu Free de la filiale du groupe luxembourgeois Millicom par le consortium franco-africain constitué de Yérim Sow président de Teyliom, Xavier Niel président de Njj et Hassanein Hiridjee Pdg du groupe Axian, le 2 mai 2018 - même si d’aucuns avancent le chiffre de 200 millions de dollars - est resté un secret, ce n’est pas le cas du montant des investissements que les nouveaux propriétaires ont mis sur la table pour renforcer la qualité et l’étendue de la couverture du réseau, ainsi que les services qui lui sont associés afin de bousculer l’opérateur leader de téléphonie au Sénégal. Il s’agit d’un montant de 107 millions d’euros, soit 70 milliards francs Cfa pour atteindre cet ambitieux objectif assigné. Deux ans plus tard, l’opérateur de téléphonie Free, dans le cadre de son plan de développement stratégique, a encore décidé de céder ses infrastructures passives pour la bagatelle de 105 milliards francs Cfa au gestionnaire de tours télécoms, Helios Towers, pour une durée de 15 ans. Par cette opération, le géant britannique élargit de 1200 tours son portefeuille d’acquisition de tours en Afrique subsaharienne.
Le cash ou le désendettement
Cette transaction permet également au consortium franco-africain d’avoir une rentrée considérable de fonds qui couvrent, de loin, le montant investi pour positionner l’opérateur Free sur le marché de la téléphonie mobile au Sénégal. En d’autres termes, par cette opération, Free a réalisé un bénéfice de 35 milliards francs Cfa ; entre la cession de ses tours 105 milliards francs Cfa et le montant injecté dans le cadre de ses investissements, 70 milliards francs Cfa. En tenant compte du montant de l’acquisition de Free, force est de reconnaitre que le consortium est encore loin de recouvrer son investissement. Ainsi, entre les investissements consentis, l’objectif de se positionner et la cession de ses tours, l’opérateur Free est-il à la recherche du profit ou s’inscrit-il dans une logique de désendettement ? En tout cas, de l’avis des spécialistes du secteur des télécoms, la politique de cession des tours obéit à deux critères : se procurer du cash ou réduire ses dettes. En tout état de cause, des champions du secteur de la téléphonie multiplient les opérations visant à céder leurs réseaux de fibre ou leurs pacs de tours télécoms pour se renflouer. Free est-il dans cette logique ?
En disposant des tours de Free, HT peut y accueillir plusieurs opérateurs
Pour rappel, ces tours sont constitués de pylônes et de toits-terrasses, ces mâts hauts de plusieurs mètres sur lesquels sont installées les antennes 2G, 3G ou 4G émettant le signal vers les abonnés. Dans le cadre de cette opération, le gestionnaire Helios Towers, avec l’acquisition des tours de l’opérateur Free, peut accueillir sur ces tours – désormais en sa possession – beaucoup plus d’opérateurs. Ce qui permettra d’optimiser la gestion, en plus de partager la note d’électricité entre les opérateurs. Une pratique qui est désormais dans l’air du temps dans le secteur des télécoms, qui a fini de s’installer en Europe et qui gagne du terrain en Afrique. En effet, les opérateurs de téléphonie sont de plus en plus conscients qu’ils sont assis sur des mines d’or.
Moussa CISS
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