Par souci de laver l’humiliation subie à coups de fouet, devant ses camarades du Cem Momar Marème Diop de Yeumbeul Nord, au cours d’une altercation avec Cheikhouna Diop, alias Bamba, Ass Samb, 16 ans, a utilisé un long couteau pour poignarder celui-ci dans la région du cœur. Il a ravalé ses propos devant les hommes du commissaire Ibrahima Diouf et a reconnu être reparti chercher chez lui l’arme blanche, avant de revenir sur les lieux de la bagarre et guetter la sortie de salle de cours de son antagoniste pour ensuite le provoquer et s’attaquer à lui.
L’assassinat de Cheikhouna Diop, alias Bamba, a été motivé par une forte envie de son bourreau nommé Ass Samb, élève en classe de 4ème C, d’assouvir sa soif de vengeance contre des coups de fouet que le défunt, en classe de 4ème B, lui a infligés, lors de leur premier round de bagarre devant les locaux du Cdeps de Yeumbeul Nord. Ainsi, «Les Échos» a été en effet confirmé dans son édition du week-end sur toute la ligne par l’enquête préliminaire de police. Le mis en cause est passé aux aveux et a détaillé la boucherie du vendredi 4 janvier 2019, suite aux dépositions des différents témoins oculaires à charge contre lui.
Tout débute par un match de foot à enjeu financier (4000 F cagnotte) dénommé «Gagne the money» entre 4ème B et 4ème C
Les élèves du Cem avaient organisé des matchs de football à enjeu financier dénommés «Gagne the money». Ainsi, chaque salle de classe se doit de réunir la modique somme de 2000 F ; un montant à verser en guise de garantie de participation au mini tournoi dans l’école entre les classes de même niveau. Cheikhouna fréquente la classe de 4ème B et Ass est en classe de 4ème C. Mais, samedi 29 décembre dernier, les deux gamins se frottent sur le terrain de foot et se lancent des défis. Cheikhouna prend la mouche et reproche à Ass de lui avoir fait mal, au cours d’un duel. Mais, celui-ci dégage en touche, se disculpe et poursuit le jeu. Ils se prennent au collet, se tancent vertement et échangent des propos aigres doux.
Les deux adolescents se toisent depuis lors et s’invectivent pendant 6 jours, avant que le drame ne survienne
Les autres joueurs interviennent et tentent de ramener le calme. Mais, face à la montée continue d’adrénaline, ils redoutent le pire et décident d’interrompre le match de football. Les deux antagonistes continuent néanmoins de se toiser et de débiter toutes sortes de menaces. Vendredi dernier, vers 10h, ils se croisent dans les parages du Cem, se lancent à nouveau des diatribes et s’affrontent. Cheikhouna sort de son sac d’écolier une cravache, fonce sur Ass et lui assène deux violents coups sur la tête. Celui-ci engage la riposte. Des gens s’interposent et les séparent. Une vendeuse de petit-déjeuner saisit Cheikhouna et le retient dans sa gargote, le temps que l’orage passe.
Ass se lâche : «Je lui avais dit ceci : ‘’tu es averti. Si je te tiens, ça va barder pour toi’’»
Se sentant humilié devant les élèves de l’établissement, Ass décide de laver l’affront et lâche à l’endroit de Cheikhouna : «tu es averti. Si je te tiens, ça va barder pour toi». Aussi, il se rend chez lui, prend un long couteau et revient sur les lieux de la bagarre. Il se pointe dans un coin discret, rumine encore sa colère et guette la sortie de salle de cours de Cheikhouna. Qui finit son cours de français, quitte la salle et se dirige tranquillement avec des camarades de classe vers les locaux du Cdeps. Ass le voit, se lève et le trouve sur place. Avec un air menaçant, il déclenche les hostilités. Cheikhouna ramasse un morceau de carreau et le balance dans la direction du nommé Ass, qui esquive à temps le projectile. Un certain Badara reçoit le projectile en pleine figure, pousse des cris de détresse et disparaît.
«Il m’a causé des blessures sous le lobe de l’oreille avec sa cravache…Je suis parti chez moi chercher mon couteau…». La police vise le meurtre avec préméditation
Ass sort aussitôt le couteau de son fourreau et marche sur Cheikhouna. Qui recule et tente de sauver sa peau dès qu’il voit l’arme blanche. Mais, hélas pour lui, il est vite rattrapé par le jeune garçon, qui lui enfonce d’un trait la lame du couteau dans la région du cœur, la retire brusquement et détale. Le poignardé s’écroule au sol. Il perd du sang, halète et meurt. Le mis en cause est débusqué, conduit à la police et livré aux enquêteurs. Il livre auparavant une version tronquée des faits, craque, revient sur ses déclarations et passe aux aveux. «Cheikhouna m’a chargé avec une cravache et m’a causé deux blessures sous le lobe de l’oreille. C’était au cours du premier round de notre altercation du vendredi dernier. J’ai juré de me venger et je suis parti chercher chez moi un couteau. A sa sortie de salle de cours, je l’ai trouvé au Cdeps, et on s’est battu à nouveau. J’ai sorti le couteau et l’ai poignardé dans la poitrine avant de prendre la fuite», a confié l’adolescent à nos informateurs. Une version confirmée par les différents témoins. Il a été déféré hier au parquet du palais de justice de Pikine pour meurtre avec préméditation.
Vieux Père NDIAYE
L’AUTOPSIE CONFIRME LE DÉCÈS PAR ARME BLANCHE
Cheikhouna Diop, alias Bamba, inhumé ce dimanche à Touba
Froidement assassiné d’un coup de couteau dans la région du cœur, vendredi dernier, vers 13h, par l’adolescent Ass Samb, 16 ans, élève en classe de 4ème C au Cem Momar Marème Diop de Yeumbeul Nord, Cheikhouna Diop, dit Bamba, 17 ans, a été inhumé, dimanche 6 janvier 2019, à 14h, au cimetière de Touba. Il a été accompagné à sa dernière demeure par ses proches, des responsables du personnel enseignant du Cem et des élèves de l’établissement scolaire. Les conclusions de l’autopsie ont confirmé le décès du surnommé Bamba par arme blanche…Le défunt vivait avec sa grand-mère à Bène Baraque, précisément à l’arrêt cars Tally Boukhonkh du lutteur «Armée». Ses parents sont établis à la cité religieuse de Touba.
Les responsables de l’école chez les familles du défunt et du mis en cause
La nouvelle sur le décès tragique de l’élève Cheikhouna Diop, alias Bamba, a attristé plus d’un dans la banlieue dakaroise, notamment chez les acteurs du système éducatif. Après les élèves, le chef de l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Keur Massar, accompagné du principal et du surveillant général du Cem et le président de l’Association des parents d’élèves (Ape), a fait le déplacement chez la famille du défunt, histoire de compatir à leur douleur et présenter leurs condoléances. La même délégation s’est rendue également au domicile du présumé meurtrier et a adressé un message réconfortant aux proches, aux fins de trouver la force de tenir le coup devant l’épreuve.
De nombreux élèves désertent les salles de classe et envahissent le commissariat de police
Le commissaire de police, Ibrahima Diouf, et ses hommes avaient d’énormes difficultés à contenir, hier, la marée humaine, qui avait très tôt pris d’assaut les locaux du commissariat de police et ses alentours immédiats. La foule était composée en grande partie d’élèves du Cem Momar Marème Diop et des potaches d’autres établissements scolaires de la banlieue dakaroise. Ils étaient venus en grand nombre au commissariat pour témoigner à leur ami présumé assassin leur solidarité et leur compassion. D’autres avaient effectué le déplacement pour juste identifier et voir le mis en cause et assister à son déferrement au parquet par les limiers. A 12h passées de quelques minutes, la fourgonnette de police se positionne à proximité de l’escalier du poste de permanence et s’immobilise net.
Des cris d’hystérie collective et des pleurs…la famille du mis en cause en état de choc
Quelques minutes après, des agents de police, sous la supervision de leur expérimenté chef de service, commissaire Diouf ouvrent la chambre de sûreté et font sortir la vedette tristement célèbre du jour, Ass Samb. Celui-ci pointe le bout du nez et s’avance vers la portière du véhicule. Pris sans doute de remords, il adopte un profil bas, fixe le regard au sol et avance à pas hésitants vers la fourgonnette. Habillé d’un tee-shirt de couleur rouge et d’un pantalon jean, il fuit le regard de l’assistance et embarque dans la voiture. Une scène émouvante et poignante. Cette image arrache des cris d’hystérie collective dans les rangs des élèves. Des proches de la famille du présumé criminel, dont des dames écrasent une larme. Un brouhaha s’installe dans le hall du commissariat.
La fourgonnette de police, toute sirène hurlante, manœuvre et se fraie difficilement un chemin dans la marée humaine
Le véhicule de police manœuvre, active la sirène et le gyrophare et s’ébranle. Il arrive au seuil du grand portail du commissariat, se fraie difficilement un chemin dans la foule immense d’élèves et prend la direction du parquet du palais de justice de Pikine/Guédiawaye. La marée humaine disparait progressivement devant le commissariat. Et le rythme habituel du volume de travail des limiers de reprendre dans un climat de sérénité et de quiétude.
V. P. NDIAYE
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