Le transport routier sénégalais est en état de peur. Six chauffeurs sénégalais, membres actifs du secteur du transport transfrontalier, ont été enlevés au Mali par des groupes djihadistes, selon un communiqué publié par l’Union des Routiers du Sénégal (Urs). Ce qui soulève une vague d’indignation et de vives inquiétudes quant à la sécurité des travailleurs de la route dans la sous-région.
Ces professionnels du transport, véritables piliers des échanges entre pays de la Cedeao, « ont été pris pour cibles alors qu’ils exerçaient simplement leur métier. Leur enlèvement constitue une attaque frontale contre la libre circulation des personnes et des marchandises, mais surtout, contre l’idée même d’une Afrique de l’intégration ».
Des hommes livrés à l’ombre du silence
À ce jour, peu d’informations filtrent sur les circonstances précises de leur enlèvement. Seule certitude, ces hommes sont désormais entre les mains de groupes armés opérant dans une zone devenue l’épicentre de l’insécurité au Sahel. Les familles, dévastées, sont impuissantes face à cette énigme. L’Union des routiers du Sénégal exprime sa solidarité et sa colère, appelant les autorités sénégalaises et maliennes à une mobilisation immédiate. « Ce sont des travailleurs, pas des combattants. Ils ne doivent pas devenir les otages de conflits qui ne sont pas les leurs », déclare un responsable de l’Urs, visiblement bouleversé.
Un secteur vital pris pour cible
Le secteur routier, souvent ignoré dans les débats politiques, est pourtant un moteur essentiel de l’économie sous-régionale. Chaque jour, des centaines de camions traversent les frontières pour acheminer des biens, relier des familles, faire vivre les marchés. Pourtant, leurs acteurs paient un prix lourd dans les zones à risques, « enlèvements, pillages, extorsions, menaces ».
Ce nouvel incident relance la question lancinante de la sécurité des corridors routiers en Afrique de l’Ouest. « Que fait-on réellement pour protéger ceux qui roulent de nuit, traversent des zones instables et bravent des routes défoncées, tout cela pour faire tourner l’économie de la région ? » s’interroge le communiqué.
Un appel urgent à l’action
L’Urs exhorte les États, mais aussi les organisations régionales comme la Cedeao et l’Union Africaine, « à ne plus détourner le regard. Il ne s’agit plus simplement de cas isolés ». L’insécurité devient systémique, et le secteur du transport routier est désormais dans le viseur. « Sans mesures fortes, c’est tout un pan de l’économie ouest-africaine qui risque de s’effondrer dans le chaos » ? conclut le communiqué.
Baye Modou SARR












