Réunis à Saint-Louis pour leur 47ᵉ Assemblée générale, les prêtres de l’Union du clergé sénégalais (Ucs) ont lancé un appel solennel en faveur de la paix et du dialogue. Mais, derrière le ton pastoral, leur déclaration prend des accents politiques : le clergé dénonce la multiplication d’atteintes aux libertés individuelles et fondamentales, et interpelle directement l’État sur son rôle de garant des droits humains.
La 47ᵉ Assemblée générale de l’Ucs, tenue du 15 au 19 septembre à Saint-Louis, a pris une tournure particulière cette année. Si l’appel lancé par les prêtres à «consolider la paix dans la justice, la solidarité et le dialogue» s’inscrit dans la continuité des messages pastoraux habituels, c’est surtout leur dénonciation des atteintes aux libertés individuelles qui retient l’attention. Dans leur déclaration finale, les prêtres affirment leur «solidarité fraternelle pour toutes les personnes victimes d’injustices portant gravement atteinte aux libertés individuelles et fondamentales». Une formulation claire, qui dépasse le registre religieux pour interpeller directement les autorités publiques. Le clergé demande à l’État de promouvoir et de garantir ces libertés, rappelant que la démocratie sénégalaise ne peut prospérer que si chaque citoyen est protégé dans ses droits fondamentaux : liberté d’opinion, d’expression, de rassemblement et d’association.
Pour l’Ucs, l’État ne doit pas seulement s’abstenir de limiter les libertés : il doit aussi renforcer les mécanismes de protection afin que les victimes d’abus disposent de recours efficaces. Les prêtres soulignent la nécessité de consolider la justice et de garantir un cadre institutionnel où ni la contestation politique, ni les expressions citoyennes ne sont perçues comme des menaces à neutraliser.
L’Église catholique sénégalaise n’entend pas s’ériger en acteur politique, mais elle se positionne comme vigie morale face aux dérives perçues. Pour elle, la paix sociale et le développement économique ne peuvent se construire au prix d’un musellement des citoyens.
Au-delà des considérations spirituelles, cet appel s’inscrit dans une logique d’équilibre institutionnel : sans libertés protégées, le dialogue est impossible ; sans dialogue, la paix est illusoire. Le message du clergé sénégalais rejoint ainsi celui de nombreuses voix de la société civile qui alertent sur la nécessité de maintenir la démocratie sénégalaise comme un modèle régional, respectueux de l’homme et de ses droits.
Samba THIAM












