Pour la première fois depuis la publication du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024, le président Bassirou Diomaye Faye a pris la parole. À son retour de la 38e session ordinaire de l’Union africaine, tenue à Addis-Abeba, le chef de l’État s’est exprimé à l’aéroport de Dakar, dénonçant la gestion « défaillante » du régime précédent et réaffirmant son engagement à faire respecter la loi.
Le Président Faye a d’abord tenu à expliquer les raisons qui ont motivé son gouvernement à rendre public ce rapport d’audit. Selon lui, cette démarche répond à une exigence légale que son régime a décidé d’appliquer «dans toute sa rigueur», contrairement à ses prédécesseurs. «Même si le régime précédent ne l’avait pas fait, nous avons décidé de le faire, car nous avons considéré que si nous devons demander au peuple de respecter la loi, nous avons l’obligation d’être les premiers à la respecter», a déclaré Bassirou Diomaye Faye. Pour lui, cette transparence doit désormais être une norme, et il espère que «tout président de la République qui sera élu à la tête de notre pays n’aura pas d’excuse pour ne pas le faire».
Un état des lieux préoccupant
Diomaye est ensuite revenu sur le contenu du rapport, qui met en lumière des irrégularités majeures dans la gestion financière du pays entre 2019 et mars 2024. Il pointe du doigt des violations des règles budgétaires, des failles dans la gestion des finances publiques, mais surtout des manœuvres pour masquer l’état réel de l’économie nationale. «Le rapport montre que le régime sortant a été plus que défaillant dans sa gestion et a allègrement violé les règles qui encadrent la gestion des finances publiques du pays. Le rapport montre aussi que le régime sortant a menti au peuple, notamment sur la dette et sur le déficit budgétaire», dit-il. Le chef de l’État insiste sur la responsabilité des gouvernants envers les citoyens, rappelant que leur mandat repose sur la confiance du peuple et qu’ils doivent lui rendre des comptes en toute transparence. «Ils ont menti parce qu’ils avaient l’obligation de rendre compte au peuple, mais surtout de lui dire la vérité. S’ils n’avaient pas de mandat du peuple ils ne pourraient rien faire. La preuve, ils ne le peuvent plus. Donc nous devons tous savoir que nous agissons au nom du peuple sénégalais et respecter les chartes qui encadrent ce mandat du peuple. En ce qui nous concerne, c’est ce que nous essayons de faire à travers le Jub-Jubal-Jubanti», a encore expliqué le chef de l’Etat.
Une dette inquiétante et des défis pour le nouveau régime
L’une des principales préoccupations soulevées par Bassirou Diomaye Faye concerne le niveau d’endettement du Sénégal, qu’il qualifie d’« extrêmement élevé ». Cette situation, selon lui, complique la mise en œuvre des projets ambitieux de son gouvernement. «Nous avons d’importants projets pour le Sénégal. Mais au regard de la situation de crise dans laquelle nous avons trouvé le pays, il faut reconnaître qu’il y a des difficultés pour faire ce que nous avions prévu de faire si nous avions trouvé un pays en bonne santé.»
Malgré ce contexte difficile, il assure que son gouvernement fait preuve d’«ingéniosité» pour maintenir la stabilité économique et répondre aux attentes des Sénégalais. «Dans cette situation, si le pays tient jusque-là, c’est que nous avons être très ingénieux. C’est pourquoi je veux dire aux Sénégalais que mon seul souci et celui de mon gouvernement, c’est de trouver des solutions rapides aux problèmes des Sénégalais», a assuré le numéro 1 Sénégalais.
Sidy Djimby NDAO
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