
Dans sa première déclaration de presse depuis sa libération avant-hier, après 7 mois de détention, Ousmane Sonko a exprimé hier son désir de tourner la page Macky Sall. Le leader de Pastef a concentré ses critiques sur Amadou Ba. Face aux journalistes, Ousmane Sonko a tenu à rassurer le camp du pouvoir, assurant qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières quand Bassirou Diomaye Faye sera élu président. Mais, précise-t-il, il n’y aura pas d’impunité. Il a aussi reconnu qu’il y avait des négociations même s’il dit qu’il n’y a eu aucun accord.
Hier, Ousmane Sonko a co-animé hier une déclaration de presse avec son poulain et candidat, Bassirou Diomaye Faye. Ousmane Sonko a, d’emblée, ainsi accusé les sept sages de l'avoir éliminé «sur commande». Il a ainsi affirmé son intention de travailler à la victoire, sans mettre en avant sa personne dans la campagne. «Ma personne n'est pas le plus important. Mon objectif, c'est d'aider à gagner l'élection», a-t-il dit, révélant que depuis son emprisonnement en juillet 2023, il n'a jamais rien décidé sans en parler à Bassirou Diomaye Faye.
Il dira avoir personnellement tout fait pour que l’élection ne soit pas reportée. A l’en croire, il est allé jusqu’à demander à ceux qui venaient le voir au nom du Président Macky Sall de dire à ce dernier de ne pas démissionner, pour éviter qu’on reprenne le processus électoral. «Quand ils m’ont parlé de report au prétexte que je pourrais être candidat, j’ai dit que ma non-candidature ne peut pas être un motif pour reporter la présidentielle. (…) Le plus important, c’est la libération de plusieurs centaines de nos frères qui étaient détenus dans les prisons. A ceux qui pensaient que j’ai discuté parce que la prison était dure pour moi, je précise que moi j’étais dans les meilleures conditions. C’est plutôt tous les autres qui étaient dans des conditions précaires. Et ma responsabilité en tant qu’autorité morale, c’était de faire en sorte que tous ces gens sortent de prison», a-t-il déclaré.
Regrettant les critiques qu’il a essuyées à cause du vote de la loi d’amnistie, Ousmane Sonko a rapporté avoir demandé aux députés de son camp de voter contre la loi d'amnistie qui a été adoptée la semaine dernière, et qui a permis sa sortie de prison et celle de Bassirou Diomaye Faye. «Sur la loi d’amnistie, quand ils sont venus me voir, j’ai dit non, les invitant à faire un non-lieu pour libérer tout le monde. Mais ils se sont arcboutés sur la loi d’amnistie. Pourtant, nous savons tous qu’une loi d’amnistie nous profite, mais j’ai demandé aux députés de mon camp de voter contre. Pourtant j’ai entendu des critiques de toutes sortes. Mais je dois dire que je n’en veux à personne ; j’estime seulement qu’ils n’ont pas compris que la ligne du parti a évolué et que nous avons dû user de stratégie pour continuer à exister».
En tout état de cause, Ousmane Sonko s'est montré confiant quant à l'issue du prochain scrutin présidentiel. Il a prédit la large victoire de son poulain, Bassirou Diomaye Faye, dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars, si l'élection se déroule sans fraude. «Cette élection, nous allons la gagner. Et à partir d’aujourd’hui, il n’y a plus de discours. Dès demain (aujourd’hui) nous comptons commencer notre campagne à Ziguinchor. Mais au regard des délais courts, nous invitons tout le monde à la compréhension… de toute façon, si l'élection se déroule bien, je ne pense pas qu'on fera moins de 60% », a-t-il ajouté.
Le leader de l’opposition a toutefois évoqué les suspicions de corruption de membres du Conseil constitutionnel. Et pour cela, Ousmane Sonko a appelé «les Sénégalais à rester vigilants, d'autant qu'il y a des rumeurs de corruption qui circulent», ajoutant ne «pas disposer de preuves suffisantes» à cet égard.
«Amadou Ba, le plus grand danger qui guette le Sénégal aujourd'hui»
S’il parle ainsi, c’est parce que Ousmane Sonko pense que Amadou Ba, est «le plus grand danger qui guette le Sénégal aujourd'hui». «J’invite tout le monde à oublier Macky Sall. On se tromperait de combat. J’estime que c’est quand Macky Sall a déclaré qu’il n’est pas candidat qu’il a arrêté d’être notre adversaire. Surtout qu’il y a plus dangereux que Macky Sall et c’est son candidat Amadou Ba. Cet homme est le plus grand danger qui guette le Sénégal aujourd'hui. A propos d’Amadou Ba, les Sénégalais devraient se poser une seule question : où est-ce que cet homme qui est un fonctionnaire a trouvé tous ces milliards ? Et ça suffit largement pour ne pas voter pour lui. Comme Diomaye et moi, il est inspecteur des impôts et des domaines. Mais alors que nous ne sommes pas riches, Amadou Ba lui est milliardaire. L’autre chose à savoir sur Amadou Ba, c’est que lui confier le pays revient à donner le pays aux étrangers. Je l’ai entendu nous attaquer. Quand nous travaillions ensemble, à plusieurs reprises, il a tenté de prendre des non-dus et à chaque fois je me suis opposé. Nous sommes au courant d’un holdup électoral qui se prépare. Amadou Ba ne peut pas avoir 15% si l’élection est transparente», a déclaré Ousmane Sonko.
Sur la reddition des comptes, le maire de Ziguinchor a voulu être clair. «Je veux être clair, il n’y aura pas de vengeance mais il y aura de la justice dans toute sa rigueur. Nous allons veiller à ce que justice soit rendue au peuple sénégalais», a indiqué le leader de Pastef avant de poursuivre : «on a un grand chantier devant nous. Donc, on n’a pas le temps de faire une chasse à la sorcière. Mais que cela soit clair : il n’y aura pas d’impunité…», a-t-il affirmé.
Sidy Djimby NDAO