Réunis en conférence de presse hier à Dakar, les créateurs de contenu proches de Pastef ont haussé le ton. Ils dénoncent le dénigrement venu de responsables du parti, exigent la protection politique de leurs camarades Lamignou Darou et Boy Dakar, et se disent prêts à « faire face à toute attaque » visant leur leader, le président de Pastef, Ousmane Sonko.
Un engagement revendiqué, une colère affichée
Les intervenants, qui se présentent comme les « créateurs de contenu » du parti Pastef-Les Patriotes, ont affirmé d’emblée leur détermination à protéger « ce projet auquel nous croyons fermement ». Selon leur porte-parole, ils se sont investis « dans les réseaux sociaux pour faire passer notre projet » et refusent d’être traités comme de simples « boys ». Ils insistent, ils ne travaillent que pour Ousmane Sonko « et personne d’autre », ont-ils martelé et se réclament du même statut de responsabilité que les cadres auxquels ils s’adressent.
Accusations contre les responsables du parti
La conférence a pris un tour plus accusateur lorsque les créateurs de contenu ont dénoncé des comportements internes qu’ils jugent déloyaux. Ils reprochent à certains responsables de Pastef d’avoir partagé et amplifié des vidéos ou des messages qui humilient des camarades et « dénigrent ceux qui, jusqu’ici, assuraient la présence numérique du parti ». Ils vont même jusqu’à évoquer « un réseau de démantèlement des patriotes présents sur les réseaux », insinuant des manœuvres destinées à affaiblir la campagne et la cohésion interne.
Solidarité avec Lamignou Darou et Boy Dakar
Au centre de la prise de parole, la situation judiciaire de Lamignou Darou et Boy Dakar, « entre les mains de la justice ». Les créateurs de contenu réclament un traitement équitable et dénoncent ce qu’ils perçoivent comme un acharnement ciblé. « Lamine Darou et Boy Dakar n’ont pas varié dans leurs propos depuis 2021. Il est anormal qu’ils soient inquiétés aujourd’hui par notre régime alors qu’ils ne l’ont pas été sous Macky Sall », a souligné un intervenant, soulignant le caractère, selon eux, sélectif des poursuites.
Ils fustigent par ailleurs une réaction judiciaire qu’ils jugent partiale. « La justice nous inquiète, car elle ne s’autosaisit que quand un patriote répond à une injure de l’opposition », a lancé un créateur de contenu, plaidant pour une justice indépendante et non instrumentalisée.
Appel aux autorités et menace de résistance
Les créateurs ont lancé un appel explicite aux autorités. « Assumez votre pouvoir », leur ont-ils demandé, rappelant qu’ils n’attendent d’elles « qu’un accompagnement » pour la famille politique d’Ousmane Sonko. Ils estiment que les autorités devraient se montrer reconnaissantes envers un président qui, selon eux, ne dispose « que de sa famille politique ».
La conférence s’est conclue sur une note ferme. « Nous nous constituerons en bouclier contre toute attaque de notre leader », a déclaré un porte-parole, ajoutant, presque en défi : « si les portes des prisons doivent s’ouvrir, nous sommes prêts à y retourner. » Cette formule, volontairement provocatrice, marque la volonté d’une mobilisation sans concession face à ce qu’ils considèrent comme un ostracisme politique.
Vers un refroidissement des solidarités internes ?
Les orateurs ont par ailleurs fait part d’un constat plus large, la solidarité politique, « qui nous est connue », commence à s’effriter. Ils regrettent que certains responsables politiques, censés les soutenir, participent au contraire à leur dénigrement. Ce constat nourrit leur défiance et explique en partie la radicalisation du ton adopté lors de la conférence.
Ces prises de position interviennent dans un climat politique tendu où la parole publique et la bataille sur les réseaux sociaux occupent une place centrale dans la lutte des partis.
La conférence des créateurs de contenu ne se limite pas à une simple défense d’individus, elle traduit une volonté d’affirmer une force d’appui numérique et militante qui se considère, désormais, comme un acteur incontournable de Pastef prêt à exiger loyauté, protection et reconnaissance de ses leaders, tout en menaçant d’une riposte déterminée en cas d’atteinte à ses cadres.












