Encore une autre polémique sur les nominations du président de la République. Les partisans de Pastef s’offusquent de la nomination de Aoua Ly Tall comme membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel. Une polémique devenue virale dans les réseaux sociaux.
«C’est une humiliation»
La nomination de la sociologue Aoua Bocar Ly Tall comme membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a créé une controverse au sein des militants de Pastef-Les Patriotes, le parti présidentiel. Les militants du Pastef ont infesté les réseaux sociaux pour dénoncer et manifester leur amertume et désapprobation à propos de cette nomination qu’ils jugent comme une gifle contre leur conviction. «Il est temps de sonner la fin de la récréation. Nous avons trop longtemps toléré l’inacceptable. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation par laquelle nos propres leaders, ceux en qui nous avons placé toute notre confiance, se permettent de nous humilier en paroles et en actes. Comment peut-on accepter que des adversaires qui nous ont combattu avec acharnement soient désormais nommés à des postes stratégiques, tandis que nos propres camarades, ces brillants intellectuels qui ont sacrifié leur temps, leur énergie et parfois leur sécurité pour porter haut le projet de notre parti, soient écartés ou marginalisés ?», lit-on dans plusieurs comptes Facebook.
Mollah Morgan fustige en épargnant Diomaye et Sonko
De fervents défenseurs du projet dans les réseaux sociaux s’en sont offusqués ouvertement. C’est le cas de Mollah Morgan, qui n’a pas caché sa déception. «Je regrette d’avoir rejeté les offres que les dignitaires de Macky Sall m’ont proposées. Tous les arrivants de la dernière heure sont en train d’être récompensés par le Président Diomaye Faye qui laisse en rade les premiers militants et responsables qui se sont sacrifiés depuis le début du projet. Je vous informe que le gouvernement canadien est en passe de me nommer en tant qu’ambassadeur… contrairement au gouvernement de mon pays qui nomme les adversaires d’hier au détriment de ceux qui ont porté le projet avec tous les risques», a-t-il indiqué. Il ajoute pour ménager le chef de l’État et celui du gouvernement. «Le Président Diomaye encore moins le Pm Ousmane Sonko n’y sont pour rien. C’est une liste qui lui a été proposée. S’il faut attaquer, c’est le ministre de la Communication qu’il faut attaquer», rectifie-t-il.
Fadilou Keïta en sapeurs-pompier
Une thèse défendue par Fadilou Keïta dans une autre vidéo. «Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette nomination n’émane pas du président de la République. Ce sont des organisations dûment reconnues qui ont proposé cette dame pour les représenter au Cnra. Le Président ne peut faire autrement que d’avaliser. C’est pourquoi, parfois dans ses nominations, il est obligé de porter le choix sur des personnalités qui ont pris des positions contraires à nos convictions», explique le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignation (Cdc).
GMS appelle à une rectification de cette nomination
Dans un texte, Guy Marius Sagna rappelle le combat de la dame contre le projet. « D'abord un principe. Nous ne pouvons pas confier le projet à des concitoyens dont le plan était que nous soyons peut-être en ce moment en plein deuxième tour de l'élection présidentielle et sans candidat. (…) Cette femme a fait la promotion d'un Sénégal divisé sur une base dangereuse - ethnique - inflammable. (…) Enfin, il faut corriger cette erreur soit par la démission de la concernée ou qu'elle soit enlevée des membres du Cnra», a-t-il lui aussi manifesté sa déception.
Azoura Fall dans tous ses états crie tout haut. «Maintenant, c'est comme cela, qu’on pardonne tout le monde. Nous, patriotes, qui avons tout le temps défendu le projet sommes des moins que rien. Président Diomaye, nous vous avons toujours demandé d’étudier les profils avant de nommer. À ce rythme, je risque de quitter ce pays. Son choix n’est basé sur rien parce qu’il y a des patriotes plus compétents et plus dynamiques qu’elle», laisse entendre Azoura.
Demba, un autre militant de Pastef dans les réseaux sociaux établi en France manifeste aussi sa colère. Il fait une autre révélation de taille. «La pince que porte le Président Diomaye Faye est celle portée par tous les présidents d’Afrique sous influence de la France. C’est ce qui montre l’autorité de la France sur le Sénégal. Mais au Mali et en Algérie, c’est le drapeau national qui est porté en lieu et place de cette pince. C'est-à-dire que le système fonctionne toujours. Il continue d’opérer au palais. Cette pince est portée aussi par tous les officiers supérieurs. Tant que notre président porte la rosette de Grand-Croix, il continue de faire allégeance à la France», fait-il savoir avant d’inviter les «patriotes» à sauver le président de la République, car le combat doit continuer pour sauver le Sénégal.
Dans un communiqué annonçant un point de presse, le collectif des sections communales de Pastef/Les Patriotes dénonce «la promotion des adversaires et ennemis du Projet par Son Excellence le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, son Premier ministre Ousmane Sonko et son Gouvernement ; Le maintien des éléments du régime apériste dans des instances de décision ; le manque de considération et de reconnaissance du parti envers la base dirigée par les coordonnateurs communaux ; la promotion des alliés de circonstance; la non-implication des coordonnateurs communaux dans la mise en pratique du Projet; la négligence de la base et les difficultés à joindre les nouvelles autorités; l'importance accordée par le parti à des ‘’influenceurs opportunistes’’».
Le président de l’Assemblée nationale calme les « patriotes »
Dans un communiqué rendu public, le président de l’Assemblée nationale invite les contestataires à faire bloc derrière le tandem Diomaye-Sonko, tout en saluant le niveau de vigilance des «patriotes». «Je suis entièrement satisfait pour deux choses, au moins : la présence de dirigeants foncièrement patriotes, éclairés, justes et animés d'un amour sincère pour ce pays. Un peuple alerté, exigeant et attentif à la mise en œuvre du projet national, sans compromission aucune», dit El Malick Ndiaye, qui les invite à être plus patients. «Faisons confiance au président de la République et au Premier ministre, pour le reste, tout en gardant patience», rassure le président de l'Assemblée nationale.
Aoua Bocar Ly Tall minimise
Comme si toutes ces attaques lui étaient indifférentes, le nouveau membre du Cnra a tenu à les ignorer et faire focus sur les messages de félicitations qu’elle a reçus depuis. «Pour moi, c’est l’autre partie qui a été positive. Depuis l'annonce, j'ai reçu une pluie de félicitations. Une pluie de marques de confiance où les gens me disent : ‘’Dr Aoua Bocar Ly vous méritez cette nomination’’», répond-t-elle sans apporter de commentaire.
Il faut rappeler qu’elle a été nommée au Cnra au titre des personnalités qualifiées du milieu des lettres.
Baye Modou SARR













