
Il est sorti libre de son audition ; Madiambal Diagne est rentré chez lui après s’être longuement entretenu avec les enquêteurs de la cybercriminalité sur un tweet posté ce week-end, commentant le débat houleux entre Amadou Ba de Pastef et Badara Gadiaga. Le patron de Avenir Communication s’est voulu clair, il ne fait pas partie de ceux qu’on peut intimider avec des convocations et menaces d’emprisonnement. Il est plus que jamais déterminé à exposer son point de vue, chaque fois que de besoin.
Convoqué par la cybercriminalité, Madiambal Diagne est allé répondre, assisté de ses avocats, hier. Aidé par ses confrères Me Dior Diagne, Pape Sène, Baboucar Cissé et Arouna Basse, Me Amadou Sall a assisté Madiambal Diagne tout au long de son audition. « Il a été longuement interrogé sur une curiosité, parce qu’il s’agit d’un post où il reprenait les propos tenus par le député Amadou Ba, lors d’une émission », renseigne l’avocat, qui estime que s’il y avait quelqu’un qui mérite d’être entendu, c’est bien Amadou Ba.
« « S’il y avait quelqu’un qui mérite d’être entendu, c’est bien Amadou Ba »
Madiambal Diagne s’est longuement expliqué, selon son avocat, sur l’exercice qu’il a mené, « c’était un exercice d’un homme public, d’un homme de presse, mais nous avons aujourd’hui la désagréable sensation que les délits d’opinion sont devenus presque la panacée. Nous nous inquiétons de ce qui apparaît objectivement comme une véritable dérive. Nous sommes en train de voir notre système politique et démocratique se transformer en un système autoritaire », déplore Me Sall, qui appelle les autorités à revenir à la raison. « Les questions de liberté ne se règlent pas devant le prétoire. Nous espérons que Le procureur de la République et le gouvernement vont s’arrêter là, parce qu’au-delà, il y aura d’autres conséquences. La commission des droits de l’homme des Nations-Unies s’interroge et presque scrute ce qui se fait dans notre pays. Beaucoup d’autres institutions comme la Cour de justice de la Cedeao peuvent être saisies sur les détentions arbitraires. Il est temps que l’on sache que le Sénégal n’est pas une exception par rapport au reste du monde », affirme Me Sall, qui fait remarquer qu’il y a une très forte régression de la liberté d’expression au Sénégal. « Le Sénégal a connu beaucoup d’alternances apaisées et démocratiques. Et on ne réinvente pas une démocratie, on la renforce et on élargit les espaces de liberté », dit-il.
« Ceux qui aujourd’hui essaient d’anéantir la liberté d’expression devraient être les derniers à s’attaquer à cet acquis démocratique »
Madiambal Diagne qualifie son audition de perte de temps. Selon le patron du groupe Avenir communication, les nouveaux gouvernants doivent savoir qu’il ne sert à rien d’essayer d’intimider les gens, c’est peine perdue. « S’ils croient qu’ils peuvent faire taire les gens avec des menaces d’emprisonnement, c’est mal connaître les Sénégalais. Au contraire, ils vont nous pousser à leur faire face avec fermeté », prévient Madiambal Diagne, qui précise : « ce pays nous appartient, personne n’est plus légitime que nous autres. Ceux qui nous dirigent ont bénéficié de la confiance de certains Sénégalais qui leur ont donné leur voix , donc ils ne peuvent pas empêcher les autres qui pensent différemment de donner leurs avis. Personnellement rien ni personne ne m’empêchera de défendre mon point de vue ». Pour Madiambal, ceux qui aujourd’hui essaient d’anéantir la liberté d’expression devraient être les derniers à s’attaquer à cet acquis démocratique. A l’en croire, s’il y a une personne à auditionner, c’est bien le député Amadou Ba. Sur la mise en demeure de la Cnra à la Tfm, Madiambal dit la dénoncer. « C’était un débat public ; il faudrait donc situer les responsabilités. Badara Gadiaga n’a pas insulté en premier. Au contraire, il a été insulté et dénigré et il a rendu les coups. Il a juste touché là où ça fait mal en nommant le leader de Amadou Ba. Le plus important, il a rapporté des faits », déclare M. Diagne.
Nd. Kh. D. F