Le guide des Thiantacounes, Béthio Thioune dit Cheikh, sera finalement jugé par contumace. Tel en a décidé le président de la Chambre criminelle du département de Mbour, Thierno Niang, après l’ouverture du procès du double meurtre de Madinatoul Salam, le 22 avril 2012. Avec cette décision, les conseils du guide des Thiantacounes ne pourront pas participer au procès, ni prendre part aux débats. Une manche perdue par Cheikh Béthio Thioune.
Sept ans, jour pour jour, après le double meurtre de Médinatoul Salam, à l’origine de l’inculpation du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune, ainsi que 19 coaccusés, le procès s’est finalement ouvert, hier, à la Chambre criminelle du tribunal de grande instance du département de Mbour. Un procès entamé en l’absence évidente du guide des Thiantacounes, présentement à Bordeaux pour des soins médicaux. Du moins, selon ses conseils qui ont déposé un dossier médical sur la table du juge Thierno Niang. Et, c’est cette absence qui a été à l’origine d’une vive bataille de procédure sur les principes du droit, entre les parties constituées dans cette affaire. La défense a d’abord formulé la demande qui consiste à faire bénéficier le Cheikh Béthio du «sursis à statuer», avant que les avocats des parties civiles et représentant du parquet ne prennent le contre-pied, pour solliciter que l’absent soit tout simplement jugé par contumace. Ces derniers ont fini par obtenir gain de cause. A en croire Me Ousmane Sèye, depuis janvier 2019, son client est absent du territoire national pour des soins médicaux en France. Cependant, l’avocat estime qu’il ne peut solliciter le renvoi pour ne pas porter préjudice aux accusés, qui sont en détention préventive depuis une très longue période. Néanmoins, il confirme que Cheikh Béthio ne peut comparaitre devant la Chambre criminelle comme en atteste le dossier médical déposé sur la table du juge. Une absence qu’il juge légitime, avant d’inviter la Chambre à «surseoir au jugement» de son client et de permettre à ses conseils de pouvoir intervenir dans ce procès. Son confrère de la défense, Me Mouhamadou Moustapha Dieng, d’abonder dans le même sens. «Nous sommes face à un dilemme : la défense a déposé à temps le dossier médical de Cheikh Béthio Thioune, qui atteste d’un état de santé précaire qui ne lui permet pas de comparaitre devant la Chambre criminelle», ajoute l’avocat, qui invite le juge au sursis à statuer pour son client et à procéder au jugement des autres affaires, tout en permettant aux avocats de l’accusé absent d’être entendus et de participer au débat d’audience.
Le procureur Youssou Diallo : le débat en matière pénale doit être loyal
Une demande qui n’a pas rencontré l’assentiment du parquet représenté par Youssou Diallo. En effet, le ministère public s’est opposé et a, dans la foulée, invité le président de la Chambre à juger Cheikh Béthio par contumace. Auparavant, il a déploré le comportement des conseils de la défense qui, accuse-t-il, ne lui ont pas signifié le dossier médical de l’accusé absent. «C’est inacceptable ! Au moment où je vous parle, je n’ai pas connaissance de ce dossier médical, or le débat en matière pénale doit être loyal», s’indigne le représentant du parquet. Poursuivant sur les constatations juridiques, il estime que le débat doit se poursuivre sans les conseils de la défense et que leur client, en l’occurrence Cheikh Béthio, doit être jugé par contumace.
Me Khassimou Touré : «C’est un dossier médical de complaisance»
Avocat des familles des victimes, Me Khassimou Touré de renchérir : «les victimes ont droit au chapitre et par conséquent doivent être associées au procès. Elles ont été sauvagement et atrocement tuées et ensevelies. On parle de dossier médical et ce dossier ne nous a été jamais communiqué. Dans cette affaire, il y a la veuve et l’orphelin et ils doivent tous être entendus», se désole la robe noire, avant de brandir l’article 307 qui stipule : «si les accusés non détenus ne défèrent pas à la convocation du juge, ils sont jugés par contumace par la Chambre criminelle», dit-il, avant de solliciter le rejet de cette demande des conseils de la défense. Il ne manque pas de remettre en cause le dossier médical. Le certificat médical, accuse-t-il, a été fabriqué de façon confidentielle, sans aucune expertise médicale. «C’est un dossier médical de complaisance», fulmine l’avocat. Suffisant pour mettre Me Ousmane Sèye et son confrère de la défense Me Dieng hors de leurs gonds. De l’avis de Me Sèye, la partie civile n’a pas droit à la parole et se permet de critiquer le dossier médical de son client «dignement confectionné». Me Dieng de déflorer, à son tour, les secrets des discussions dans le bureau du procureur, lorsqu’il était venu lui remettre le dossier médical de Cheikh Béthio. «C’est le procureur qui a suggéré d’attendre le jour de l’audience», rapporte l’avocat, qui rappelle qu’en matière pénale, la communication se fait à l’audience. «Comment on peut reprocher aux avocats de ne pas communiquer un dossier médical ? C’est ignorer le caractère confidentiel d’un dossier médical. Le dossier médical, c’est l’intimité d’un homme. Nous sommes allés jusqu’en France le voir et c’est son médecin qui a confectionné ce dossier médical», précise la robe noire. De son côté, le représentant du parquet Youssou Diallo précise que la communication doit se faire avant les débats, ce qui n’est toujours pas le cas. Prenant la parole, Me Adama Fall d’indiquer que le principal souci des accusés, c’est d’être jugés, après une longue détention préventive. En tout état de cause, le président Thierno Niang a pris fait et cause pour le représentant du parquet et les conseils des plaignants, en rejetant le sursis à statuer plaidé par les conseils de Béthio Thioune. Du coup, ses avocats ne pourront pas participer aux débats d’audience, à moins qu’ils soient constitués pour d’autres accusés. En effet, revenant sur le dossier médical, le président Thierno Niang estime que le fait de dire que l’état de santé de Cheikh Béthio ne lui permet pas de voyager est une constatation vague, puisqu’on ignore, dit-il, la partie du corps affectée. De plus, le calendrier qui a été établi pour les soins du Cheikh dépasse la tenue de cette audience. Une excuse qui n’est pas légitime, à ses yeux.
Moussa CISS
Sept ans, jour pour jour, après le double meurtre de Médinatoul Salam, à l’origine de l’inculpation du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune, ainsi que 19 coaccusés, le procès s’est finalement ouvert, hier, à la Chambre criminelle du tribunal de grande instance du département de Mbour. Un procès entamé en l’absence évidente du guide des Thiantacounes, présentement à Bordeaux pour des soins médicaux. Du moins, selon ses conseils qui ont déposé un dossier médical sur la table du juge Thierno Niang. Et, c’est cette absence qui a été à l’origine d’une vive bataille de procédure sur les principes du droit, entre les parties constituées dans cette affaire. La défense a d’abord formulé la demande qui consiste à faire bénéficier le Cheikh Béthio du «sursis à statuer», avant que les avocats des parties civiles et représentant du parquet ne prennent le contre-pied, pour solliciter que l’absent soit tout simplement jugé par contumace. Ces derniers ont fini par obtenir gain de cause. A en croire Me Ousmane Sèye, depuis janvier 2019, son client est absent du territoire national pour des soins médicaux en France. Cependant, l’avocat estime qu’il ne peut solliciter le renvoi pour ne pas porter préjudice aux accusés, qui sont en détention préventive depuis une très longue période. Néanmoins, il confirme que Cheikh Béthio ne peut comparaitre devant la Chambre criminelle comme en atteste le dossier médical déposé sur la table du juge. Une absence qu’il juge légitime, avant d’inviter la Chambre à «surseoir au jugement» de son client et de permettre à ses conseils de pouvoir intervenir dans ce procès. Son confrère de la défense, Me Mouhamadou Moustapha Dieng, d’abonder dans le même sens. «Nous sommes face à un dilemme : la défense a déposé à temps le dossier médical de Cheikh Béthio Thioune, qui atteste d’un état de santé précaire qui ne lui permet pas de comparaitre devant la Chambre criminelle», ajoute l’avocat, qui invite le juge au sursis à statuer pour son client et à procéder au jugement des autres affaires, tout en permettant aux avocats de l’accusé absent d’être entendus et de participer au débat d’audience.
Le procureur Youssou Diallo : le débat en matière pénale doit être loyal
Une demande qui n’a pas rencontré l’assentiment du parquet représenté par Youssou Diallo. En effet, le ministère public s’est opposé et a, dans la foulée, invité le président de la Chambre à juger Cheikh Béthio par contumace. Auparavant, il a déploré le comportement des conseils de la défense qui, accuse-t-il, ne lui ont pas signifié le dossier médical de l’accusé absent. «C’est inacceptable ! Au moment où je vous parle, je n’ai pas connaissance de ce dossier médical, or le débat en matière pénale doit être loyal», s’indigne le représentant du parquet. Poursuivant sur les constatations juridiques, il estime que le débat doit se poursuivre sans les conseils de la défense et que leur client, en l’occurrence Cheikh Béthio, doit être jugé par contumace.
Me Khassimou Touré : «C’est un dossier médical de complaisance»
Avocat des familles des victimes, Me Khassimou Touré de renchérir : «les victimes ont droit au chapitre et par conséquent doivent être associées au procès. Elles ont été sauvagement et atrocement tuées et ensevelies. On parle de dossier médical et ce dossier ne nous a été jamais communiqué. Dans cette affaire, il y a la veuve et l’orphelin et ils doivent tous être entendus», se désole la robe noire, avant de brandir l’article 307 qui stipule : «si les accusés non détenus ne défèrent pas à la convocation du juge, ils sont jugés par contumace par la Chambre criminelle», dit-il, avant de solliciter le rejet de cette demande des conseils de la défense. Il ne manque pas de remettre en cause le dossier médical. Le certificat médical, accuse-t-il, a été fabriqué de façon confidentielle, sans aucune expertise médicale. «C’est un dossier médical de complaisance», fulmine l’avocat. Suffisant pour mettre Me Ousmane Sèye et son confrère de la défense Me Dieng hors de leurs gonds. De l’avis de Me Sèye, la partie civile n’a pas droit à la parole et se permet de critiquer le dossier médical de son client «dignement confectionné». Me Dieng de déflorer, à son tour, les secrets des discussions dans le bureau du procureur, lorsqu’il était venu lui remettre le dossier médical de Cheikh Béthio. «C’est le procureur qui a suggéré d’attendre le jour de l’audience», rapporte l’avocat, qui rappelle qu’en matière pénale, la communication se fait à l’audience. «Comment on peut reprocher aux avocats de ne pas communiquer un dossier médical ? C’est ignorer le caractère confidentiel d’un dossier médical. Le dossier médical, c’est l’intimité d’un homme. Nous sommes allés jusqu’en France le voir et c’est son médecin qui a confectionné ce dossier médical», précise la robe noire. De son côté, le représentant du parquet Youssou Diallo précise que la communication doit se faire avant les débats, ce qui n’est toujours pas le cas. Prenant la parole, Me Adama Fall d’indiquer que le principal souci des accusés, c’est d’être jugés, après une longue détention préventive. En tout état de cause, le président Thierno Niang a pris fait et cause pour le représentant du parquet et les conseils des plaignants, en rejetant le sursis à statuer plaidé par les conseils de Béthio Thioune. Du coup, ses avocats ne pourront pas participer aux débats d’audience, à moins qu’ils soient constitués pour d’autres accusés. En effet, revenant sur le dossier médical, le président Thierno Niang estime que le fait de dire que l’état de santé de Cheikh Béthio ne lui permet pas de voyager est une constatation vague, puisqu’on ignore, dit-il, la partie du corps affectée. De plus, le calendrier qui a été établi pour les soins du Cheikh dépasse la tenue de cette audience. Une excuse qui n’est pas légitime, à ses yeux.
Moussa CISS
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