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La proposition du journaliste et parent d’élèves, Issa Thioro Guèye, de repousser l’heure d’entrée à l’école à 9 heures, suscite réflexion. Derrière une idée simple se cache un enjeu de santé publique, de pédagogie et de justice sociale. À travers le monde, de la Finlande aux États-Unis, l’expérience a montré que des horaires adaptés au rythme des enfants pouvaient transformer l’école.
Dans un pays où l’école concentre toutes les attentes et cristallise tant de frustrations, une idée apparemment anodine peut devenir un véritable sujet de société. L’heure d’entrée en classe, rarement remise en question, structure pourtant la vie quotidienne de millions de familles. Elle conditionne le sommeil des enfants, l’organisation des foyers, la circulation urbaine, et jusqu’à la réussite scolaire elle-même. C’est précisément ce verrou que le journaliste Issa Thioro Guèye propose de desserrer, en avançant une réforme simple mais porteuse de transformations profondes : décaler le début de l’école à 9 heures.
Dans son post sur sa page Facebook, le journaliste a choisi de partager sa réflexion, avec la simplicité d’un parent d’élèves soucieux du quotidien de ses enfants. Son texte, vite relayé, a trouvé un écho particulier auprès de nombreux internautes, tant il met des mots sur une fatigue collective trop souvent banalisée. Car derrière cette proposition d’« école à 9 heures », c’est tout un mode de vie scolaire et familial qui est interrogé, du sommeil des enfants jusqu’à l’organisation des villes.
Le cri du parent d’élèves
« Je ne mène plus de combat. L’âge, la sagesse et l’expérience ne me l’autorisent plus. » C’est ainsi qu’Issa Thioro Guèye introduit sa proposition. Un plaidoyer en faveur de ce qu’il appelle simplement « l’école à 9 heures ». Non pas une revendication syndicale, encore moins une bataille idéologique, mais une invitation adressée aux décideurs politiques et aux acteurs de l’éducation. Le constat est implacable : chaque matin, des milliers d’enfants sénégalais affrontent une véritable course d’obstacles pour rejoindre leurs classes, au prix de leur sommeil, de leur santé et de leur sérénité.
Fatigue chronique et apprentissage sacrifié
Aujourd’hui, la plupart des écoles ouvrent leurs portes à 8 heures. Ce qui signifie, pour nombre d’élèves, un réveil dès 5 ou 6 heures du matin. Conséquences : petits-déjeuners bâclés ou inexistants, transports épuisants, stress accumulé avant même le premier cours. Le soir, l’enfant somnole au lieu d’apprendre ses leçons, grignote à la hâte avant de s’écrouler dans son lit. La journée scolaire se transforme ainsi en cercle vicieux : moins de sommeil, moins d’attention, moins de réussite.
Les spécialistes sont unanimes : un enfant de primaire a besoin de 10 à 11 heures de sommeil par nuit, un adolescent d’au moins 8 à 9 heures. Or, en imposant des rythmes décalés de leur biologie, on les condamne à une fatigue chronique, souvent confondue avec de la paresse.
Quand la science rejoint le bon sens
Les recherches en chronobiologie confirment cette intuition parentale : le cerveau n’est pas pleinement alerte aux aurores, surtout chez les adolescents. Aux États-Unis, une étude menée dans l’État du Minnesota a montré que repousser l’heure d’entrée à 8h30 améliorait significativement les résultats scolaires et réduisait les absences. Plus surprenant encore : les accidents de la route impliquant des adolescents ont diminué, preuve que le sommeil est aussi une question de sécurité publique.
Des exemples venus d’ailleurs
La Finlande, modèle souvent cité pour ses performances éducatives, commence ses cours généralement à 9 heures, parfois même plus tard. Les journées y sont plus courtes mais plus efficaces, car les élèves sont réellement disponibles.
En Californie, une loi votée en 2019 oblige désormais les lycées publics à débuter après 8h30. Résultat : plus d’attention, moins d’absentéisme, et un climat scolaire apaisé.
Au Royaume-Uni, plusieurs écoles secondaires ayant testé des débuts à 10h ont observé une hausse de la concentration et une baisse des comportements perturbateurs.
Même en Allemagne, où les rythmes varient d’un Land à l’autre, nombre d’écoles ouvrent à 8h30 ou 9h, couplées à des journées plus courtes, favorisant l’équilibre des élèves.
Une question de société
Repousser l’heure d’entrée à l’école ne relève pas uniquement du bien-être individuel. C’est aussi une réponse sociale. Aujourd’hui, seuls les parents disposant de moyens peuvent compenser la fatigue de leurs enfants par un transport privé ou un petit-déjeuner complet à la maison. Pour les autres, la situation se traduit par des inégalités dès les premières heures de la journée.
À l’échelle urbaine, décaler les horaires scolaires pourrait même contribuer à désengorger les routes et à réduire les tensions du trafic aux heures de pointe. Une externalité positive rarement évoquée, mais bien réelle.
Une idée simple, mais puissante
Certes, la réforme poserait des défis d’organisation : horaires des enseignants, adaptation des transports publics, synchronisation avec les horaires de travail des parents. Mais l’expérience des autres pays prouve que des ajustements sont possibles, et surtout bénéfiques à long terme.
Au fond, la proposition d’Issa Thioro Guèye invite à un retour à l’essentiel : replacer l’enfant au cœur de l’école. Comme il le dit lui-même, « L’école à 9 heures n’est pas un combat. C’est une main tendue, sans polémique, sans bruit. Juste la voix d’un parent d’élèves, soucieux du bien-être de ses enfants et de ceux des autres. »/
Reste à savoir si cette idée trouvera un écho auprès des autorités. Le gouvernement, l’Assemblée nationale, les syndicats d’enseignants et les associations de parents pourraient s’en saisir. Car dans un Sénégal qui aspire à réformer son système éducatif pour le rendre plus performant et plus équitable, l’heure d’entrée à l’école n’est peut-être pas un détail, mais un levier déterminant.
Sidy Djimby NDAO
Correspondant permanent en France
La proposition du journaliste et parent d’élèves, Issa Thioro Guèye, de repousser l’heure d’entrée à l’école à 9 heures, suscite réflexion. Derrière une idée simple se cache un enjeu de santé publique, de pédagogie et de justice sociale. À travers le monde, de la Finlande aux États-Unis, l’expérience a montré que des horaires adaptés au rythme des enfants pouvaient transformer l’école.
Dans un pays où l’école concentre toutes les attentes et cristallise tant de frustrations, une idée apparemment anodine peut devenir un véritable sujet de société. L’heure d’entrée en classe, rarement remise en question, structure pourtant la vie quotidienne de millions de familles. Elle conditionne le sommeil des enfants, l’organisation des foyers, la circulation urbaine, et jusqu’à la réussite scolaire elle-même. C’est précisément ce verrou que le journaliste Issa Thioro Guèye propose de desserrer, en avançant une réforme simple mais porteuse de transformations profondes : décaler le début de l’école à 9 heures.
Dans son post sur sa page Facebook, le journaliste a choisi de partager sa réflexion, avec la simplicité d’un parent d’élèves soucieux du quotidien de ses enfants. Son texte, vite relayé, a trouvé un écho particulier auprès de nombreux internautes, tant il met des mots sur une fatigue collective trop souvent banalisée. Car derrière cette proposition d’« école à 9 heures », c’est tout un mode de vie scolaire et familial qui est interrogé, du sommeil des enfants jusqu’à l’organisation des villes.
Le cri du parent d’élèves
« Je ne mène plus de combat. L’âge, la sagesse et l’expérience ne me l’autorisent plus. » C’est ainsi qu’Issa Thioro Guèye introduit sa proposition. Un plaidoyer en faveur de ce qu’il appelle simplement « l’école à 9 heures ». Non pas une revendication syndicale, encore moins une bataille idéologique, mais une invitation adressée aux décideurs politiques et aux acteurs de l’éducation. Le constat est implacable : chaque matin, des milliers d’enfants sénégalais affrontent une véritable course d’obstacles pour rejoindre leurs classes, au prix de leur sommeil, de leur santé et de leur sérénité.
Fatigue chronique et apprentissage sacrifié
Aujourd’hui, la plupart des écoles ouvrent leurs portes à 8 heures. Ce qui signifie, pour nombre d’élèves, un réveil dès 5 ou 6 heures du matin. Conséquences : petits-déjeuners bâclés ou inexistants, transports épuisants, stress accumulé avant même le premier cours. Le soir, l’enfant somnole au lieu d’apprendre ses leçons, grignote à la hâte avant de s’écrouler dans son lit. La journée scolaire se transforme ainsi en cercle vicieux : moins de sommeil, moins d’attention, moins de réussite.
Les spécialistes sont unanimes : un enfant de primaire a besoin de 10 à 11 heures de sommeil par nuit, un adolescent d’au moins 8 à 9 heures. Or, en imposant des rythmes décalés de leur biologie, on les condamne à une fatigue chronique, souvent confondue avec de la paresse.
Quand la science rejoint le bon sens
Les recherches en chronobiologie confirment cette intuition parentale : le cerveau n’est pas pleinement alerte aux aurores, surtout chez les adolescents. Aux États-Unis, une étude menée dans l’État du Minnesota a montré que repousser l’heure d’entrée à 8h30 améliorait significativement les résultats scolaires et réduisait les absences. Plus surprenant encore : les accidents de la route impliquant des adolescents ont diminué, preuve que le sommeil est aussi une question de sécurité publique.
Des exemples venus d’ailleurs
La Finlande, modèle souvent cité pour ses performances éducatives, commence ses cours généralement à 9 heures, parfois même plus tard. Les journées y sont plus courtes mais plus efficaces, car les élèves sont réellement disponibles.
En Californie, une loi votée en 2019 oblige désormais les lycées publics à débuter après 8h30. Résultat : plus d’attention, moins d’absentéisme, et un climat scolaire apaisé.
Au Royaume-Uni, plusieurs écoles secondaires ayant testé des débuts à 10h ont observé une hausse de la concentration et une baisse des comportements perturbateurs.
Même en Allemagne, où les rythmes varient d’un Land à l’autre, nombre d’écoles ouvrent à 8h30 ou 9h, couplées à des journées plus courtes, favorisant l’équilibre des élèves.
Une question de société
Repousser l’heure d’entrée à l’école ne relève pas uniquement du bien-être individuel. C’est aussi une réponse sociale. Aujourd’hui, seuls les parents disposant de moyens peuvent compenser la fatigue de leurs enfants par un transport privé ou un petit-déjeuner complet à la maison. Pour les autres, la situation se traduit par des inégalités dès les premières heures de la journée.
À l’échelle urbaine, décaler les horaires scolaires pourrait même contribuer à désengorger les routes et à réduire les tensions du trafic aux heures de pointe. Une externalité positive rarement évoquée, mais bien réelle.
Une idée simple, mais puissante
Certes, la réforme poserait des défis d’organisation : horaires des enseignants, adaptation des transports publics, synchronisation avec les horaires de travail des parents. Mais l’expérience des autres pays prouve que des ajustements sont possibles, et surtout bénéfiques à long terme.
Au fond, la proposition d’Issa Thioro Guèye invite à un retour à l’essentiel : replacer l’enfant au cœur de l’école. Comme il le dit lui-même, « L’école à 9 heures n’est pas un combat. C’est une main tendue, sans polémique, sans bruit. Juste la voix d’un parent d’élèves, soucieux du bien-être de ses enfants et de ceux des autres. »/
Reste à savoir si cette idée trouvera un écho auprès des autorités. Le gouvernement, l’Assemblée nationale, les syndicats d’enseignants et les associations de parents pourraient s’en saisir. Car dans un Sénégal qui aspire à réformer son système éducatif pour le rendre plus performant et plus équitable, l’heure d’entrée à l’école n’est peut-être pas un détail, mais un levier déterminant.
Sidy Djimby NDAO
Correspondant permanent en France












