Venu représenter le Président Macron à la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est revenu sur la tragique histoire des tirailleurs, de leur enrôlement à la démobilisation suivie du massacre à Thiaroye. «C'est au matin du 1er décembre 1944, ici même à Thiaroye, qu'ils réclamèrent justice dans un immense cri de colère qui retentit encore 80 ans plus tard. Un cri de colère que la France réprima dans le sang en ouvrant le feu sur ceux-là même qui avaient risqué leur vie pour qu'elle puisse être libérée. Rien ne peut justifier que des soldats de la France aient ainsi retourné leurs canons contre leurs frères d’armes», reconnait l’émissaire de d’Emmanuel Macron. En effet, Jean-Noël Barrot est persuadé que seul un travail de mémoire peut apaiser ces blessures profondes. «Seul un travail de mémoire peut conduire à les apaiser. Il n'y a pas d'apaisement sans la justice. Il n'y a pas de justice sans la vérité», fait remarquer l’émissaire de la France qui révèle que la transmission des archives au Sénégal en 2014 entre dans ce cadre.
«Si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même»
«C'est la raison pour laquelle le président de la République vous a écrit pour vous dire que la France se doit de reconnaître que ce jour-là s’est déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre. Et si la France reconnaît ce massacre, elle le fait aussi pour elle-même, car elle n'accepte pas qu'une telle injustice puisse entacher son histoire», renchérit M. Barrot. En outre, le ministre des Affaires étrangères a appelé le Sénégal et la France à cultiver l'amitié sur les fondations d'une mémoire qui rassemble plutôt que d'une mémoire qui divise. «Monsieur le Président, (…) inventons ensemble ce nouveau dialogue, franc et respectueux des intérêts et des valeurs de chacun, transparent sur les objectifs, juste quant à la réalité des actes, juste quant au récit qui les entoure», invite Jean-Noël Barrot.
M. CISS
MOUHAMED OULD GHAZOUANI, PRÉSIDENT MAURITANIE
«Leur sang versé sur cette terre n’a pas été vain et ne sombrera jamais dans l’oubli»
Le président mauritanien et président en exercice de l’Union Africaine (UA), Mouhamed Ould Cheikh El Ghazouani, a porté la voix de ses pairs chefs d’Etat présents. «Revenus dans la chaleur du pays natal, fiers de la victoire et prêts à embrasser la vie, la mort les a rattrapés par la traîtrise en ce tragique 1er décembre 1944 ici même dans cette caserne où l’écho de l’injustice criante et de l’ingratitude raisonnent encore et toujours pour l’éternité», s’indigne le président Ghazouani qui rappelle que les tirailleurs ont consenti à toutes sortes de sacrifices, bravé les rigueurs climatiques hostiles et affronté la mort dans les champs de batailles pour en sortir victorieux contribuant ainsi à la victoire des alliés et à la libération de la France. Ce qui lui fait dire : «Nous nous recueillons dans un esprit de respect et de reconnaissance pour affirmer que leur sang versé sur cette terre n’a pas été vain et ne sombrera jamais dans l’oubli. Leurs sacrifices resteront gravés dans notre mémoire et présents dans la conscience collective de nos peuples», ajoute le Président mauritanien. Poursuivant, il révèle que le Massacre de Thiaroye symbolise «la violence et le déni des droits fondamentaux» dont les Africains ont souffert, mais aussi, «l’inébranlable détermination des Africains à lutter pour leur dignité, leurs droits et à s’affranchir définitivement de toutes formes de domination face à la détermination des puissances coloniales à préserver et consolider leur autorité».
M. CISS












