
Accusations de népotisme, recrutement hors procédure, tensions avec une partie du personnel… L’ambiance se dégrade au sein du Fonds de développement du service universel des télécommunications (Fdsut), dirigé par Ndèye Fatou Diop Blondin depuis 2024. Malgré les démentis de la principale intéressée, les alertes internes se multiplient. Une procédure judiciaire aussi est en cours pour licenciement abusif d’un agent de l’État.
Depuis sa nomination à la tête du Fdsut en juin 2024, Ndèye Fatou Diop Blondin fait face à une série d’accusations qui mettent en lumière un climat délétère au sein de l’institution censée assurer l’équité d’accès aux télécommunications au Sénégal.
Des recrutements jugés douteux
Au cœur des critiques : une série de recrutements perçus comme irréguliers, alors même que ces profils existaient déjà dans les effectifs du Fonds, d’après nos sources. Ces décisions ont été prises alors qu’une circulaire de la Primature interdit tout recrutement dans les entités en attente d’audit, sans que le Comité de direction du Fdsut (Codir) n’ait été consulté.
Gestion des ressources critiquée
Autre point de discorde : l’utilisation des moyens logistiques de l’institution. Dès son installation, Mme Blondin aurait exprimé son souhait d’utiliser un véhicule de fonction, en contradiction avec un décret présidentiel de janvier 2021. Plus encore, la location d’un véhicule 4×4 Toyota Prado aurait coûté 118.000 F Cfa par jour pendant plus de deux mois. Une dépense jugée excessive par des agents internes.
Réaction ferme dans un courrier…contre Fatou Blondin Diop
Selon nos sources dans un courrier récent, une partie du personnel a exprimé sa désapprobation à la suite d’une note de service imposant un contrôle strict sur l’usage de leurs heures de délégation syndicale. Ils dénoncent une mesure ciblant spécifiquement certains travailleurs, perçue comme une tentative de restreindre l’exercice de leur mandat. «Nous n’avons utilisé que six heures depuis le début de notre mandat, dont deux heures en ligne. Pourquoi une telle note uniquement à notre encontre ?», s’interrogent-ils.
En s'appuyant sur les articles 28 et 29 du Code du travail, ils récusent la nécessité d’un visa hiérarchique pour exercer leur rôle syndical et dénoncent «l’absentéisme notoire» de certains collaborateurs de la direction qui, eux, ne sont pas visés par ce type de mesures.
Le courrier a été adressé à plusieurs instances : Codir, l’Inspecteur régional du Travail de Dakar, ainsi qu’aux secrétaires généraux du Syts et de la Cnts.
La défense de la coordinatrice
Face à ces accusations, Fatou Blondin Diop rejette en bloc les allégations. Dans une note datée du 30 juin 2025, elle affirme que tous les recrutements sont conformes à la réglementation, fondés sur le mérite et le respect des procédures. Elle invite par ailleurs les journalistes à vérifier les faits auprès des services habilités avant toute publication. «La gestion du Fdsut est conforme aux règles administratives en vigueur. Il ne saurait être question de favoritisme ou de gestion clanique», a-t-elle déclaré depuis l’étranger, lors d’un déplacement officiel.
Licenciement abusif au Fdsut…
Selon nos informations, un employé du Fdsut, pourtant titulaire d’un contrat à durée indéterminée (CDI), a été brutalement licencié sans motif officiel. La procédure de conciliation auprès de l’Inspection du travail n’a pas eu l’effet escompté. Face à cette situation jugée arbitraire et illégale, l’employé a saisi la justice. Le dossier est actuellement entre les mains du tribunal.
En attente d’un arbitrage institutionnel
Pour l’heure, aucune enquête officielle ou mesure de sanction n’a été annoncée. Cependant, le ministère de la Communication et de l’Économie numérique a été saisi. Le climat interne reste tendu, et les appels à l’audit se font de plus en plus pressants, aussi bien au sein du personnel qu’auprès des professionnels du secteur numérique.
Samba THIAM