Sur le fondement du rapport de l’expert-comptable Babacar Ndiaye, le Parquet financier a fait un réquisitoire supplétif qui a valu à Lat Diop une nouvelle inculpation, mais également à El Hadi Djiby Ndiaye et Ibrahima Ndao une convocation devant le magistrat instructeur. Seulement, l’ancien Directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) a trouvé plusieurs manquements dans le rapport de l’homme de l’art. Ainsi, par le biais de ses conseils, il a saisi le président de l’Ordre des experts comptables pour se plaindre. Lat Diop n’exclut pas non plus d’ester en justice.
Lat Diop ne compte pas passer l’éponge sur le rapport d’expertise comptable déposé par Babacar Ndiaye et qui, il faut le souligner, lui a porté préjudice, à lui, mais également à El Hadji Djiby Ndiaye et Ibrahima Ndao. Ces deux derniers ont été convoqués devant le magistrat instructeur avant d’être libérés, après qu’ils ont présenté des documents convaincants, alors que l’ancien Directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) a fait l’objet d’une nouvelle inculpation à la suite d’un réquisitoire supplétif du Procureur financier. Or, selon l’ancien Dg de la Lonase, il y a des manquements graves, aussi bien dans le fond que dans la forme, dans le travail de l’expert. Du coup, par le biais de ses conseils, il a saisi le président de l’Ordre national des experts-comptables et comptables agrées du Sénégal (Onecca), Mor Dieng, par courrier, pour se plaindre du travail de leur confrère.
Les griefs portés contre le rapport de l’expert Babacar Ndiaye
Les reproches faits contre les conclusions de l’expert-comptable portent d’abord sur la forme. Dans la lettre envoyée au président Mor Dieng, les conseils soutiennent, en effet, que le «rapport d’expertise contient une tare congénitale en ce qu’il n’est pas contradictoire». En clair, l’homme de l’art, dans l’exercice de la mission qui lui a été confiée par le juge d’instruction, qui porte sur la gestion de Lat Diop à la Lonase dans la période d’avril 2021 à septembre 2023, n’a pas respecté le principe du contradictoire, alors que cela constitue un point fondamental pour donner une crédibilité à son rapport. L’expert a fait, selon la défense, des «affirmations» et «s’est empressé» de déposer son rapport sans confronter ses constatations à Lat Diop.
Les manquements sur le fond
Les manquements sont plus graves sur le fond, selon les avocats. Avec une mission bien précise, l’expert s’est permis d’aller au-delà. Il a évoqué la période où Lat Diop était directeur au ministère des Finances en soutenant qu’au cours de cette période, il a reçu du Trésor des virements en guise de salaires d’avril à juillet 2020 soit 3.660.260 F Cfa «indument perçus», alors que ça n’entre pas dans le cadre de sa mission et cela ne concerne pas la Lonase. Toujours dans les griefs portés au rapport de Babacar Ndiaye, les avocats soutiennent que ce dernier, sur la question des 300 millions au profit de l’avocat Me Papa Omar Diallo, écrit que «les paiements ont été effectués et aucun contrat ne lui a été présenté». Ce, tout en joignant une convention entre la Lonase et l’avocat.
Selon les conseils de Lat Diop, «l’expert a omis sciemment de préciser dans son rapport que la prestation effectuée par Maître Papa Omar Diallo, rentrait bien dans le champ d’application de la convention». A en croire la défense de Lat Diop, bien que la convention ait été dénoncée ultérieurement, les prestations ont été effectuées pendant que le contrat était en vigueur. «Au demeurant, il ressort de l’économie de son rapport, qu’il s’agit d’un document visant à incriminer Lat Diop», mentionne encore la défense à l’attention du président de l’Onecca Sénégal. Les avocats dénoncent un «rapport unilatéral» qui n’est donc pas contradictoire et qui «truffé d’affirmations inexactes». La défense de Lat Diop attire, par ailleurs, l’attention du président qu’elle n’exclut pas de saisir les juridictions.
Alassane DRAME













