L’Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur (Anaq-Sup) a annoncé la non-reconnaissance de certains diplômes de doctorat délivrés en dehors du cadre réglementaire. Une décision qui provoque la colère du Cadre unitaire des organisations des établissements privés d’enseignement supérieur (Cudopes), accusant l’instance d’« acharnement ».
L’annonce est tombée comme un couperet, le 7 août 2025, dans un communiqué au ton ferme. L’Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Anaq-Sup) prévient : les doctorats délivrés par des établissements ne respectant pas les dispositions réglementaires ne seront pas reconnus par l’État du Sénégal.
Sont concernés les diplômes de type PhD, doctorat unique ou doctorat d’ingénieur obtenus en dehors des procédures fixées par les décrets n°2012-1116 et n°2021-1790, qui modifient le décret n°2015-582 du 11 mai 2015. Conséquence : ces titres ne donnent pas droit à l’usage légal du grade de docteur, ni sur le plan national ni à l’international.
Un signal d’alerte sur la qualité
Dans son communiqué, l’Anaq-Sup rappelle que l’accréditation des programmes doctoraux est une obligation légale, garante de la crédibilité académique et scientifique du diplôme. L’instance insiste sur le rôle de régulation qu’elle joue, face à une multiplication d’offres de formation parfois en marge des standards exigés.
L’objectif affiché, c’est d’éviter que des candidats ne se retrouvent avec des diplômes dépourvus de reconnaissance officielle, fragilisant ainsi leur insertion professionnelle et leur crédibilité dans les milieux universitaires ou de recherche.
La riposte du Cudopes
Une prise de position qui n’a pas tardé à susciter de vives réactions. Le Cadre unitaire des organisations des établissements privés d’enseignement supérieur (Cudopes) voit dans ce communiqué une attaque injustifiée.
Son président, Jean-Marie Seine, ne mâche pas ses mots. « L’accréditation intervient trois ans après la sortie de la première promotion. À partir de ce moment, on peut dire que l’Anaq-Sup donne l’accréditation. Ce qui ne veut pas dire que l’État du Sénégal ne reconnaît pas ces diplômes, car c’est l’État qui a délivré l’agrément provisoire pour que l’établissement puisse fonctionner ». Pour lui, le secteur privé est « constamment diabolisé », « il faudrait que l’Anaq-Sup arrête l’acharnement sur les établissements d’enseignement supérieur privés. Nous sommes des Sénégalais qui entreprenons dans l’éducation, aux côtés de l’État, et nous respectons les lois et règlements. »
Bras de fer annoncé
Le ton est donné, le Cudopes ne compte pas se contenter d’un communiqué indigné. L’organisation promet une « réponse à la hauteur » dans les prochains jours, laissant planer l’ombre d’un bras de fer institutionnel. En toile de fond, c’est l’épineuse question de la régulation du marché de l’enseignement supérieur qui ressurgit. Entre la volonté des autorités de renforcer les normes académiques et les inquiétudes des acteurs privés sur leur image et leur survie économique, le débat promet d’être animé.
Si l’Anaq-Sup entend défendre la crédibilité du diplôme sénégalais à l’international, les établissements privés, eux, rappellent leur rôle croissant dans l’accueil des étudiants et la diversification de l’offre. Une confrontation d’arguments qui pourrait, à terme, rebattre les cartes de la gouvernance universitaire au Sénégal.
BMS