L’Association des meuniers et industriels du Sénégal (Amis), qui a décidé d’arrêter la production de farine, trouve du répondant. 24 heures après le communiqué de l’Amis, le gouvernement a porté la réplique aux meuniers industriels du Sénégal. Animant hier une conférence de presse, le gouvernement a mis en demeure les meuniers de poursuivre les activités de production dans le respect des prix nouvellement arrêtés. Le gouvernement de prévenir qu’à défaut, il prendra toutes ses responsabilités, «sans exclure aucun marché, afin d'assurer l'approvisionnement correct et régulier du marché». Aussi, «au regard des pratiques commerciales douteuses susvisées», «l'État entreprendra des missions de vérification au niveau de ces minoteries.».
S’ils prévoyaient de verser dans la surenchère pour tordre le bras à l’Etat, en décidant l’arrêt de la production de farine, les meuniers industriels du Sénégal feraient mieux de revenir à la raison. Et pour cause, le gouvernement n’est pas disposé à «céder au chantage». C’est le ministre de l’Industrie et du Commerce Serigne Guèye Diop qui l’a fait savoir lors d’une conférence de presse animée hier à Dakar. «Les meuniers ont été reçus d'abord par le Premier ministre le 17 mai 2024. La délégation était composée des représentants des Grands Moulins du Sénégal, des FKS, des NMA, Olam, Sedima et MDS. Les meuniers étaient ensuite reçus par le ministre de l'Industrie et du Commerce le 19 juin 2024», assure le ministre Diop.
Devant cette situation, le gouvernement regrette la posture de l'Association des meuniers industriels du Sénégal (Amis) qui a, ‘’de façon inattendue et par voie de presse’’, contesté les mesures prises sur la farine et a décidé de suspendre la production et les ventes de farine boulangère avec l'objectif de compromettre l'approvisionnement des ménages en pain. «Le gouvernement du Sénégal condamne fermement cette attitude. A cet égard, il tient à rappeler que la détermination des nouveaux prix de la farine de blé résulte d'analyses techniques et rigoureusement fondées sur une structuration des prix adossée à l'évolution des coûts du marché international ainsi qu'à l'actualisation des autres charges. Il ressort des analyses effectuées par les services compétents qu'il existe des écarts importants sur les coûts d'approvisionnement des meuniers avec des prix CAF (coût, assurance, fret) pouvant varier de 241 euros, c'est-à-dire 150.000 francs Cfa, à plus de 300 euros, c'est-à-dire 200.000 francs Cfa la tonne. Ce qui pourrait s'interpréter comme des surévaluations des charges au profit des sièges ou une minorisation des résultats. Cette situation reflète des pratiques commerciales douteuses, assimilables à des actes anormaux de gestion», dénonce Serigne Guèye Diop.
Ainsi, à titre d'illustration, explique le ministre, «l'entreprise Les Grands Moulins du Sénégal, dans le cadre d'une importation, a chargé sur le même bateau une cargaison en même temps qu'une autre minoterie avec des coûts différents largement supérieurs.» «Sur la période de mars à juin 2024, il apparait que la subvention ne dépasserait pas 225 francs Cfa par sac de 50 kilos. Sur la base des cours à terme projetés à fin 2024, les calculs font ressortir un coût du sac aux alentours de 15.200 francs. Il apparait donc que la subvention ne dépasserait pas 882 francs Cfa par sac de 50 kilos. Par ailleurs, l'examen des états financiers de ces sociétés fait ressortir que les activités de minoterie sont notablement rentables avec, en 2023, des chiffres d'affaires de 110 milliards et des bénéfices variant de 2 milliards à 14 milliards», révèle le ministre.
Des missions de vérification au niveau des minoteries
Au regard de ces considérations, le gouvernement met en demeure les meuniers de poursuivre les activités de production dans le respect des prix nouvellement arrêtés. «A défaut, le gouvernement prendra toutes ses responsabilités, sans exclure aucun marché, afin d'assurer l'approvisionnement correct du marché et régulier», informe le ministre Serigne Guèye Diop, annonçant que des évaluations sont en cours pour prendre en charge les préoccupations liées au stock déjà en place. «Enfin, au regard des pratiques commerciales douteuses susvisées, l'État entreprendra des missions de vérification au niveau de ces minoteries», promet le ministre.
Sidy Djimby NDAO