Il a fallu faire preuve de professionnalisme et surtout de maestria pour la police de Yeumbeul Comico en vue de démanteler le redoutable gang à moto au mécanicien C. Ba, surnommé «Baleine». Deux des quatre membres de la bande, dont le cerveau, ont mordu à l’hameçon des agents de terrain. Ils auraient poignardé à mort le recouvreur-convoyeur de fonds dans une quincaillerie nommé Modou Mbacké, devant chez lui, au quartier Yeumbeul Afia 6 (voir édition du mardi 10 juin dernier),
Ça se corse pour les présumés meurtriers du jeune recouvreur et convoyeur aussi de fonds du nom de Modou Mbacké, avec l’arrestation de deux membres du gang à moto ; une interpellation qui a permis aux policiers de réunir quelques éléments du puzzle et surtout de se faire une religion sur le déroulé de la boucherie contre le défunt.
Modou Mbacké dépouillé puis poignardé à mort, le gang à moto pourchassé
Après l’agression physique mortelle au couteau contre le jeune homme, survenue dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 juin dernier, les deux assaillants rejoignent en vitesse leur acolyte, qui les attendait à bord de sa moto à l’entrée de la ruelle. Ils démarrent et roulent à tombeau ouvert sur la chaussée dans le but de sauver leur peau. Une foule accourt sur la scène de crime et se lance à la poursuite du trio de malfaiteurs.
Un charretier empêche la foule de rattraper les gangsters
Pendant que les voisins se lancent dans une course folle contre les trois gangsters, un individu, identifié plus tard comme un charretier recruté dans ladite quincaillerie pour le transport des marchandises, arrive sur les lieux et se mêle aux poursuivants. Mais, curieusement, il se dresse devant la foule et l’empêche de rattraper les malfaiteurs en fuite à bord de leur moto. Tantôt, il court comme un dératé et fait semblant de pourchasser les agresseurs, tantôt, il traîne les pieds et torpille les efforts de chasse à l’homme des habitants ; une manière subtile de permettre aux voleurs de s’échapper. Ce qui du reste intrigue les jeunes du quartier.
Il est auditionné et placé dans le collimateur des agents de terrain
Des habitants soupçonnent le quidam d’être de mèche avec les agresseurs fugitifs et alertent le chef de service du commissariat d’arrondissement de Yeumbeul Comico. Celui-ci instruit le tuyau et lâche ses éléments de la brigade de recherches aux trousses du suspect. Lequel sera identifié, convoqué au poste, puis soumis au feu roulant des questions des enquêteurs. Face aux agents, le suspect botte en touche les allégations de la foule et clame orbi urbi son innocence. Il sera remis en liberté pour absence d’indices probants et susceptibles d’une inculpation.
Le cocher perdu par le bornage de son téléphone et ses appels avec le gang en fuite
Quoique remis en liberté, le jeune homme reste cependant dans le collimateur des agents. Ces derniers surveillent le suspect comme du lait sur le feu et activent le système de bornage de son téléphone portable. Ils réalisent que ce dernier a émis plusieurs appels téléphoniques sur des numéros de mêmes individus avant, pendant et après l’agression mortelle au couteau contre le recouvreur-convoyeur de fonds.
Il a communiqué avant, pendant et après l’agression mortelle par les malfaiteurs
Face à ces indices, les enquêteurs relancent le rouleau compresseur contre le charretier et le convoquent à nouveau. Ce dernier campe sur sa position antérieure de dénégations véhémentes. Interpellé sur les appels téléphoniques intempestifs sur des numéros de mêmes individus, avant, pendant et après le drame, Il tergiverse, verse dans des explications à dormir debout et s’emmêle les pinceaux. Accablé de questions et confondu dans ses allégations avec des réquisitions à la Sonatel, il craque et accouche. Il revendique son appartenance au gang à moto et déclare avoir participé, de manière passive, au meurtre par agression au couteau contre Modou Mbacké.
Le cocher : «Ils m’ont dit que j’aurai ma part sur les 3.000.000 trouvés dans le sac»
Très en verve, le charretier reconnaît avoir appelé au téléphone le trio de présumés meurtriers, qui lui auraient révélé le montant du butin dans la sacoche du défunt. «Ils (les fugitifs) m’ont dit que la sacoche du défunt contenait la somme de 3.000.000 F Cfa. Ils m’ont ensuite assuré qu’ils allaient me donner ma part du butin», soutient le cocher. Il balancera le cerveau du gang surnommé Baleine, qui exerce le métier de mécanicien moto. Lequel sera piégé, cueilli à froid, puis jeté dans la chambre de sûreté. Il serait le conducteur de moto des malfaiteurs au moment du drame».
Le propriétaire de la quincaillerie conteste le montant de 3 millions F Cfa emporté
En attendant que les deux présumés meurtriers fugitifs de Modou Mbacké passent à la trappe, le charretier nommé M. N, né en 2001, et son acolyte de mécano-moto, C. Ba, alias Baleine, défilent encore devant les enquêteurs. Le propriétaire de la quincaillerie conteste le montant de 3 millions de francs Cfa contenus dans la sacoche, qui a été emportée par les brigands. Il déclare que ladite sacoche contenait plus que ça. Ce qui pourrait se vérifier facilement au niveau des partenaires auprès de qui le défunt a fait les recouvrements.
Vieux Père NDIAYE
Modou Mbacké perdu par sa propension au paraître ?
Recruté comme un recouvreur-convoyeur de fonds dans la quincaillerie de son oncle, Abdou Aziz Diop, très connu dans la banlieue dakaroise, Modou Mbacké est dépeint comme un frimeur doublé d’un accroc aux signes extérieurs de richesse. Il adore développer un sens aigu de l’exhibitionnisme et aime jouer aussi au Don Juan. «Il a l’habitude de se mettre sur son 31 et surtout de brasser des liasses de billets de banque devant la foule. Ce qui suscite tout le temps une jalousie morbide chez les gens, tel le sang attire les fauves ou les requins dans la mer. «Il aime également se donner trop d’importance. Il fait le tour des différents partenaires de la quincaillerie de son oncle pour recouvrer les fonds, puis les convoie à la banque. D’où son sobriquet de recouvreur-convoyeur de fonds», soutiennent nos interlocuteurs.
Le recouvreur-convoyeur de fonds «vendu» au gang, le charretier indexé
L’enquête préliminaire de police a confirmé « Les Echos » (voir édition du mardi dernier). Votre serviteur évoquait la probabilité d’un complot suivi d’un guet-apens contre le défunt ; une embuscade montée de toutes pièces par un ou des connaissances, ou des collègues du recouvreur-convoyeur de fonds. «C’est le nommé M. N, charretier dans la quincaillerie en question, qui a livré Modou Mbacké aux malfaiteurs. Sachant que celui-ci détenait par-devers lui la recette journalière, il a vendu la mèche au gang à moto, qui a dû guetter la fin de journée de travail du jeune homme dans les parages de la quincaillerie, pour ensuite prendre celui-ci en filature, puis le détrousser».
V. P. NDIAYE
D’une simple agression à la pompe asphyxiante au meurtre par couteau
C’est à croire que le plan A du gang à moto a vite tourné en eau de boudin. Car, l’option première des malfaiteurs consistait à pulvériser une pompe asphyxiante au recouvreur-convoyeur de fonds de la quincaillerie, avant de lui arracher la sacoche contenant de l’argent, puis disparaître dans la nature à bord de leur engin à deux roues. Mais, comme ça se passe souvent dans les gangs, il y a parfois des éléments qui peinent à contenir leurs pulsions au moment de dérouler le plan. Ce fut le cas dans l’agression au couteau contre Modou Mbacké. «Nous n’avions pas l’intention de tuer Modou Mbacké. On a juste voulu l’éblouir avec une pompe asphyxiante, puis lui arracher la sacoche», indiquent les deux mis en cause. Et de poursuivre, «un des deux assaillants en fuite a hélas disjoncté et asséné plusieurs coups de couteau à Modou Mbacké, histoire de le contraindre à lâcher sa sacoche. Ceci, avant que l’on ne soit surpris sur les lieux, puis envahi par le voisinage qui commençait à venir aux nouvelles en masse».
V. P. NDIAYE












